Lyon vue du ciel © P Laplace

"L'éventreur" : quand un tueur en série terrorisait Lyon et le sud-est

Histoire de Lyon - À la fin du XIXe siècle, Londres est terrorisé par le spectre de Jack l’éventreur. Dans le sud-est de la France, un homme tue et viole, lui aussi, en série. Cependant, contrairement à son homologue londonien, il sera identifié et arrêté par la police.

Tout comme l'Angleterre, la France a connu elle aussi son "Jack l’éventreur" à la fin du XIXe siècle. À partir de 1894 et pendant plus de trois ans, une cinquantaine de victimes vont être recensées dans le sud-est de la France avant qu'un homme soit arrêté : Joseph Vacher. Il ne reconnaîtra que onze meurtres. L'obstination d'un juge permettra de mettre fin à ses massacres en série.

Né en 1869, Joseph Vacher aurait déjà fait preuve de sadisme envers les animaux. À 14 ans, il s'occupe de quelques tâches quotidiennes chez les frères maristes à Saint-Genis-Laval, près de Lyon. Il prend une première fois les routes, va en Savoie, en Isère. À proximité de ce premier parcours, on recense déjà des victimes mutilées, sans preuve qu'il s'agit de ses premiers meurtres. Il parvient ensuite à devenir sergent dans l’armée, malgré les réticences de certains de ses supérieurs.

En 1893, il demande en mariage Louise Barrand, qui se refuse à lui. Vacher tente d’assassiner la jeune femme avec un pistolet puis retourne l’arme contre lui et se tire deux balles dans la tête. Les deux survivent, mais Vacher gardera des séquelles physiques à vie : son visage est partiellement paralysé du côté droit, il affiche un rictus permanent, ses yeux resteront injectés de sang. Réformé, il est envoyé dans un asile, d’où il s’échappe peu de temps après son internement. Moins d’un an plus tard, il est considéré par les médecins comme guéri, Joseph Vacher prend la route, le vagabond va laisser de nombreuses victimes derrière lui.

L'obstination d'un juge

Source : bibliothèque de la ville de Lyon

En mai 1894, il croise Eugénie Delomme à Beaurepaire dans l'Isère et l’assassine, mutilant et violant la jeune femme de 21 ans. Pendant trois ans, il vagabondera dans toute la France à la recherche de victimes, souvent des bergers de 13-14 ans. La paranoïa s'installe dans le sud-est de la France. Dans certains villages, certains échappent de peu au lynchage, accusés d'être le tueur qui rode depuis plusieurs mois. Les voisins s’accusent mutuellement, les inconnus qui sont passés par un village où il y a eu une victime font des coupables parfaits. Paradoxalement, Vacher ne sera pourtant pas arrêté pour ces faits. À l'automne 1897, Joseph Vacher est interpellé en Ardèche pour outrage public à la pudeur. Il est condamné à Tournon à trois mois de prison avec sursis. Personne ne se doute alors qu'ils ont arrêté un tueur en série.

Personne, sauf le juge Émile Fourquet. En poste dans l'Ain, il a été marqué en 1895 par le meurtre atroce du jeune Victor Portalier, il est persuadé qu’un seul homme sévit dans le sud-est de la France, violant après avoir mutilé puis tué ses victimes, les marquant d’une croix au couteau. Émile Fourquet recoupe plusieurs meurtres et compile divers signalements sur le suspect. Les éléments coïncident : Vacher est l’homme qu’il recherche. Il le fait transférer à Belley dans l'Ain et va parvenir à lui faire avouer douze meurtres.

Vacher contre Lacassagne

Le 25 octobre 1897, selon les instructions données par le tueur, des ossements sont retrouvés dans un puits à Tassin-la-Demi-Lune, mais l’identité de la victime reste incertaine. Le procès débute le 14 juin 1898. Vacher tente de se faire passer pour fou : il arbore une pancarte mentionnant qu’il a deux balles dans la tête et affirme qu’il ne contrôle pas ses actes, agissant sous le coup de pulsions. S’il parvient à convaincre le tribunal de sa folie, il retournera à l’asile. Le docteur Lacassagne, père de la médecine légale, est appelé à la barre. Selon lui, “Vacher n’est pas aliéné”, mais bien “complètement responsable”. Pour appuyer sa démonstration, l’expert explique que le tueur choisit ses victimes, les observe et attend le moment parfait pour frapper, qu’il agit toujours de la même manière et surtout prend le temps de cacher les preuves de son forfait. Les arguments de la pulsion ou de la folie sont balayés par le médecin lyonnais. Vacher est condamné à mort le 28 octobre 1898 et guillotiné le 31 décembre de la même année. Sur l’échafaud, il se réjouit de s’être fait couper les cheveux. Fin de l’histoire.

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