L’un des stands contrôlés ce mardi matin place Guichard à Lyon par la Direction Départementale de la protection des populations. @VG

Francisation illégale, défaut d'étiquetage : à Lyon, les contrôles sur les marchés se multiplient

Ce mardi matin, un contrôle de la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP) était organisé sur le marché de la place Guichard à Lyon. L'occasion pour les services de l'Etat de rappeler leur volonté d'accentuer les contrôles dans le secteur.

Le jour vient à peine de se lever et les commerçants sont déjà à pied d'œuvre place Guichard, dans le 3e arrondissement de Lyon. Les stands installés, et malgré le froid perçant, les clients apparaissent devant les étales des différents vendeurs de ce marché lyonnais. Mais ce mardi matin, des clients un peu particuliers viennent d'arriver sur la place. Des agents de la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP) sont présents pour effectuer des contrôles.

Le but : déceler les fausses étiquettes, l'absence de provenance des produits ou, pire encore, la francisation illégale de certains fruits et légumes. "Au vu de l'actualité de ces dernières semaines, on a eu comme consigne, de la part du premier ministre, d'accentuer le nombre de contrôles" débute Mathias Tinchant, directeur adjoint de la DDPP. Si en 2023 186 contrôles ont été effectués chez des commerçants (grandes surfaces et marché confondus), pour 29 sanctions prises dans le Rhône, la quinzaine d'agents du service loyauté alimentaire à la DDPP vont, cette année, intensifier leurs contrôles.

Plus de la moitié des contrôles concernés par des anomalies

Déambulant à travers le marché de la place Guichard, les deux inspecteurs de la DDPP enquêtent et questionnent les commerçants. Sur l'étale de David, commerçant depuis une vingtaine d'années, plusieurs indications de provenance des produits manquent. "Je suis vigilant mais parfois, dans le speed, on n'a pas le temps de l'inscrire sur toutes les étiquettes" se défend le vendeur. Même chose en face, sur le stand de Pascal, habitant de Saint-Genis-Laval et revendeur sur la place Guichard depuis de très nombreuses années. "Parfois quand on s'installe et qu'il fait nuit, ça peut nous arriver de nous tromper" tente de se justifier le commerçant alors que l'inspecteur lui fait remarquer que les mandarines, inscrites comme provenant d'Espagne viennent en fait du Maroc.

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"L'année dernière, quasiment la moitié des contrôles que nous avons effectué comportaient des irrégularités" détaille Mathias Tinchant. "Ca peut aller d'une petite anomalie à quelque chose de plus grave. En fonction de la gravité de la faute, les commerçants peuvent être sanctionnés d'une amende de 300 à 1000 euros environ". Une amende qui peut être beaucoup plus importante en cas de francisation illégale d'un produit. "Quand nous retrouvons des fruits ou des légumes qui sont étiquetés comme provenant de France mais qu'en regardant la facture ou le bon de livraison on s'aperçoit que ce n'est pas le cas, on est en face d'une pratique commerciale trompeuse" explique Lena Pouillot, l'une des deux inspectrices présentes ce mardi place Guichard.

La DDPP contrôle ce commerçant au marché de la place Guichard à Lyon. @VG

Jusqu'à 300 000 euros d'amende dans les faits

Un délit passible au maximum de 2 ans de prison et de 300 000 euros d'amende. En réalité, les amendes, dans le pire des cas, peuvent atteindre quelques milliers d'euros. "Ca va dépendre du chiffre d'affaires du commerce, de s'il a déjà été sanctionné par le passé ou encore du nombre de produits concernés" poursuit Lena Pouillot. "Certains aiment jouer avec le feu en indiquant des provenances qui ne sont pas vraies" admet David. "Mais moi je ne le fais pas" remarque-t-il. "Ca n'a pas de sens d'indiquer qu'une courgette vendue en hiver est produite en France alors qu'il n'y a aucune production de courgette en ce moment" estime le commerçant.

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"Savoir d'où viennent les produits, c'est important" avoue Sandrine, habituée de ce marché lyonnais. Cette jeune maman, qui raconte que la provenance du produit la guide dans ses habitudes d'achat, espère que les contrôles vont porter leur fruit : "Si on peut faire en sorte que les tricheurs et ceux qui dupent les consommateurs disparaissent de nos marchés, ça ne sera que bénéfique pour la population".

"Il y a nécessité d'aller plus loin"

"Le but de ces contrôles est vraiment de protéger le consommateur" confirme Vanina Nicoli, préfète secrétaire générale de la préfecture du Rhône. "C'est un sujet qui a toujours été sensible mais on a cette volonté d'intensifier les contrôles car il y a une nécessité d'aller plus loin." Un sujet mis en exergue par la mobilisation agricole depuis quelques semaines. Les agriculteurs, mobilisés un peu partout en France, réclamaient notamment un meilleur contrôle sur la provenance des produits et leur origine. Pour calmer cette colère agricole, Gabriel Attal avait promis la semaine dernière la mise en place d'un "grand plan de contrôle sur la traçabilité des produits".

La provenance des fruits et légumes est l'une des choses contrôlées par la DDPP. @VG

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Ce mardi matin, au cours du contrôle, un stand a été épinglé pour des aubergines et des carottes étiquetées comme étant Française mais qui venaient en réalité d'Espagne et du Maroc. Le commerçant en question, qui a reconnu son erreur, va se voir notifier, après le dressage d'un procès-verbal, le montant de son amende. Il promet qu'il sera "plus vigilant" et que ce contrôle "lui servira de leçon à l'avenir".

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