FULCHIRON VEUT FAIRE LE MENAGE

Il nous livre ses premières mesures.

Lyon Capitale. "Candidat de la rupture", vous êtes président depuis une semaine de Lyon 3. Quelles ont été vos premières décisions ?
Hugues Fulchiron : Je me suis d'abord installé symboliquement à la Manufacture des tabacs, plus près des services et des étudiants, tout en conservant un bureau sur le site historique des quais. Je prépare également le lancement d'un audit sur les finances et sur l'organisation interne de l'université. Non pas pour entamer une chasse aux sorcières mais pour repartir sur des bases nouvelles, en préparant la réforme sur l'autonomie. L'idée n'est pas de faire un chamboulement complet mais de créer une nouvelle dynamique.

L'image de Lyon 3 est plombée par l'affairisme et le négationnisme, que comptez-vous faire pour changer les pratiques ?
On va mettre en pratique les recommandations contenues dans le rapport de la Chambre régionale des comptes. Il faudra absolument faire le ménage, du recrutement à la gestion des services. Concernant le négationnisme, le problème a été très largement traité. Il faut reconnaître que le président Lavorel (le précédent président, ndlr) a pris des positions très claires sur le sujet. Si le problème se posait à nouveau, des signes encore plus fort seraient lancés. Finies les ambiguïtés qu'on a pu avoir. Il n'y a pas de place pour le négationnisme à Lyon 3.

Allez-vous faire table rase du passé ou comptez-vous travailler avec des membres de l'ancienne équipe ?
Il s'agit de faire table rase de certaines pratiques. Mais je suis disposé à travailler avec d'anciens membres de l'équipe sortante dès lors qu'il n'y a aucun doute sur leurs pratiques. Dans mon équipe il y aura au moins un représentant de l'ancienne équipe, pour notamment assurer la transition. Mais un renouvellement est à opérer.

Les associations étudiantes de gauche se sont réjouies de votre élection. Sont-elles devenues des soutiens encombrants?
Non ! Je pense de toute manière qu'on va assister à une recomposition en interne des groupes et des majorités. Un des gros problèmes est le sentiment de forteresse assiégée que certains ont pu développer pour faire bloc. C'est un mauvais réflexe ! Il n'y a jamais eu de complot contre Lyon 3. Beaucoup de collègues vont certainement se repositionner. J'entends associer l'ensemble des étudiants à la gestion de l'université. Les statuts prévoient deux vice-présidents étudiants. Ils auront un rôle dans le gouvernement de l'université.

Lyon 3 s'est toujours tenu à l'écart de l'Université de Lyon...
Je suis très clair. Il faut que Lyon 3 s'implique pleinement dans l'Université de Lyon. Mais pas à n'importe quelle condition. Il n'y aura plus d'ambiguïtés quant à l'implication de Lyon 3 dans un PRES (Pôle de Recherche et d'Enseignement Supérieur, appelé aussi Université de Lyon, ndlr) à condition de conserver notre autonomie et notre spécificité. On a tout intérêt à mettre les choses en commun, en particulier le logement étudiant, l'orientation, les bibliothèques.

La loi sur l'autonomie est-elle une bonne chose pour Lyon 3 ?
Oui, surtout dans le contexte actuel, car cela va nous aider à reconstruire la gouvernance de l'université. Je souhaite même que Lyon 3 soit l'une des premières universités à passer à l'autonomie. Ensuite, avoir en main le budget global permettra de définir des priorités et d'y affecter les moyens nécessaires. Pour nous, il s'agit de développer Lyon 3 au niveau international. Nous avons l'un des meilleurs réseaux internationaux de France. Nous devons continuer. Maintenant que l'enseignement supérieur et la recherche sont devenus des enjeux mondialisés, il faut aussi développer les réseaux de chercheurs au delà des échanges d'étudiants.

Quelle est votre ambition pour votre université ?
Donner à Lyon 3 la meilleure place, évidemment ! (rire). Nous bénéficions déjà d'une excellente réputation internationale. Mais il faut aller très vite car on peut facilement descendre si on ne prend pas le bon tournant. Par exemple, si nous voulons faire venir des étudiants étrangers, nous devons leur proposer des cours en anglais. Il faut arrêter d'opposer systématiquement la francophonie, qui est bien plus que le partage d'une langue, et l'usage, technique, de l'anglais : c'est ainsi que l'on pourra garantir le rayonnement de la culture et de la science françaises.

Comment allez-vous financer ces nouvelles orientations ?
L'augmentation des droits d'inscription n'est pas le remède miracle aux problèmes de l'université. Car elle remet en cause le principe fondamental de l'égalité d'accès à l'enseignement supérieur. Or l'université a le devoir d'accueillir tous les étudiants. Il faut chercher des ressources ailleurs, en développant davantage de coopération avec les milieux économiques : chaires financées par des grandes entreprises, fondations... Ces nouveaux liens permettront de favoriser l'insertion de nos étudiants.

Le premier coup de balais
A peine installé dans son nouveau fauteuil, Hugues Fulchiron a pris une mesure qui a ravi les associations et syndicats de gauche : renvoyer Claude Marsot, l'inamovible secrétaire général. Il était devenu, au fil des années, le symbole d'une université incapable de se réformer, lui qui avait oeuvré sous les présidences Guyot et Lavorel.

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