Fabienne Buccio aux côté d'Arnaud Rousseau et de Xavier Fromont
Fabienne Buccio, préfète du Rhône aux côté d’Arnaud Rousseau, président de la FDSEA du Rhône et Xavier Fromont, porte-parole régional de la Confédération Paysanne en AURA @Romane Chopard

A Lyon, "les agriculteurs sont prêts à se battre pour leur métier"

Ce vendredi, le blocage des agriculteurs sur la M6 près de Dardilly s'est achevé à l'issue d'un congrès exceptionnel de la FDSEA 69 en présence du président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, ainsi que de la préfète du Rhône, Fabienne Buccio. Les agriculteurs veulent, malgré tout, poursuivre la lutte.

Fin du blocage de l'autoroute M6 près de Dardilly. Plus tôt en fin de matinée, un congrès exceptionnel de la FSDEA 69 était organisé sur le point de blocage à Dardilly. Un congrès symbolique qui s’est tenu en présence d’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, ainsi que de la préfète du Rhône, Fabienne Buccio et plus d'une centaine d'agriculteurs.

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"Il appartient à chacun de prendre ses responsabilités"

Au milieu de l'autoroute, en contrebas d'un hyper-marché ou quelques curieux viennent prendre des photos, plusieurs centaines d'agriculteurs sont réunis sur le point de blocage pour ce congrès exceptionnel. Sur l’estrade, construite dans la précipitation, Arnaud Rousseau est revenu sur ce sentiment de colère et d’abandon que ressentent les agriculteurs depuis plusieurs années maintenant. "Depuis des mois déjà on rappelle nos problèmes, on retourne des panneaux… Tout le monde est sur la brèche, fatigué, et on attend qu’une chose : pouvoir retourner sur nos exploitations", a déclaré le président. "Il faut donner une impulsion très forte, donner ce changement de cap attendu pour faire face à cette crise morale que nous traversons, pour questionner l’avenir de notre métier. On a parlé des négociations sur les prix (…), il faut aller beaucoup plus loin et beaucoup plus vite", a encore expliqué Arnaud Rousseau.


"Tout le monde est sur la brèche, fatigué, et on attend qu’une chose : pouvoir retourner sur nos exploitations"

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA


"Les revendications sont connues, sont écrites et transmises aux pouvoirs publics, a continué Arnaud Rousseau, on va arriver à un moment où il appartient à chacun de prendre ses responsabilités", a-t-il conclut devant la représente de l'État.

Arnaud Rousseau sur le blocage de la M6 pour le congrès de la FDSEA69. Photo Clémence Margall

En effet, la préfète du Rhône, Fabienne Buccio, était également présente lors du congrès au cours duquel elle a souhaité réaffirmer son soutien et celui de l’État à la cause des agriculteurs. "On se parle, on n’est pas toujours d’accord, mais on avance. On a compris qu’on avait un intérêt commun qui est le votre. On a besoin de votre agriculture qui est, qu’on se le dise, exceptionnelle, et on a besoin que les agriculteurs puissent vivre de leur métier", a-t-elle déclaré face aux quelques centaines d’agriculteurs présents sur l’autoroute.  

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Les agriculteurs restent mobilisés

Maxime, producteur de lait présent sur le blocage de la M6. Photo Clémence Margall

Parmi la foule d'agriculteurs présents, la détermination reste inchangée. Maxime, producteur de lait dans le Rhône, présent sur la M6 depuis le début avec son frère, souhaite "des réponses de fond." "En France, tout ce qu’on sait faire c’est boucher des trous", explique-t-il, lassé de cette situation. "C’est un problème global et un ras-le-bol qui est exprimé. On nous demande trop de choses, toujours plus alors que l’on est sur un marché libre, en concurrence directe avec des pays qui n’ont pas les mêmes règles que nous", continue-t-il, quelque peu désabusé. Avant d’ajouter, "on a le sujet des prix, mais on a aussi toutes les pressions environnementales. On travaille avec la nature, et même si on veut être dans les règles, et bien pour faire notre métier on est obligé de les enfreindre." 


"On nous demande (...) toujours plus alors que l’on est sur un marché libre, en concurrence directe avec des pays qui n’ont pas les mêmes règles que nous"

Maxime, producteur de lait dans le nord du Rhône


La lassitude et la colère sont d'autant plus fortes qu'il s'agit pour la plupart d'un héritage familial. "Les gens sont déterminés, ça nous touche dans nos tripes. On a hérité nos fermes d’anciennes générations, on aime notre métier et si on arrête, c’est terminé", déplore toujours Maxime. "Les agriculteurs sont prêts à se battre pour leur métier", conclut-il avant de rejoindre sa famille et ses collègues. 

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La suite du mouvement déterminée ce week-end

A l’issue du congrès, Arnaud Rousseau a annoncé que la suite du mouvement dépendra des annonces de Gabriel Attal. "On réunira ensuite les conseils d’administration de nos réseaux, à la fois chez la FNSEA et chez les Jeunes Agriculteurs, pour définir notre communication. Je le redis, mais ce qui est important c’est que le Premier ministre ait compris l’ampleur de ce qui est en train de se passer", a-t-il expliqué avant de conclure "si jamais il n’y a pas de réponse, tout le monde est galvanisé pour continuer et c’est le message que j’ai reçu cinq sur cinq."

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Gabriel Attal veut mettre l'agriculture "au-dessus de tout"

Quelques heures après la levée du blocage sur la M6, Gabriel Attal, depuis Montastruc-de-Salies en Haute-Garonne, a affirmé vouloir mettre l'agriculture "au-dessus de tout". "Je ne suis pas là pour dire aux agriculteurs comment faire leur métier. Ce que je vais faire c’est : déverrouiller, protéger, simplifier" a expliqué le Premier ministre. "Vous avez voulu envoyer un message" a poursuivi Gabriel Attal face à de nombreux agriculteurs. "Le message on l'a reçu 5/5 et on vous a entendu" a-t-il continué, comme pour répondre à Arnaud Rousseau. "La France sans l'agriculture, ce n'est pas la France" a complété Gabriel Attal dans son intervention en forme d'exercice de séduction.

En annonçant notamment la fin de la hausse de la taxe sur le gazole non routier ou encore le lancement d'un "mois de simplification" des procédures et normes, Gabriel Attal a sans doute répondu à une partie des attentes des agriculteurs. Des annonces qui pourraient permettre de faire retomber, au moins en partie, la colère des exploitants agricoles. "On ne vous lâchera pas, je ne vous lâcherais pas" a promis, pour conclure, le Premier ministre.

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