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Handicap International : "On a besoin d'un soutien clair de la population"

INTERVIEW – L'ONG lyonnaise présente dans 63 pays dans le monde, invite une nouvelle fois les Lyonnais, ce samedi 24 septembre, à ériger une pyramide de chaussures, symbole du combat contre les mines antipersonnel et les Bombes à sous munition et du soutien aux victimes. Jean-Marc Boivin, Directeur général de l'association témoigne qu'il reste encore beaucoup à faire pour éradiquer ce fléau.

Lyon Capitale : Vous invitez les Lyonnais à agir une nouvelle fois contre les mines anti-personnel et les bombes à sous-munition (BASM) ce 24 septembre. Cela signifie-t-il qu'il reste beaucoup à faire en la matière malgré les traités internationaux d'Ottawa en 1997 et d'Oslo en 2008 qui interdisent ce type d'armes ?

Jean-Marc Boivin : Les gens sont appelés, samedi, à déposer une paire de chaussures, mais également à signer la pétition grâce à laquelle nous renouvelons nos appels à l'Etat français. C'est important en effet. Il faut qu'il assure ses engagements dans le cadre des traités internationaux et œuvre pour que les Etats qui n'ont pas signé les traités d'interdiction le fasse. Il faut aussi qu'il mette les moyens financier sur lesquels il s'est engagé dans le cadre de ces traités pour aider les pays qui sont contaminés par la présence d'armes à sous-munitions, notamment la Bosnie, en Europe du sud. Les stocks français de ce type d'armes ont été détruits mais les moyens financiers manquent popur agir au niveau international. La France est extrêmement mal placée à ce niveau là. Elle a dépensé 3,2 millions d'euros en 2009 pour dépolluer la planète de ces armes, contre 17 millions investis par l'Allemagne et 18 millions par l'Angleterre. On est très en deçà des Etats de même niveau économique en Europe.

La guerre en Lybie a coûté un million d'euros par jour à l'Etat selon certaines sources, ce qui montre bien que lorsqu'on a besoin d'argent on le trouve. Mais nous savons très bien qu'un sujet dont on ne parle pas et un sujet qui tombe aux oubliettes. Donc il nous faudra encore un maximum de signatures cette année pour faire pression sur le gouvernement français et au niveau international. Ces pétitions, c'est notre outil de plaidoyer. On a besoin d'un soutien clair de la population. Il y a encore aujourd'hui dans le monde une victime toutes les deux heures qui saute sur une mine ou une bombe à sous munition. J'aimerais qu'on arrive à plus de 10 000 signature cette année, l'année dernière on était arrivé à ce chiffre à Lyon.

Récemment la guerre en Lybie a-t-elle était propre du point de vue des mines anti-personnel et des armes à sous-munitions ?

Il n'y a pas de guerre propre et lorsque Kadhafi , à la fin de la guerre, à appeler la population à se défendre par elle-même en puisant dans les stocks d'armes du pays, il a mis à disposition de ses troupes tous les moyens disponibles pour « sauver le pays », dont les armes légères, grenades, bombes, mines, etc. On a, depuis, une équipe en Lybie qui fait de la pédagogie auprès de la population pour expliquer le danger de ces armes. Un travail de prévention, sur la partie ouest, près de Bengasi est mené par nos équipes pour expliquer à la population qu'elle ne doit pas s'approcher des débris d'armes, que ceux-ci peuvent exploser à tout moment. Ces armes ont été abandonnées de manière sauvage et les civils vont payer la note, comme toujours. Il faudra, dans un deuxième temps, dépolluer le pays des résidus d'armes non-explosés qu'on trouve un peu partout, il faudra les neutraliser. C'est vraiment l'enjeu de notre pétition de cette année, demander à l'Etat Français d'agir en ce sens. La guerre ne s'arrête pas quand on a signé l'armistice. Elle continue aussi longtemps qu'il y a des résidus de guerre non-explosés, c'est le combat que nous menons depuis 30 ans dans 63 pays du globe. Plus on aura de signatures, plus on pourra inviter l'Etat français à agir. C'est important. Les gens qui ne peuvent pas se déplacer samedi sont invités à signer la pétition sur notre site Internet.

Et la guerre qui se poursuit en Afghanistan, fait-elle des dégâts en matière de mines et d'armes à sous-munitions dans le pays ?

Beaucoup ont été utilisées pendant la guerre soviétique et pendant la guerre américaine. Or les mines ont une durée de vie très longue. Donc il reste beaucoup de travail à faire dans ce pays également. C'est un travail de sensibilisation, nous disons à la population : "attention, ne touchez jamais un objet bizarre qui se trouve sur le terrain" et d'assistance aux victimes, de faire de l'appareillage pour aider les populations blessés à remarcher. Car chaque fois que quelqu'un saute sur une moine, il perd son autonomie physique et souvent son travail, il ne peut plus nourrir sa famille. On est a quelques années de l'objectif du millénaire qui vise à faire baisser de moitié la pauvreté dans le monde. Et on sait que la présence de ces armes est un facteur important de pauvreté, les personnes frappées ne peuvent plus travailler. C'est un frein majeur au développement.

Grâce à leurs dons, que peuvent faire les Lyonnais par le biais de votre association dont le siège est basé à Lyon ?

Nous ne réclamons jamais de dons dans la rue. Par contre, les Lyonnais, pendant la pyramide, peuvent faire des dons sur le stand de Handicap international, place Bellecour ou envoyer un chèque au siège. 37 euros c'est le prix d'un appareillage pour une personne blessée par une mine, les deux tiers des dons sont déduits des impôts.

17e Pyramides de chaussures, samedi 24 septembre, Place Bellecour à Lyon de 10h à 20h.

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