La pérennisation des expérimentations menées avenue Rockfeller et montée du Chemin neuf pour la mise en place de la Voie lyonnaise n°12 suscite la colère des riverains et de la droite.
La décision de la Métropole de Lyon était-elle prise avant même le début des expérimentations ? Les trois groupes de l'opposition de droite au conseil métropolitain (La Métro positive, Inventer la Métropole de demain et Synergies élus & citoyens) posent en tout cas la question et s'interroge sur "la sincérité du dialogue démocratique local".
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"Un simulacre de concertation" dénoncent les CILs du 5e arrondissement
Vendredi 27 juin, la Métropole a en effet annoncé la pérennisation de la fermeture aux voitures de la montée du Chemin neuf dans le 5e arrondissement, et de la mise en sens unique de l'avenue Rockfeller dans le 8e arrondissement. Pourtant, les deux aménagements, réalisés dans le cadre de la Voie lyonnaise n°12, étaient particulièrement contestés. De surcroît, la partie centrale du tracé de cette voie lyonnaise ne verra pas le jour avant un éventuel second mandant des écologistes, reportée il y a quelques mois par le président de la Métropole en raison d'un trop important pic de travaux attendu cet été.
Ce jeudi encore, l'ensemble des Comités d'intérêt locaux du 5e arrondissement ont publié un communiqué - au ton inhabituellement dur - dans lequel ils dénoncent "un simulacre de concertation". "Qualité de l'air, lutte contre la pollution ne sont pas les raisons premières de cette décision : le seul objectif est de faire passer en force une voie lyonnaise à en endroit où les vélos passaient déjà, en excluant toute personne incapable de se déplacer à vélo ou ne pouvant le faire pour un usage tout à fait légitime", déplorent-il.
Dans le 5e arrondissement, le bilan à mi-chemin était particulièrement mauvais
Selon les chiffres présentés par la Métropole de Lyon en février, le trafic automobile a diminué de 10 % dans l'ensemble du secteur concerné. Mais en parallèle, le trafic sur la rue Radisson dans les deux sens a augmenté de 76 %, notamment en raison de la mise en sens unique de la montée de l'Antiquaille. La Métropole évoque également une hausse de 29 % du trafic sur la rue Jaricot. Enfin, une augmentation de 43 % du trafic a été constatée sur la rue Jean-Prevost. La Métropole a ainsi consenti à remettre la rue de l'Antiquaille à double-sens, provoquant la colère de la Ville à Vélo. Selon l'enquête réalisée par la Métropole elle-même, les commerçants, notamment ceux dits "d'opportunité" (tabac, supermarché...) notent ainsi une diminution de leur fréquentation, particulièrement marquée aux heures de pointe. Les plus touchés sont les commerçants du secteur Trion et de la rue des Farges, concernés par cet effet cul de sac lié à la fermeture du Chemin neuf et au report des flux vers la rue Radisson.
Les trois groupes de droite au conseil métropolitain abondent considérant que "ces expérimentatons, qui n'en ont que le nom, n'étaient qu'un écran de fumée. Dès le départ, ces mesures étaient conçues pour s'imposer coûte que coûte". Ils rappellent que la Métropole reconnaît elle-même les désagréments causés par la mise à sens-unique de l'avenue Rockfeller (difficultés d’accès aux hôpitaux, report de trafic dans des rues connexes, embouteillages, nuisances pour les quartiers pavillonnaires...), "mais il ne retient que la hausse du trafic cycliste en heure de pointe", déplorent-ils.
La Ville à vélo elle-même, si elle salue le maintien en sens-unique de l'axe demande à la Métropole de Lyon et aux mairies "de faire un effort supplémentaire sur les plans de circulation des quartiers traversés par le report de circulation en direction de Lyon, car il reste aujourd'hui trop de véhicules en transit sur de petites rues résidentielles où elles n'ont rien à faire". Un "report de circulation" pourtant essentiellement lié à la décision saluée de maintien en sens unique de Rockfeller, avenue bien mieux dimensionné pour accueillir ce trafic...
Les trois groupes politiques concluent en indiquant plaider en "faveur d’une mobilité équilibrée, construite avec les habitants et respectueuse de tous les usages. Une mobilité qui ne monte pas les modes de déplacement les uns contre les autres, mais qui cherche à les articuler intelligemment".