Prototype de réacteur à sels fondus de la start-up grenobloise Stellaria
Prototype de réacteur à sels fondus de la start-up grenobloise Stellaria

Inédit : Stellaria lance une levée de fonds de 23 millions d'euros pour son projet de réacteur nucléaire innovant

La star-up grenobloise Stellaria annonce une levée de fonds de 23 millions d'euros pour la création d'ici 2035 du 1er réacteur nucléaire à sels fondus et neutrons rapides au monde.

Le 17 juillet 2025, Stellaria, spin-off du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) créée en 2023, et spécialisée dans la conception de petits réacteurs nucléaires, a annoncé le lancement d'une levée de fonds de vingt-trois millions d'euros. Cette demande de financement sera réalisée auprès du fond d'investissement américain At One Ventures et de l'européen Supernova Invest.

Ces deux structures s'ajouteront aux investisseurs historiques de la start-up grenobloise, CEA Investissement, Schneider-Electric, Exergon et Technip Energies. En plus du financement de ces fonds d'investissements, Stellaria pourra également compter sur une aide de dix millions d'euros venant de l'Etat. La start-up bénéficie de cette subvention en tant que lauréat de l’appel à projets « Réacteurs innovants » du plan France 2030.

Les co-fondateurs de Stellaria : Guillaume Campioni (CEA), Lucas Tardieu (CEA) et Nicolas Breyton (Schneider Electric) ©Stellaria

Un financement important pour un projet d'envergure

Si Stellaria requiert un financement aussi important, c'est que pour créer son réacteur nucléaire (dit de quatrième généraion), l'entreprise doit employer les grands moyens. Pour cette initiative, elle doit réaliser des études techniques auxquelles s'ajoutent d'autres études règlementaires. Celles-ci devraient permettre de produire un premier réacteur nucléaire à sels fondus permettant une réaction de fission d'ici 2029. Pour mener à bien cette première étape, Stellaria souhaiterait doubler ses effectifs.

Une fois ce premier appareil confectionné, Stellaria devrait pouvoir enrichir son laboratoire de recherche et ses collaborations scientifiques et industrielles. Egalement, cela lui permettra de pouvoir demander les autorisations nécessaires à la poursuite de ce projet. In fine, Stellaria devrait pouvoir produire le premier réacteur nucléaire à sels fondus et neutrons rapides au monde d’ici 2035.

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Le Stellarium, un réacteur nucléaire vraiment innovant

La start-up grenobloise ambitionne qu'une paire de ses réacteurs nucléaires, nommés Stellarium, puisse fournir jusqu'à 400 000 habitants en électricité. Aussi, ce réacteur devrait avoir une autonomie de vingt ans. Et ce, en utilisant des combustibles issus des déchets des autres centrales, ce qui permettrait à la France d'avoir assez de réserves d'uranium et de polonium pour les 5000 prochaines années. Le tout en étant l'une des technologies les plus sécurisées du marché.

Nous avons investi parce que Stellaria s’attaque aux principaux verrous techniques et économiques qui freinent le nucléaire : le coût, la complexité et les déchets
 Laurie Menoud, associée chez At One Ventures et investisseur principal

Si ce réacteur semble si novateur, c'est qu'il se base non pas sur une, mais bien deux technologies novatrices. Cet engin sera non seulement un réacteur à sels fondus (RSF), ce qui signifie que le combustible nucléaire qui est utilisé est sous forme liquide, mais également un réacteur à neutrons rapides (RNR), dans lequel on ne ralentit donc pas les neutrons à l'origine de la fission nucléaire. Ces technologies permettent entre autres de produire moins de déchets nucléaires de haute activité et d'utiliser des éléments que les centrales classiques ne peuvent exploiter. Le fait d'utiliser ce type d'appareil pourrait permettre de revaloriser les déchets des réacteurs à eau pressurisée (REP) (plus classiques) et d'exploiter de nouveaux éléments comme le thorium, bien plus présent à l'état naturel que l'uranium.

Le fait de pouvoir utiliser de nouveaux éléments ouvre la voie vers la surgénération, qui permet au réacteur de s'auto-alimenter. Aujourd'hui, Stellaria espère que son réacteur puisse produire autant qu'il consomme et ainsi fonctionner vingt ans sans recharge.

Leur réacteur offre un faible CAPEX et LCOE, une sûreté passive avec un refroidissement en 72h, une flexibilité sur les combustibles et une montée en puissance rapide, explique Laurie Menoud, associée chez At One Ventures et investisseur principal. Ajoutez à cela un environnement réglementaire favorable en France et une implication stratégique dès les premières étapes, et Stellaria se démarque. C’est exactement le type d’impact planétaire que nous recherchons : une énergie propre, pilotable, construite plus vite, installable au plus près des besoins et exploitée de façon plus sûre. Stellaria ne construit pas seulement un réacteur, elle construit l’avenir de l’énergie nucléaire.“

Image de coupe du réacteur Stellarium ©Stellaria

Un réacteur nucléaire qui se veut très sécurisé

La start-up souhaite faire du Stellarium "le réacteur le plus sûr du marché, en toutes circonstances". Pour cela, le réacteur est muni de quatre barrières de confinement et est installé sous le sol. De plus, en tant que RSF, ce réacteur présente moins de contraintes mécaniques qu'un REP et dispose d'un dispositif de sûreté passive qui stoppe la réaction nucléaire en cas de surchauffe. Cependant, il convient de rappeler que ce sont des technologies sur lesquelles nous avons peu de recule. Comme le spécifie l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), "Les analyses des scénarios d’accidents potentiels spécifiques aux RSF sont généralement peu connues, et il faut mener davantage d’expériences et d’essais de démonstration de la sûreté."

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