La France et la Suisse ont signé ce jeudi un accord de coopération historique concernant la gestion des eaux du lac Léman, porte du Rhône. Face à la baisse du débit du fleuve, un tel accord était attendu depuis plusieurs années.
Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin et le conseiller fédéral, Albert Rösti ont signé ce jeudi à Genève deux accords pour une coordination renforcée entre la France et la Suisse dans la gestion des eux du Léman et du Rhône. "Cet accord permettra de coopérer avec la France afin de réguler le niveau des eaux du lac, notamment lors de crues ou de sécheresses" indiquait le gouvernement helvétique en août 2023 lorsque les négociations débutaient.
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"Une coordination étroite entre les deux pays pour la gestion des niveaux du lac Léman et sa conséquence sur les eaux du Rhône"
L'accord sur la régularisation des eaux du lac Léman "prévoit une coordination étroite entre les deux pays pour la gestion des niveaux du lac Léman et sa conséquence sur les eaux du Rhône jusqu’à la frontière franco-suisse en cas de situations tendues ou de crises (périodes de sécheresses ou inondations). Cela permettra de préserver les riverains et les usagers des dommages liés à ces eaux", indique le gouvernement suisse dans un communiqué publié ce jeudi.
L'autre accord, relatif à la coopération sur les eaux transfrontalières du Rhône "met en place une commission de coopération bilatérale, qui disposera d'une vue d'ensemble sur les défis et enjeux relatifs à la vie du fleuve et à ses usages", indique de son côté l'ambassade de France en Suisse. Et de conclure : "Ces deux accords traduisent la volonté commune de la France et de la Suisse de faire face aux changements climatiques qui commencent déjà à affecter profondément l'hydrologie du Rhône et du lac Léman."
Pour rappel, depuis toujours, les autorités suisses étaient les uniques arbitres du débit du fleuve à l’embouchure du lac Léman à Genève. Elles seules contrôlent les ouvrages régulant la hauteur du fleuve. Une incongruité historique étonnante puisqu’il n’existe aucune convention entre les deux pays sur la gestion du lac. Pourtant, 40 % de la surface du Léman se trouvent en France, et la part des eaux françaises qui alimentent le lac s’élève à 12 %. L’Agence de l’eau prévoit maintenant une baisse du débit du Rhône jusqu’à -20 % dans les trente prochaines années ; alors qu’il a déjà baissé de 13 % depuis 1960. Chaque goutte compte.
En plus des période de sécheresse, un tel accord était également vital en raison de la multiplication annoncée des épisodes de cures et d'étiages. Avec des risques sur les populations, mais aussi sur les installations nucléaires qui utilisent le fleuve pour alimenter leur système de refroidissement.