Piétonnisation de Lyon

5 choses qu’on a aimées à Lyon en 2019 et 5 autres détestées

Bilan – C’est une année 2019 particulièrement riche qui s’achève à Lyon, avec la sensation qu'un nouveau cycle commence. Quelles sont les choses que nous avons aimées en 2019 et celles que nous avons détestées.

Ces cinq choses qu’on a aimées en 2019

Lyon n’abdiquera jamais

Par deux fois, la métropole de Lyon a été touchée en son cœur durant cette année 2019. Que ce soit à Victor Hugo ou à Laurent Bonnevay, les semeurs de haine et de terreur ont tenté de briser ce qui nous lie. À Villeurbanne, un jeune homme qui avait la vie devant lui nous a quitté. Des héros se sont interposés face à l’agresseur pour l’arrêter.

À chaque fois, Lyon a refusé d’abdiquer. Après le deuil, la vie a toujours repris ses droits, personne n’a fui les terrasses, commerces ou les grands événements comme la Fête des Lumières. Lyon la résiliente, Lyon la résistante !

La piétonnisation

Les expérimentations de piétonnisation en Presqu’île n’étaient pas parfaites, mais pour une première pierre, elle fut belle et silencieuse. En effet, c’est bien la disparition du bruit des voitures qui a pu surprendre ceux qui ont eu la chance de participer à l’une de ces journées où piétons étaient prioritaires de Bellecour aux bas des pentes.

Ces mêmes piétons qui n’osaient pas marcher au milieu de la chaussée au début, comme la preuve des décennies de conditionnement en matière de déplacements urbains et d'espace. Puis progressivement, ils se sont emparés de ce nouveau royaume, presque frustrés de devoir le rendre une fois la nuit tombée.

Le plus gros défaut de ces expérimentations, c’est qu’elles ne se soient pas inscrites dans la durée. Car, comme nous l’écrivions après la première journée : s'il est indéniable qu'il reste encore du travail à faire, il est désormais impossible de revenir en arrière (lire ici).

 

La fin du monopole Rhônexpress

L’année 2019 aura été riche en déconvenues pour la navette Rhônexpress. Le concessionnaire qui poursuivait le Sytral pour avoir mis des bus vers l’aéroport a perdu son procès (lire ici). Rapidement, des bus TCL ont pu à nouveau desservir Saint-Exupéry. Rhônexpress a fait appel, mais la route qui mènera à plus d’alternatives est bien tracée.

Fin 2019, la métropole de Lyon a initié la rupture de la concession. Les élus devront se prononcer sur le sujet début 2020. La navette, souvent pointée du doigt pour son prix, pourrait voir son ticket coûter 20 à 25% moins cher d’ici la fin de l’année prochaine. Si Rhônexpress est indéniablement un service rapide pour aller jusqu’à l’aéroport, son monopole semble aujourd’hui bien révolu (lire ici).

 

Le retour d’une grande Fête des Lumières

Lightning Cloud, de Jérôme Donna, place des Célestins – Fête des lumières 2019 © Muriel Chaulet / Ville de Lyon
Lightning Cloud, de Jérôme Donna, place des Célestins – Fête des lumières 2019 © Muriel Chaulet / Ville de Lyon

L’édition 2019 de la Fête des Lumières aura été une très grande réussite, avec le retour d’une vraie magie dans les rues de Lyon. Au parc de la Tête d’Or, les flammes de Groupe F ont réchauffé les cœurs. Même les lieux plus petits comme l’Hôtel Dieu ou la place des Jacobins sont parvenus à rivaliser avec les grands incontournables, voire les dépasser.

Le 8 décembre, les 20 000 petites barques de Rivière de lumières ont descendu la Saône pour un moment féerique que l’on aurait peut-être aimé encore plus grand. Cela tombe bien, pour les équipes de la Fête, Rivière pourrait être un classique reconduit d’une année sur l’autre. 40 000 barques en 2020 ? Chiche ?

 

TCL entre dans le XXIe siècle...

Grande année pour le réseau TCL avec de nombreuses nouveautés : une ligne de tramway de rocade avec la T6, des trams plus longs, la C3 en site propre, de nouveaux bus avec port USB, des bus électriques commandés, l’arrivée du réseau 4G dans le métro, le ticket de bus sur smartphone, le début du creusement du prolongement de la ligne B, le transport à la demande, des bus vers l’aéroport de Saint-Exupéry et même des nouveaux designs pour la carte Técély qui a laissé tomber le rouge.

L’année 2020 s’annonce encore plus riche avec un métro B entièrement repensé et automatisé et des lignes express pour relier les points majeurs de la métropole sans être coincé dans le trafic.

Ces cinq choses qu’on a détestées en 2019

mais les TCL saturent

Une nouvelle ligne de tramway, toujours plus de bus et pourtant, cela menace de craquer de toute part. Depuis deux ans, le réseau TCL est porté par une forte hausse de sa fréquentation. C’est un succès indéniable, mais la saturation de certaines lignes rend les déplacements parfois moins confortables.

Le moindre pépin qui perturbe le trafic, et l’effet domino se fait ressentir de toute part. Le Sytral vote régulièrement des renforts d’offres depuis plus d’un an, mais la demande reste très soutenue. Face à l’urgence, il faut désormais jouer deux à trois coups à l’avance et non pas juste celui d’après.

