La culture générale : un jeu d’enfant

Éducation. La culture générale n’est pas l’apanage des adultes. Elle peut s’acquérir, dès tout petit, de façon ludique et adaptée. Si elle se construit en partie à l’école, les parents ont un véritable rôle à jouer pour que leur enfant en comprenne le sens et qu’il ait envie de s’approprier ces nouvelles connaissances. Explications.

Histoire, géographie, littérature, philosophie, arts, sciences, religion, sport, environnement… La culture générale se définit au sens large et englobe toutes sortes de sujets sur le monde qui nous entoure. Ces connaissances s’acquièrent au fil du temps, sans que cela soit forcément dans un but précis, et sans volonté affirmée de devenir spécialiste d’un sujet en particulier. Comme le confirme Virginie Desnoues, professeure en littérature et histoire de l’art au lycée lyonnais Fénelon-La Trinité : “La culture générale n’est pas utilitaire. C’est un épanouissement personnel qui passe par le plaisir de découvrir et d’apprendre.”

La culture générale : un cadeau pour la vie

Pour autant, développer la culture générale de son enfant, c’est lui ouvrir une véritable fenêtre sur le monde. Cela stimule sa curiosité, sa soif d’apprendre, son ouverture d’esprit. Il est plus riche de nombreuses connaissances qui contribuent à faire de lui une personne éclairée capable d’exercer son esprit critique. “La culture générale aide à comprendre le monde qui nous entoure, et donc à mieux le penser. On est plus à même d’apprécier tout ce qui se passe autour de nous et donc de se sentir impliqué. C’est une forme de citoyenneté”, souligne Virginie Desnoues. Par ailleurs, développer ce capital culturel chez son enfant lui donnera une place particulière dans la société. Que ce soit en famille, en collectivité ou encore au travail, un bagage culturel permet de comprendre les sujets abordés, de s’insérer dans une conversation et de ne pas se sentir exclu. La professeure ajoute : “On peut même considérer la culture générale comme une arme : pour celui qui en a et qui va captiver son auditoire. Mais aussi pour celui qui écoute et qui saura prendre du recul par rapport à certains discours assurés mais parfois creux et mensongers.” Dans le cadre scolaire, la culture générale représente un véritable atout. Elle facilite la compréhension des apprentissages, permet de faire des liens entre les différentes matières et d’enrichir un devoir. Un constat partagé par l’influenceur lyonnais Adrien Tardieu – thesmartyadrien – créateur de vidéos d’histoire et de culture générale sur TikTok et Instagram : “La culture générale contribue au développement cognitif. Elle aide à développer la concentration, la capacité à réfléchir et à émettre son propre avis.”

Varier les supports et favoriser l’échange

Tout l’enjeu va être de mettre la culture générale à la portée de son enfant. Il ne s’agit pas d’en faire quelque chose de rébarbatif mais bien de trouver la bonne approche pour qu’il la perçoive comme un véritable plus, qu’il ait envie de s’en saisir et de la développer. En ce sens, la lecture est un formidable outil. Livres de tous genres, magazine de vulgarisation scientifique, bande dessinée sur l’histoire, pop-up sur le corps humain… Peu importe le sujet et le format, ils répondent tous à la soif de découvertes des enfants. Bien sûr, chaque jeune a ses propres centres d’intérêts qu’il développe naturellement, et on ne manquera pas de surfer dessus pour nourrir son envie d’apprendre. “Au-delà des propres passions de l’enfant, les parents vont généralement là où ils sont le plus à l’aise pour transmettre ce qu’ils aiment. Cependant, il ne s’agit pas d’en faire un programme en se disant : ‘Je veux que mon enfant ait une culture générale !’ Cela serait contreproductif. Le parent peut saisir la moindre petite porte qui s’ouvre pour partager une information, suggérer une appli, un podcast, un documentaire, une vidéo… Idéalement en format court. Le jeune s’appropriera ce qui lui convient le plus. L’idée c’est de nourrir un dialogue à la maison propice à l’enrichissement de l’enfant et qui contribue au plaisir d’échanger.” On peut s’appuyer sur l’actualité, des sujets de société ou encore le quotidien de l’enfant et s’amuser à lancer des petits débats. On explique, on répond aux questions et surtout on laisse le jeune s’exprimer librement, sans oublier de le valoriser sur ses propres connaissances du sujet. “J’aime bien faire des connexions entre différents sujets pour faire apprécier la culture générale à ma fille. Elle est fan d’histoire et quand je découvre une exposition avec elle, j’essaie toujours de lui remettre le travail de l’artiste dans le contexte historique. Cela l’aide à comprendre ce qu’elle voit et à s’y intéresser. Sans oublier qu’elle m’apprend aussi certaines choses !”, explique Sylvain, père de Valentine, 14 ans.

