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© Robin Favier

Lyon : la 4G dans le métro devient un argument de campagne

Le réseau métro lyonnais est une immense zone blanche au cœur de la ville où il est impossible de surfer sur Internet avec son téléphone mobile. Les candidats Gérard Collomb (PS) et Michel Havard (UMP) veulent tous les deux mettre fin à cette situation, avec plus ou moins de conviction.

Dans un univers hyperconnecté, les plus grandes villes du monde comme Paris ou Tokyo ont des lignes de métro équipées en antennes 3G ou 4G. Ces dernières permettent de surfer sur Internet ou de passer des appels (quand cela est autorisé). À Paris, l’opérateur SFR a gagné ce marché public et peut donc louer son réseau aux autres opérateurs. À Lyon, pour l'instant, il n'est toujours pas possible d'utiliser les fonctions connectées de son smartphone dans le métro. Cette absence s’est fait remarquer lors des pannes à répétition de la ligne D en 2013. En effet, impossible de prévenir son employeur lorsque les rames étaient coincées au milieu des tunnels. De plus, la présence de la 3G/4G à cette époque aurait pu permettre aux voyageurs d’être informés de la situation via leur mobile, faute de communication dans les rames.

Des applications non accessibles dans le métro

Sans réseau dans le métro il est également impossible d’utiliser les applications censées faciliter la mobilité comme celles des TCL, AllBikesNow (Vélo’V), Bluely ou bien encore le navigateur prédictif Optimod qui arrivera cette année. En octobre 2013, nous soulevions déjà les limites du projet Optimod dans le contexte actuel : "Ce navigateur révolutionnaire pour smartphone, qui sera lancé avant la fin de l'année, est capable de prévoir les bouchons et de conseiller le meilleur itinéraire et les moyens de transport les plus efficaces. Concrètement, un Lyonnais à Bellecour qui souhaiterait se rendre à Vaise pourra interroger Optimod qui lui dira s'il doit prendre le métro, un bus, la voiture ou un vélo, le tout en fonction de la circulation actuelle, mais aussi à venir. Cependant, il y a une limite : si ce même Lyonnais se retrouve dans la même situation sur le quai de la station métro B à la Part-Dieu, il ne pourra tout simplement pas interroger Optimod."

La 4G : argument de campagne

Le candidat PS, Gérard Collomb, comme celui de l'UMP, Michel Havard, proposent tous les deux de mettre du wifi et de la 4G dans le métro lyonnais, mais pas forcément de la même manière. En effet, alors que Michel Havard veut couvrir l'intégralité des tunnels, Gérard Collomb ne propose que d'équiper les stations en 4G et wifi. Il promet de commencer par Bellecour, Hôtel-de-Ville et Charpennes. Pour expliquer cette volonté de ne pas mettre la 4G partout, Gérard Collomb invoque deux arguments : “éviter que les usagers soient exposés aux ondes en permanence”, mais aussi “pour que les passagers ne soient pas gênés par ceux qui décideraient de passer des appels dans les rames”. Bien que la première affirmation peut s'entendre, la seconde témoigne d'un manque d'information sur la question. En effet, dans les bus ou trams, rares sont les passagers à appeler avec leur mobile. Les choses se sont régulées d'elles-mêmes avec le temps. Par ailleurs, les usages vocaux tendent à diminuer sur smartphone, au profit de l'explosion de l'Internet mobile. Enfin, dans le pire des cas, les opérateurs pourraient tout simplement bloquer ces appels vocaux qui semblent tant déranger et ne permettre que l’utilisation d'Internet.

Une demi-promesse

Avec cette demi-promesse, Gérard Collomb ne prend ainsi pas beaucoup de risque et ne se met pas à dos ceux qui ont peur des ondes. Par ailleurs, le choix d'équiper en priorité les stations de Bellecour, Hôtel-de-Ville et Charpennes ne changera pas la donne. En effet, ces trois arrêts font déjà partie des rares où il est possible de capter parfois le réseau de la surface et d'utiliser son mobile (sans que les gens abusent de ce droit pour passer des conversations téléphoniques et gêner les autres). Équiper simplement les stations ne servira pas à grand-chose en soi. L'idée d'une ville connectée et donc plus intelligente engendre forcément l’obligation de maintenir le réseau mobile dans l'intégralité du métro. Le temps d'attente en station reste inférieur à celui passé dans les rames. C'est donc bien là que la 4G serait le plus utile pour consulter les applications TCL et Optimod, à moins que les passagers ne préfèrent surfer sur Internet ou discuter en silence par SMS.

Le wifi : peu intéressant pour le métro

Enfin, l'idée d'installer le wifi dans le métro, défendue par Michel Havard comme par Gérard Collomb, est elle aussi inutile. Contrairement aux gares, où il a trouvé son intérêt, ce système de connexion sans fil n'est pas adapté aux stations, pour des raisons de temps d'attente faible et de praticité. En effet, il faut faire l'effort de se connecter à un wifi public. Par ailleurs, on imagine mal la ville de Lyon proposer un service de ce type sans demander à l'utilisateur d'accepter des conditions générales sur un portail Web. Cette étape obligatoire légalement fera perdre un peu plus de temps, dans un contexte où la priorité est bien de prendre le prochain métro. Par conséquent, les bornes wifi seraient bien plus utiles dans des lieux publics largement fréquentés par les touristes, comme la place Bellecour ou Saint-Jean. De même, autant ne pas mettre de réseau 4G dans le métro si ce n'est que pour couvrir les stations. Il s'agirait surtout d'un coup de communication et en aucun cas d'un choix cohérent avec les usages des "smart citizens", citoyens intelligents qui peuplent la métropole du même nom.

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