Renaud Payre, Bruno Bernard, Sandrine Runel, Grégory Doucet et Nathalie Perrin-Gilbert © EELV

Lyon et métropole : EELV et ses alliés se présentent comme le camp “de la responsabilité”

Lors d'une conférence de presse organisée ce mercredi matin, Grégory Doucet et Bruno Bernard (EELV), arrivés en tête à Lyon et dans la métropole lors du premier tour des élections, ont officialisé leur accord avec la Gauche Unie et Lyon en commun. Ils forment désormais une large coalition de gauche résolument “anti-Collomb”.

Les élus EELV, La Gauche unie et Lyon en Commun se sont retrouvés ce mercredi pour la première conférence de presse de second tour des élections municipales et métropolitaines. Une coalition de gauche qui a réuni le Gram canal historique (Renaud Payre et Nathalie Perrin-Gilbert) pourtant fâchés depuis le dernier mandat, et ressuscité le projet Madame Z (lire ici). C'est d'ailleurs à l'opposé l'un de l'autre que la maire du 1er arrondissement et le directeur de Sciences Po Lyon se sont présentés. Distanciation sociale oblige, sûrement.

Politiquement, tous assurent que le pas n'a pas été difficile à franchir pour trouver un accord commun. “Leurs programmes politiques étaient très proches du nôtre”, concède Bruno Bernard. Nathalie Perrin-Gilbert et Renaud Payre assurent que les négociations ont été simples. “Je n'ai pas eu l'impression de sacrifier quoi que ce soit sur l'autel de l’écologie. Je retrouve des valeurs que l'on a en commun, notamment sur le social. Le tout est supérieur à la somme de ses parties. Nous sommes des femmes et des hommes qui avons décidé de nous engager pour proposer à Lyon un nouveau modèle. Je suis dans cet état d'esprit-là”, assure la candidate Lyon en Commun. “Il y a un choix clair entre la droite et le conservatisme et la gauche et l'écologie. Il y a ceux qui regardent la maison brûler et les autres qui parlent de l'écologie dans la responsabilité. On a fait le choix de se dépasser pour les habitants de la métropole et pour proposer une alternative sérieuse”, a ajouté le candidat de la gauche unie.

Des têtes de liste EELV

Côté programme, c'est celui d'EELV qui sera appliqué même si chaque camp se félicite d'avoir obtenu quelques concessions ici ou là sur la culture, le social ou encore les transports. Mais rien qui n'était pas déjà plus au moins dans le plan de mandat proposé par le parti écologiste.

Côté places, la liste Gauche unie a obtenu vingt-trois sièges éligibles à la métropole et Lyon en commun trois au Grand Lyon et sept à la ville. Toutes les têtes de liste seront portées par des candidats écologistes pour la ville de Lyon et douze sur quatorze à la métropole. Michèle Picard sera tête de liste dans la circonscription Portes du sud tout comme Hélène Geoffroy, pourtant candidate de David Kimelfeld, dans celle de Rhône Amont. “Elle votera pour la meilleure solution face à la droite”, a déjà prédit Bruno Bernard.

En renonçant à leurs têtes de liste, Sandrine Runel, Renaud Payre et Nathalie Perrin-Gilbert pourraient se voir offrir en échange des délégations importantes d'adjoint et de vice-président au sein des futurs exécutifs.

Barrages

Gérard Collomb et François-Noël Buffet ont annoncé la couleur lors de l'annonce de leur accord : tout sauf le Vert (et le rouge). “Aujourd'hui je combats les écologistes parce qu'ils ont changé”, avait lancé le maire de Lyon. Une politique de barrage assumée aussi par François-Noël Buffet sur France Info : “L'alliance entre les Verts et l’extrême gauche nous paraît dangereuse”. “L'irresponsabilité c'est eux”, a répondu ce matin Nathalie-Perrin Gilbert. Et de poursuivre: “Nous sommes le camp de la responsabilité. Depuis trois mois, la ville de Lyon est aux abonnés absents sur tous les sujets. Sur les crèches ce sont les mairies d'arrondissement qui gèrent. Sur les questions de sécurité dans l'espace public, il n'y a personne pour gérer à la ville. L’Hôtel de Ville a déserté durant cette crise et contrairement à ce qu'ils disent, ils n'assument plus leurs responsabilités”. “La crise du Covid-19 est un des symptômes des bouleversements environnementaux dont nous sommes les témoins. Il y a un appel à agir sur la question du climat et de la biodiversité. Aujourd'hui, gouverner c'est anticiper et prévoir parce que désormais, on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas”, a abondé Grégory Doucet. Cette coalition veut surtout se montrer rassurante sur sa capacité à gérer les deux collectivités. D'expliquer qu'il y a plus de risque de voir arriver des vélos cargo place Bellecour que des chars rouges.

Bruno Bernard, candidat à la métropole, a pointé du doigt “une alliance portée par Gérard Collomb qui ne repose sur aucun projet ou valeur”. “C'est une coalition anti-climat. Ils ont passé le premier tour à vouloir être plus verts que verts et aujourd'hui ils parlent de faire barrage à l'écologie. Je les appelle à venir parler d'idée plutôt que de porter une coalition faite de bric et de broc”, fustige la tête de liste métropolitaine.

David Kimelfeld (presque) absent des débats

Coincé entre deux blocs de poids, David Kimelfeld n'a plus qu'un couloir étroit pour porter son programme. Lors de cette conférence de presse, son cas n’a que peu été évoqué par les candidats présents. “Il n'y que deux choix dans cette élection”, a martelé Bruno Bernard. Malgré des tentatives de négociation avec EELV, l'accord s'est avéré impossible, a expliqué ce dernier : “Il fallait qu’il (David Kimelfeld, NdlR) vienne sur des bases claires. Déjà en prenant ses distances avec LREM. Son ambition personnelle est d'être président de la métropole. Nous, notre ambition est collective.” Grégory Doucet a lui estimé que le président de la métropole n’allait pas assez loin. “J'ai eu des échanges avec George Képénékian. On a parlé de clarté politique. Oui, on se retrouve sur telle et telle mesure, et heureusement, mais pas quand il s'agit d'agir et de définir l’ampleur de l'action”, a-t-il exprimé. En coulisses, les candidats de La Gauche unie et de Lyon en commun ont aussi poussé pour que l'accord ne se fasse pas.

Seul au centre du jeu, le maire du 4e se démène depuis peu pour conserver son espace en critiquant des écologistes “qui n'ont pas réglé leur rapport à l'entreprise” (lire Le Progrès de ce jour) et un Gérard Collomb qui ne parle pas d’écologie. À l'aube du deuxième tour, David Kimelfeld espère toujours être le roi où a défaut le faiseur de rois. Mais cette coalition de la gauche et des écologistes compte surtout faire sans lui.

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