À l’occasion de la prochaine campagne des élections municipales et métropolitaines, les candidats sont tous d’accord pour augmenter leur contribution au budget du Sytral, après l’avoir grignoté ces dernières années. Les Lyonnais ont montré qu’ils étaient attachés à leur réseau de transport en commun. Si l’offre est bonne et efficace, ils seront toujours au rendez-vous dans les bus, métros, tramways et funiculaires. Le réseau TCL ne doit plus se dégrader, il doit définitivement répondre aux enjeux d’aujourd’hui et demain.

Les trottinettes dans la Saône et le Rhône

Source : Alexandra Huard

Les images ont fait le tour de la France. À Lyon, des centaines de trottinettes électriques reposent au fond du Rhône et de la Saône. En septembre, l’eau plus claire a dévoilé un fleuve devenu une poubelle à trottinettes. Certains utilisateurs ou personnes mal intentionnées n’hésitent pas à jeter les engins en libre-service dans l’eau.

Mi-septembre, l’association Odysseus 3.1 a choisi d’aller repêcher les trottinettes, récupérant une centaine dans le Rhône (lire ici). En octobre, d’autres ont été repêchées dans la Saône par  le collectif Les péniches de Lyon (lire ici). Merci à eux. Face à cette situation, il semble impératif que les services de location donnent les chiffres des pertes et de la casse de leurs trottinettes, et prennent des mesures encore plus fortes pour que cela ne se reproduise plus.

 

La nouvelle place des Terreaux

Les Lyonnais voulaient des arbres ou du moins un peu de verdure aux Terreaux, ils devront encore faire avec une place terriblement minérale. Rénovée sous la direction de l'architecte Christian Drevet et l’artiste Daniel Buren, Terreaux a reçu 44 nouveaux cubes Buren et 15 fontaines, mais pas la moindre végétalisation.

Deux arguments ont toujours été invoqués pour expliquer l'absence de verdure : l'impossibilité de faire de la pleine terre à cause du parking situé dessous, et l'obligation qui serait faite de respecter la perspective et l'aspect de la place "œuvre d'art". Ces derniers sont de moins en moins audibles face à des températures qui ne cessent de grimper. Pour ne rien arranger, le nouveau revêtement au sol se salit très rapidement. Tous les jours, une équipe est donc chargée de son nettoyage (lire ici).

 

Les bacs rue Édouard Herriot

Considérés comme une opération de "greenwashing" (verdissement), les bacs à fleurs sur les voies de bus rue Édouard Herriot ont soulevé plusieurs questions à Lyon.

La première est celle de voir la voie dédiée aux bus et vélos supprimée, sans toucher à celle des voitures. Lyon a ainsi choisi de pénaliser ceux qui utilisent les modes de déplacement les plus propres. Bilan : les temps de trajet pour la ligne TCL S1 sont parfois doublés. Les usagers vélos évitent Herriot, désormais considérée comme dangereuse, quant au double sens cyclable, il est difficilement praticable. De plus, de nouveaux arbres plantés cet hiver débordent encore plus sur la chaussée. Herriot est bien devenu un enfer (lire ici).

L’autre question soulevée est celle de la démocratie participative et du débat public. Pour cette opération, la ville de Lyon a demandé l’avis des citoyens. La consultation en ligne a montré un vrai plébiscite pour la végétalisation en ville, à condition qu’elle ne prenne pas la place des voies de bus et pistes cyclables. Lyon a refusé d’écouter cet avis majoritaire, au point que certains se demandent aujourd’hui à quoi cela servait de demander l'opinion des gens, pour l’ignorer ensuite. Ce refus de voir ce consensus qui s’était distingué pour un petit projet est inquiétant pour la suite. Qu’en sera-t-il quand viendra le temps d’initiatives bien plus grandes ?

Le greenwashing sans aucune honte ni limite

La forte demande sociétale autour des questions écologiques et climatiques a entraîné l’apparition d’un "greenwashing" sans aucune honte ni limite chez des élus et candidats aux élections de 2020. Bien sûr, l’écologie n’est pas le monopole des Verts, bien au contraire, c’est une valeur transversale dont tout le monde peut se saisir.

Le problème se pose lorsque l’on ajoute le qualificatif "écologique" à la moindre action, finissant de le vider de toute sa substance. Cela mène ainsi à des aberrations comme voir un futur projet d’autoroute urbaine à Lyon, présenté comme "écologique", sans parler de son impact sur les derniers espaces verts de la métropole ou de la pollution qui ne disparaîtra pas si on enterre les routes dans des tunnels (tout comme aucun nuage de pollution ne s’arrête à la frontière de la colline de Fourvière).

Les élus et candidats ont le droit de vouloir proposer de grandes infrastructures dédiées à la voiture individuelle en 2020, c’est leur choix. Mais là où les choses deviennent problématiques, c’est lorsque les mensonges et omissions sont cachés derrière des illusions vertes. De tels comportements sont à la fois des insultes à l’intelligence des Lyonnais, mais aussi un profond anachronisme qui dévoile un vrai décalage entre le monde d’aujourd’hui et celui dans lequel pensent évoluer certains.

Et vous, quel est votre bilan pour cette année 2019 ?

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