“Trump joue son jeu et il a raison. Quand on voit que l’Angleterre a réussi à négocier 10 % de douane, cela pose de vraies questions sur notre capacité à peser dans ces discussions alors que nous sommes la première zone économique du monde”, déplore Morane Rey-Huet
“Trump joue son jeu et il a raison. Quand on voit que l’Angleterre a réussi à négocier 10 % de douane, cela pose de vraies questions sur notre capacité à peser dans ces discussions alors que nous sommes la première zone économique du monde”, déplore Morane Rey-Huet
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Les 15 % des droits de douane US fragilisent les exportateurs lyonnais

Entre surtaxes américaines et concessions européennes, les entreprises d’Auvergne-Rhône-Alpes paient le prix fort. Enquête.

Quand on a de tels amis, on n’a pas besoin d’ennemis.” C’est ainsi que plusieurs dirigeants de la région lyonnaise accueillent la hausse d’une nouvelle surtaxe américaine sur une large part des produits européens exportés dans le pays de l’Oncle Sam. “Économiquement nous sommes en guerre”, résume Morane Rey-Huet, président des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCE) et du comité Auvergne-Rhône-Alpes. De fait depuis le 7 août dernier, la donne commerciale a changé entre les pays de l’Union européenne et les États-Unis : tous les produits français sont soumis à un droit de douane “réciproque” de 15 %, bien plus que le taux en vigueur, 5 %, auparavant, mais bien moins que les menaces de Donald Trump à 30 % ou 50 %. Certaines ressources sont exemptées comme quelques médicaments, le bois et l’aviation, mais pas les vins et spiritueux. Pour ce qui est des voitures, le taux passe de 2,5 % à 15 %. Un flou demeure sur le sort des produits en acier et aluminium, taxés à 50 % depuis juin dernier, dont le nouveau niveau de taxe n’a pas été tranché. En échange de cet accord, les Européens acceptent qu’une liste de biens industriels américains – lait, soja, porc… – pénètrent leur marché sans aucun droit de douane.

Un choc pour les exportateurs régionaux

Localement le risque d’une chute de l’activité plane sur de nombreuses entreprises du territoire lyonnais. La région AuRA, au deuxième rang national en termes d’export et au premier rang si l’on se concentre sur les seules entreprises industrielles, est particulièrement exposée. Pour mémoire, le marché américain a représenté 5 milliards d’euros de produits exportés de la région AuRA en 2024. C’est la cinquième destination des exportations régionales (9 % du total). L’impact se voit donc déjà dans les chiffres. La chambre de commerce et d’industrie Auvergne-Rhône-Alpes relève une chute des exportations régionales de -7,4 % au premier trimestre sur un an et un recul du chiffre d’affaires export de -5,6 % sur le semestre. “Si on a pu assister à des flux de surstockage pour anticiper ces hausses de droits de douane, cette nouvelle donne internationale a ensuite suscité beaucoup d’attentisme et de révisions de plans parmi les entreprises exportatrices”, expliquent les équipes de la CCI.

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