Serge et Beate Klarsfeld, à Lyon le 8 avril 2019. @AnthonyFaure

A Lyon, les époux Klarsfeld se mobilisent contre les extrêmes

"D’un côté, c’est le goulag, de l’autre c’est Auschwitz", assure Serge Klarsfeld. Présents à Lyon ce lundi, Beate et Serge Klarsfeld ont livré un véritable plaidoyer pour l’Europe et contre la montée des extrêmes et des populismes. Ils ont reçu la médaille de la ville de Lyon des mains du maire de la ville, Gérard Collomb.

Beate et Serge Klarsfeld sont à Lyon ce lundi. Ils ont reçu la médaille de la ville de Lyon des mains du maire de la ville, Gérard Collomb, pour leur traque, acharnée, du " Boucher de Lyon" Klaus Barbie mais aussi pour l’établissement de la liste des victimes de la rafle de la rue Sainte-Catherine et de celle des enfants d’Izieu.

Un nouveau mémorial en hommage aux enfants d’Izieu a été inauguré place Carnot (Lyon 2e) en leur présence ce lundi matin. Place Carnot, à deux pas de la gare de Perrache, où le 7 avril 1944, il y a tout juste 75 ans, 44 enfants ont été déportés à Auschwitz après avoir été raflés la veille à Izieu.

Serge Klarsfeld : "La lutte contre l’antisémitisme prendra encore beaucoup de temps".

"Cette rafle d’Izieu a charge de symbole car elle représente le fanatisme de la Gestapo qui dans une période où sa lutte contre la résistance était prioritaire accordait une priorité encore supérieure à la liquidation d’un foyer d’enfants juifs implantés loin de Lyon et ne constituant aucune menace pour la sécurité allemande", souligne Serge Klarsfeld. Les époux ont joué un rôle majeur dans la reconnaissance de cette rafle en permettant d’identifier Klaus Barbie comme le donneur d’ordre. "Ces enfants n’étaient pas une menace. Mais la haine des Juifs a poussé Barbie à donner l’ordre de les arrêter", souffle Beate Klarsfeld.

 

Nouvelle stèle des enfants d'Izieu - Place Carnot, Lyon @AnthonyFaure

"Les passions et les idéologies qui forgèrent cette haine n’ont pas disparu. Renaissantes au grand jour, elles se renforcent et sont de plus en plus menaçantes. Il s’agit de l’extrême droite et de l’extrême gauche auquel est venu s’ajouter le fondamentalisme islamiste. La lutte contre l’antisémitisme prendra encore beaucoup de temps. C’est une maladie qui ronge les sociétés depuis des millénaires, ajoute Serge Klarsfeld. Pour lutter contre l’antisémitisme, il faut se mobiliser contre les extrêmes qui partout quand ils ont eu le pouvoir n’ont jamais apporté le bonheur ou la prospérité au peuple mais toujours la misère et les barbelés. D’un côté, c’est le goulag, de l’autre c’est Auschwitz".

Serge Klarsfeld : "notre message, c'est le refus des démagogues qui enflamment les foules"

Sa femme Beate, poursuit : "Je suis née en 1939. J’ai connu la guerre. Les jeunes ne savent pas aujourd’hui ce qu’est la guerre. Ils vivent dans la tranquillité depuis, ils ont tout ce qu’il faut, les études, les smartphones. C’est très important de s’engager, de rappeler ce qui peut arriver avec les populistes au pouvoir".

"Le message que nous pouvons apporter, nous qui enfants, avons été pourchassés par la Gestapo et par la police de Vichy, c’est la nécessité de défendre la République et la construction européenne. Les 44 enfants d’Izieu venaient de tout le continent, ils étaient un fragment de cette Europe où s’est déroulée l’immense tragédie de la Shoah. On ne fera obstacle à la haine anti-juive qu’en renforçant l’union européenne qui assure la paix, la prospérité, la protection sociale, la réconciliation entre l’Allemagne et ses partenaires et la disparition des derniers régimes fascistes. Notre message, c’est le refus des démagogues qui enflamment les foules et les entraînent vers la dictature et la guerre", conclut Serge Klarsfeld.

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