L'entretien "Grandes Gueules" de Lyon Capitale avec Cédric Villani, mathématicien et ancien député.
Toujours (r)attaché à Lyon, où il garde un pied pour ses cours et conférences, le génie des mathématiques, Cédric Villani – médaille Fields 2010, l’équivalent du prix Nobel de mathématiques – est un jeune retraité de la politique. Le cerveau, dont le commun des mortels ne comprend pas un traître mot de ce qu’il dit en physique statistique et géométrie riemannienne, fait sa rentrée des classes dans Lyon Capitale.
Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ?
Cédric Villani : Parfois, oui. Cela m’a pris énormément de temps, car enfant j’étais extrêmement timide, au point qu’un journaliste l’avait noté dans ma toute première interview, à 16 ans – j’avais les honneurs de la presse locale pour mes excellents résultats au bac… Mais j’ai appris à m’exprimer, à élever la voix, à dézinguer un ministre ou un lobby quand il le faut. Le passage à l’Assemblée nationale a été formateur !
Est-il nécessaire d’être grande gueule pour avancer en science et en politique ?
Pas forcément en mathématiques : certains grands chercheurs, révolutionnaires dans le monde des idées, sont discrets dans la vraie vie. Mais lorsqu’on s’engage publiquement, il devient indispensable de défendre ses idées avec force. Quand les universités et la recherche sont attaquées par le politique, il faut savoir répondre avec vigueur.
Qu’a changé pour vous la médaille Fields en 2010 ?
Tout. Elle a ouvert d’innombrables portes : engagements associatifs, actions citoyennes, création du musée des Mathématiques à l’institut Henri-Poincaré, puis entrée en politique, au Conseil scientifique de la Commission européenne puis à l’Assemblée nationale. La médaille Fields m’a donné du jour au lendemain une place dans l’espace public. Sans elle, j’aurais peut-être suivi ces voies aussi, mais bien plus lentement.

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