Les détenus, enfin des citoyens ?

Le projet porté par Rachida Dati ouvre, de l'avis de tous, des améliorations nettes dans l'univers carcéral, en renforçant notamment les droits des détenus. Mais actuellement au point mort au Sénat, il a déjà subi des modifications dont la suppression d'un revenu minimum. Cette première coupe prouve la difficulté politique à se positionner de façon nette sur les droits des prisonniers, et dont la société souhaite se protéger. (Article paru dans l'édition de mai de Lyon Capitale)

L'une des avancées majeures de la loi ouvre la possibilité pour le détenu de se domicilier à la prison. "C'est fondamental, cela leur permet d'accéder à de nombreux droits, civiques avec le vote, et sociaux avec la formation. Ils vont pouvoir devenir de véritables citoyens alors qu'ils n'étaient que des numéros d'écrou", détaille Eric Jaillat, directeur de l'association Accès libre. A Corbas, les cabines téléphoniques pour appeler les familles et les proches, n'attendent plus que la loi pour fonctionner. La loi pénitentiaire prévoit aussi une permanence d'accès aux soins le soir et le week-end.

Mais pour nombre d'observateurs, cette loi, encore en stand by, ne va pas suffisamment loin, dans les droits accordés au détenu, comme celui, tabou, du plaisir. Le Contrôleur général des prisons résume un état d'esprit dont il semble difficile de se départir : "mais après tout c'est bien normal qu'on traite les prisonniers comme ça puisqu'ils ont traité leurs victimes de façon ignominieuse". Ce à quoi il répond : "ce n'est pas le propre de la démocratie de faire souffrir les gens comme les criminels font souffrir leur victime. Plus on broie les gens en détention, plus ils ont de chances de récidiver."

Justice et vengeance
Lorsque l'on consulte les sondages, on constate que l'opinion publique demande plus de sévérité, considérant que les juges ne prononcent pas des peines à la hauteur des dommages subis par les victimes et leur famille. Le danger de ce type de ressenti est de finir par confondre vengeance et justice, une pente sur laquelle Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de glisser depuis son élection, s'exprimant quasiment systématiquement au nom des victimes devant la presse, à la suite de faits divers.

De ce fait, les prisons continuent à se remplir. Finalement, il est probable que la loi ne sera pas présentée par Rachida Dati, sur le départ. Et pour plusieurs responsables associatifs, il est même probable qu'elle ne soit pas présentée du tout. (ndlr : cet article a été rédigé avant le départ de Rachida Dati de son poste de Garde des Sceaux)

Photo : Fabrice Caterini - Notre dossier complet sur les prisons en cliquant ici lien

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