La Chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes souligne le rôle décisif des collectivités dans l'éducation.
Plusieurs communes de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont été scrutées de près par la Chambre régionale des comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes. En 2024, l'institution a mené une enquête sur l'accueil des élèves dans les écoles publiques primaires du territoire, en contrôlant 21 collectivités territoriales et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Cette étude vient compléter le rapport national de la Cour des comptes publié en mai 2025, intitulé "L'enseignement primaire — Une organisation en décalage avec les besoins de l'élève".
La CRC a pu chiffrer l'effort financier que représente la compétence scolaire pour les communes : soit entre 12 et 31 % de leur budget de fonctionnement. "Les collectivités ne sont pas logées à la même enseigne", résume Barbara Falk, la présidente de la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes. Entre 2021 et 2023, le coût par élève est ainsi, en moyenne, de 1 950 euros par an.
Les défis du changement climatique et de la démographie
L'enquête met également en lumière plusieurs obstacles rencontrés par les collectivités. Le premier concerne l'adaptation des bâtiments scolaires, parfois décrits comme "vieillissants" ou "hétérogènes", face au changement climatique. La CRC a ainsi réalisé une carte identifiant les écoles les plus exposées aux vagues de chaleur (plus de cinq jours consécutifs avec des températures maximales journalières supérieures à plus de 5 °C à la normale) et aux risques d'inondation.

Autre défi majeur : la baisse de la démographie, qui entraîne une diminution des effectifs scolaires. Un phénomène appelé à s'accentuer, d'après la CRC.
Toutes les collectivités sont également confrontées à un même problème : le recrutement de personnel périscolaire. Ces postes, rarement à temps complet, peinent à attirer. La CRC note des efforts réalisés pour "déprécariser" le poste, notamment en "rationalisant les emplois du temps".
"Les collectivités ne sont pas des acteurs mineurs de l'éducation"
Parmi ses préconisations, la CRC insiste d'abord sur la nécessité de fiabiliser les données financières. Selon elle, beaucoup de communes connaissent mal le coût réel de leur compétence scolaire. "Quand elles achètent des crayons, elles ne savent pas s'ils sont pour le musée, la mairie ou l'école", illustre Barbara Falk.
Elle invite également les collectivités à mieux anticiper les besoins futurs, qu'il s'agisse de rénovation, d'investissements ou d'évolution des capacités d'accueil. Avec la baisse démographique, certaines communes doivent revoir leurs projets. "À Vienne ou à Tassin, les communes étaient parties dans un plan de construction d'écoles. Au final, elles pensent dorénavant davantage à une logique de regroupement et à construire de nouveaux bâtiments en vue d'en fermer d'autres", explique Sébastien Brameret, magistrat financier de la CRC d'Auvergne-Rhône-Alpes.
Enfin, la chambre régionale des comptes souligne l'implication des maires dans l'accueil des élèves du primaire. Les collectivités y consacrent des moyens humains et financiers importants : 19 milliards d'euros au niveau national, contre 20 milliards pour l'État (hors pension des fonctionnaires). "Les collectivités ne sont pas des acteurs mineurs de l'éducation", insiste Barbara Falk.
