Les Lyonnais sortent toujours, mais moins tard et un peu moins souvent. C’est ce que révèlent les données de la plateforme de VTC Bolt, qui a analysé des millions de trajets en France entre 2023 et 2025.
"À Lyon, la nuit reste structurante, mais elle recule plus vite que dans la plupart des grandes villes. La ville reste tardive, tout en basculant vers des soirées un peu plus courtes". Le constat est signé Julien Mouyeket, directeur général de Bolt France.
La plateforme VTC a récemment réalisé une analyse des trajets nocturnes en France dans onze grandes villes de plus de 200 000 habitants entre 2023 et 2025.
Verdict : Lyon reste une grande ville de nuit, avec une part des trajets nocturnes supérieure à la moyenne nationale, tout en enregistrant l’un des reculs les plus marqués depuis 2023. Dit autrement, la part des déplacements effectués la nuit, entre 20 h et 6 h, recule et le cœur de la soirée se déplace de plus en plus vers le début de nuit.
En deux ans, les trajets de nuit reculent nettement à Lyon
Au niveau national, la part des trajets nocturnes est passée de 47 % en 2023 à 44 % en 2024, puis 43,1 % en 2025. Soit une baisse de 4 points en deux ans.
Lyon suit le mouvement, mais de manière encore plus marquée : la ville fait partie des grandes agglomérations où le recul est le plus net. Selon Bolt, la part de trajets nocturnes y a baissé d’environ - 5,7 points entre 2023 et 2025, un des reculs les plus importants du pays, avec Nantes (- 6,1 points) et devant Paris (- 4,1 points) ou Toulouse (- 4 points).
Autrement dit, dans les mobilités urbaines lyonnaises, la nuit "pèse" moins qu’il y a deux ans. Moins de retours de soirée à l’aube, moins de déplacements très tardifs : les habitudes changent.
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Des soirées qui commencent et se terminent plus tôt
Ce n’est pas seulement la fréquence qui évolue, mais aussi l’horaire. "Le centre de gravité des déplacements bascule vers l’early-night" explique Bolt.
Au niveau national, la tranche 20h/22h gagne du terrain : la part des trajets nocturnes effectués sur ce créneau passe de 32,2 % en 2023 à 34,3 % en 2025, soit plus de 2 points de hausse.
À l’inverse, les déplacements les plus tardifs reculent : la tranche 23 h/1 h perd 1,5 point (de 38,5 % à 37 %), le créneau 2 h/5 h recule également (de 29,3 % à 28,6 %).
Le pic national reste fixé à 23 h, mais il est un peu moins dominant qu’avant (de 14,1 % à 13,6 % des trajets nocturnes). L’"indice de tardivité”" qui mesure à quel point les sorties se concentrent sur les heures les plus tardives, baisse aussi (de 4,00 à 3,92 sur une échelle allant de 0 = 20 h à 9 = 5 h du matin).
En clair : on continue à sortir, mais plus tôt… et on rentre plus tôt. Une tendance qui se ressent aussi dans les rues de Lyon, où bars, restaurants et clubs voient les flux se concentrer davantage en début de soirée que par le passé.
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Des villes qui confirment la tendance
Si Rennes fait figure d’exception – c’est la seule grande ville où la part de trajets nocturnes progresse légèrement (+ 1,4 point) et où le pic reste fixé à 2 h du matin, la plupart des grandes agglomérations vont dans le même sens : Bordeaux, Lille et Nantes conservent un profil plutôt tardif (pic à 1 h), mais avec une baisse de la part des trajets de nuit. Nice, quant à elle, illustre le modèle inverse, avec le pic le plus précoce (22 h) et la part de trajets nocturnes le week-end la plus faible (37,1 %), signe d’une vie nocturne davantage concentrée en début de soirée, et pas seulement le vendredi-samedi. Quant à Paris et Marseille, elles culminent à 23 h, mais leur indice de tardivité recule, comme à Lyon, signe que l’après-minuit perd du poids même dans les métropoles les plus festives.
Lyon s’inscrit donc pleinement dans ce mouvement d’ "early-night" : une vie nocturne toujours présente, mais plus rationnalisée, plus concentrée, moins "jusqu’au-boutiste". Le pic horaire se situe pourtant autour de minuit et l’indice de tardivité atteint environ 4,25, bien supérieur à la moyenne française (3,92). Cet indice confirme un profil encore tardif à Lyon, mais moins étiré qu’il y a deux ans.
Le samedi reste la grande nuit… mais moins longue
Sans surprise, le samedi reste la nuit la plus chargée en trajets nocturnes. Au niveau national, la part du week-end (vendredi + samedi) dans les déplacements nocturnes se maintient autour de 43 %.
Certaines villes se distinguent néanmoins : comme Rennes et Lille qui affichent des parts de week-end supérieures à la moyenne (autour de 48 %), ou Nice qui se situe nettement en dessous (environ 37 %), confirmant un modèle de sorties plus tôt et moins concentré sur le seul week-end.
Là encore, le message est clair : les “grosses soirées du samedi” existent toujours, mais elles n’étirent plus la nuit comme avant.
“Les soirées se réinventent"
Pour Bolt, ces chiffres ne signent pas la fin de la vie nocturne, mais sa transformation.
"Les déplacements de nuit montrent que les soirées évoluent : elles ne disparaissent pas, elles se réinventent. Des nuits plus courtes peuvent aussi rimer avec une mobilité plus responsable et plus sûre. Bolt veut accompagner ces nouveaux usages pour que chacun puisse rentrer quand il le souhaite" explique Julien Mouyeket directeur général de Bolt France.
Reste à savoir comment les acteurs de la nuit lyonnaise, bars, clubs, salles de concert, restaurateurs, s’adapteront à cette France qui sort encore, mais différemment, et à ces Lyonnais qui semblent préférer la soirée bien remplie… à la nuit blanche.
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