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©Nabil Benyoucef

Majid, Yacine, Samir : les trois héros de Tarare se confient

Après l'acte de courage dont ils ont fait preuve, Majid, Yacine et Samir, les héros de Tarare, reviennent pour Lyon Capitale sur une semaine entre interview et popularité.

A Tarare, les trois adolescents accueillent les médias en toute simplicité dans la maison de l'un deux, Majid. Sa mère offre du thé et des pâtisseries marocaines pendant qu'ils racontent pour la centième fois leur histoire. Une histoire de héros. L'histoire de Majid Gotte, Yacine Chouidira et Samir Hamidi, trois adolescents de 16, 17 et 18 ans, qui ont sauvé d'un immeuble en feu, dans la nuit de vendredi à samedi, vers une heure du matin, une dizaine de personnes, parmi lesquelles une jeune maman de 27 ans et sa fille de deux ans. Très fatigués par ces derniers jours remplis par les journaux et les télévisions, les trois jeunes hommes racontent leur impression face à la médiatisation.

« D'habitude, c'est vous qui allumez le feu, mais là vous l'avez éteint » dixit un journaliste

Assis sur le canapé, ils tentent d'expliquer le sentiment qu'il ont eu lors de leur intervention. « Sur le coup, on n'a plus pensé qu'aux personnes qui étaient dans l'immeuble et pas à la peur », raconte Yacine. « Moi, j'ai culpabilisé. Je me suis dit que si je ne faisais rien, si les gens mouraient, ça serait de ma faute », continue Samir. La tête bien sur les épaules, Majid, Yacine et Samir n'ont pas vraiment l'impression d'être des héros. Pour eux, leur geste était normal. Alors la grande médiatisation de leur exploit les dépasse un peu. « Pour l'instant, on ne se rend pas bien compte de notre popularité, ça fait bizarre », commente Yacine. « Cela change de notre quotidien. On ne pensait pas que ça allait faire autant le « buzz ». Il y a eu TF1, M6, RMC, France 2, Le Progrès, etc...C'est peut-être un peu trop. C’était normal pour nous de le faire », approuve Samir.

Les trois garçons auraient même préféré que cette médiatisation reste discrète. Mais ils savent que cela ne dure pas, alors autant en profiter un maximum. « Cela me saoule un peu », avoue Majid, « mais bon, une fois que c’est parti, c’est parti. Et puis, c'est tant mieux pour nous. Cela montre que tous les jeunes d’origine arabe ne sont pas des délinquants, des casseurs ou des racailles », juge Majid. Les adolescents en profitent donc pour faire passer un message : « non, tous les jeunes d'origine maghrébine ne sont pas des voyous ». Des clichés qui ont apparemment du mal à disparaître. « Un journaliste m’a dit, texto : d’habitude, c’est vous qui allumez le feu, mais là vous l’avez éteint », raconte Yacine, choqué du commentaire. « Après il y en aura toujours qui penseront comme ça », rajoute-t-il, fataliste.

Lenteur des pompiers

Mais ce que regrettent vraiment les trois adolescents, c'est avant tout la lenteur des pompiers. « Ils ont bien mis une vingtaine de minutes à arriver », se désole Majid. 20 minutes, le temps pour que l'appel soit envoyé sur Lyon, et qu'après vérification des faits, une équipe de pompiers volontaires arrive sur place. Un temps précieux lorsqu'il s'agit de sauver des vies. Surtout lorsqu'aucun moyen n'est à disposition pour éteindre l'incendie.

« Dans l’immeuble, il n’y avait pas d’extincteur et pas d’issue de secours. Et si il n’y avait pas eu de court-circuit à cause du feu, on n’aurait jamais pu entrer », révèle Majid. C'est un locataire et son fils, qui disposait d'un extincteur dans sa voiture, qui les ont aidés à atténuer le feu avant l'arrivée des pompiers.

Un pour tous, tous pour un

Les trois jeunes hommes ont un autre regret, surtout Majid. Très médiatisé par le sauvetage de la petite fille de deux ans et de sa mère, il déplore que les journalistes passent à coté des actions de ses amis. « On leur à dit que Yacine et Samir avaient sorti toutes les autres personnes de l'immeuble avec l'aide de deux locataires, mais à chaque fois ils ne parlent que de moi... ». « Des fois, ils écrivent sur Majid et Yacine, d'autres sur moi et Majid. Ou encore de nous trois. Cela dépend », précise Samir.

Ce mercredi 2 juin, Majid, Yacine et Samir ont été reçus à la mairie de Tarare pour recevoir la médaille de la ville. Une médaille seulement pour Majid. « Pour l'expliquer, ils nous ont dit que c’était fait un peu à la va vite », sourit Yacine, « mais bon, on va pas se plaindre, c'est déjà bien qu'on parle de nous ! », « Oui mais c’est quand même mieux d'être tous les trois », ne décolère pas Majid. « Les journaux médiatisent le cas le plus grave, mais il y avait tous les autres locataires dans l’immeuble, il ne faut pas les oublier. Et sans Yacine et Samir, il aurait pu y avoir des morts ». Ce vendredi 4 juin, Majid Gotte, Yacine Chouidira et Samir Hamidi ont reçu la médaille d'acte de courage et de bravoure de la main du préfet du Rhône.

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