Gérard Collomb et Michel Mercier (de dos)
©Tim Douet

Congrès : Gérard Collomb propose de décentraliser le PS

Le congrès du Parti socialiste se tiendra à Poitiers au mois de juin. Le courant réformiste porté par le sénateur-maire de Lyon a rendu publique sa contribution, dans laquelle on retrouve les grandes options saint-simoniennes de Gérard Collomb en matière économique. Mais les propositions les plus innovantes portent sur l’Europe et la réorganisation du PS.

C'est un document de 35 pages, destiné à nourrir le débat interne au Parti socialiste dont le congrès se tiendra à Poitiers en juin prochain. Gérard Collomb et son courant réformiste, “Inventer l'avenir”, veulent non seulement réformer le pays mais également le PS.

Dans la perspective de la présidentielle de 2017, le document propose la création de “workshops” regroupant intellectuels, économistes, société civile, syndicats, qui seront les coopératives du projet présidentiel du PS en 2017. Par ailleurs, pour éviter la sclérose d'un parti d'élus et de professionnels de la politique, il est proposé de généraliser la primo-adhésion à 20 euros, qui avait fait ses preuves en 2006 mais qui a eu le désavantage de gonfler par la suite les listings de militants inactifs, c'est-à-dire non à jour de leur cotisation.

Gérard Collomb propose de généraliser "le processus de primaires ouvertes à l'ensemble des élections, car c'est en donnant du pouvoir aux sympathisants, aux citoyens, que nos idées intéressent et qu'elles peuvent convaincre". On imagine donc qu'il s'appliquera à lui-même ce principe dans les élections locales, à la métropole ou à la ville de Lyon. Si tant est qu'il sera candidat à sa succession en 2020.

Décentraliser le PS

Enfin, et c'est sans doute la piste la plus originale, le maire de Lyon propose de décentraliser le PS. "Réformes Deferre en 1982, loi Voynet 1999, lois Lebranchu récemment : le Parti socialiste est le parti de la décentralisation. Il doit devenir un parti qui est, lui-même, décentralisé". Comment opérer cette décentralisation ?

L'organisation du parti devrait épouser les nouvelles grandes régions récemment créées, rompant avec les logiques de fédérations départementales actuelles pour ne créer que 13 fédérations régionales. "Afin de faire en sorte que le bureau national soit représentatif de notre parti, nous préconisons qu'il soit composé de dirigeants élus dans ces comités régionaux", peut-on lire dans le document. Une façon de prendre le pouvoir par le bas et de l'organiser par les élus acquis à sa cause (les notables locaux) pour Gérard Collomb, lui qui a toujours été méprisé par la nomenklatura parisienne du parti.

Abandonner le dogme de la libre concurrence

C'est sans doute sur l'Europe que le point de vue se fait le plus iconoclaste. Constatant la "panne technologique" du vieux continent, incapable de concurrencer Apple, Google ou Samsung, le courant réformiste du PS avance l'idée d'abandonner le dogme de la libre concurrence et de la non-concentration au cœur des traités européens dans le but de "mener des politiques coopératives centrées sur les grandes technologies d'avenir" afin de favoriser l'émergence d'un géant européen.

34 000 robots

Dans le domaine économique, le document se fait plus conforme aux orientations réformistes du maire de Lyon, qui s'agace de constater le déséquilibre structurel de la France vis-à-vis de l'Allemagne, sur l'innovation : "L'industrie française ne compte que 34 000 robots, quand l'Allemagne en dénombre 162 000."

Afin de favoriser l'innovation et la prise de risque, le document propose de baisser la fiscalité du capital : "À gauche, une tradition tenace fait de la taxation égale entre capital et travail l'alpha et l'oméga des politiques fiscales. Or, l'analyse économique montre qu'une telle structure est défavorable à l'innovation et in fine défavorable à l'emploi et à la justice sociale." Dans la même veine, le document propose d'aller plus loin dans la simplification administrative des licenciements.

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