Privilégier le jeu

D’une manière générale, tous les prétextes sont bons pour faire découvrir le monde environnant à ses enfants, et ce sera d’autant plus apprécié si cela se fait en mode ludique et pédagogique. Ce peut être la visite d’un musée avec un livret-jeu, une découverte de patrimoine à la façon d’un jeu de piste, un spectacle avec un atelier découverte en préambule… “Le jeu est une excellente porte d’entrée pour accéder à la culture générale, souligne Adrien Tardieu. Quand j’étais petit, nos parents nous ont toujours raconté beaucoup d’histoires, notamment lors de temps d’attente, comme les trajets en voiture. Ils allaient de sujet en sujet, nous racontant toutes sortes d’anecdotes sur l’histoire, la géographie, le sport, l’actualité… Cela stimulait notre curiosité, avec mes frères et sœurs, nous posions mille questions. Puis cela se transformait en quiz pour tester ce que l’on avait retenu, façon ‘Questions pour un champion’, ce qui nous plaisait beaucoup. À la maison, on continuait d’apprendre toujours en s’amusant avec des jeux comme le Trivial Pursuit ou encore Les Incollables. J’ai ainsi développé une véritable appétence pour les sujets d’histoire. Et c’est pour cela qu’aujourd’hui j’en ai fait mon métier, et que je les mets à la portée de tous sur les réseaux sociaux.” “Quand j’étais petite, j’ai appris plein de choses grâce à certaines séries comme Il était une fois… la Vie, C’est pas sorcier ou encore des livres sur l’histoire ou la philo adaptés aux enfants. Je cherchais juste à me détendre, mais le format était tellement bien fait que je retenais plein d’informations. Quand on allait dans un musée, on passait toujours par la boutique où je prenais un coloriage ou un petit jeu. Même si ça ne m’apprenait rien de plus, cela donnait une note plaisir à ces visites culturelles. Même à mon âge, je trouve que c’est toujours plus facile de se cultiver quand il y a une dimension ludique”, témoigne Pauline, 20 ans.

Déjouer le piège des algorithmes et de l’IA

Si l’accès au numérique a mis la culture générale à portée de tous, le fonctionnement même des algorithmes enferme les jeunes dans leurs propres centres d’intérêt. “Encore une fois, les parents ne doivent pas hésiter à suggérer une chaîne sympa de vulgarisation de l’histoire de l’art, un Youtubeur cultivé, un BookTokeur intéressant… Si le jeune commence à regarder de tels contenus, l’algorithme fera son travail et lui en proposera d’autres du même genre…”, note la professeure de littérature. Par ailleurs, l’avènement de l’intelligence artificielle fait craindre un appauvrissement des connaissances. Aux parents et aux professeurs d’expliquer aux jeunes qu’utiliser l’intelligence artificielle ne dispense pas d’un bon niveau cognitif et d’un bagage culturel personnel. En effet, pour avoir un résultat probant et pertinent, il faut déjà avoir une certaine connaissance du sujet afin de formuler pertinemment sa demande. Adrien Tardieu confirme : “Je me suis rendu compte que si on demande à ChatGPT des informations relativement basiques telles que celles que l’on peut trouver facilement sur Internet, il n’y a pas de souci. Mais dès que l’on rentre dans certains détails, dès que l’on souhaite des informations moins grand public, les résultats obtenus comportent de nombreuses erreurs. Bien sûr, il ne faut pas fermer la porte à l’IA, mais plutôt apprendre à s’en servir. On peut l’utiliser par exemple pour trouver des idées, vulgariser un contenu… Mais c’est justement grâce à notre propre culture générale que l’on saura approfondir, vérifier, corriger, sous peine de rendre une copie insipide et pleine de coquilles.” La culture générale n’a pas dit son dernier mot.

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