Ma ville, mon terrain de jeu

Les réverbères projettent leurs lumières blafardes sur un groupe de jeunes, leur donnant l'air de conspirateurs. Ce soir, ils sont huit lyonnais à s'initier au "urban golf", le golf en pleine rue. Emeric, l'organisateur, explique brièvement les règles : "Notre green, c'est toute la ville ! Il n'y a pas de règles particulières hormis celle de toucher la cible avec le moins de coups possibles." Quelques fers, des balles semi-rigides, un coussin et c'est parti. Les berges leur fournissent une multitude de cibles avec divers obstacles : le blason de la ville sur le Pont de l'Université, une poubelle sur les gradins en sautant les étendues d'eau...Les balles traversent la rue, les squares. Les badauds, intrigués, s'arrêtent et demandent à participer. La partie se termine vers deux heures du matin, après que la joyeuse troupe ait joué sur la chaussée, les voitures attendant patiemment qu'ils tapent leurs balles. Si la pratique "street" du skate, BMX, rollers et trottinettes, est toujours importante à Lyon, cette tendance à s'approprier le mobilier urbain n'est plus réservée aux sports de glisse. Urban-golf, Free-climbing et Parkour sont de nouvelles façons de faire de sa ville son terrain de jeu. Depuis deux ans, Manuel est accro au Parkour, ce sport né à la fin des années 80 en Essonne et popularisé par des films comme Yamakasi et Banlieue 13. "Le principe est simple : il faut partir d'un point A pour rejoindre un point B de la façon la plus efficace et rapide sans être bloqué par des obstacles. Il faut les franchir, par des sauts ou des figures" expose Manuel. A Lyon, ils sont une petite vingtaine de "Yamakasi" ou traceurs. Les points communs de ces sports ? Que ce soit pour l'urban golf, le skate ou le Parkour, c'est le "zéro contrainte". Pas de club, pas d'horaires, pas d'infrastructures à part la rue. Bref, une liberté totale qui permet de découvrir sa ville sous un autre angle. "C'est une toute autre approche, hors des sentiers tracés. Tout peut devenir un terrain de jeu : des bennes à ordures, une voiture, une cage d'escalier...", raconte Manuel. Sylvain du skate-shop Wall Street renchérit : "on utilise l'environnement d'une façon différente". Si ces sports font de plus en plus d'adeptes, c'est aussi pour le goût de la transgression. Pour Jérôme de la boutique le Cri du Kangourou : "Certains pratiquent ces sports pour l'adrénaline : la pratique du roller et du skate est interdite sur la voie publique !" Tout comme grimper sur des structures. Le mobilier urbain n'étant pas sécurisé, il est nécessaire pour pratiquer ces sports d'être bien entraîné et prudent.

Considérés comme "nuisibles" par les municipalités, les adeptes de ces sports urbains estiment au contraire qu'ils rendent les villes plus vivantes. Si certains architectes mettent en place du mobilier urbain impraticable pour les sports de glisse, ils devront faire des efforts d'imagination pour empêcher ces nouvelles expressions de la "street culture".

Dossier réalisé en novembre 2007

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