"Cette application est un premier pas"

INTERVIEW - Embedia prend la parole afin de défendre sa technologie mise en place dans le métro lyonnais depuis le 1er juin. Un service à destination des aveugles via les téléphones portables. "A quoi sert de pouvoir lire les panneaux dans le métro si on ne peut pas entrer dans la station ?", s'était interrogée Souhila Diab, la présidente de l'association Point de vue sur la ville dans notre article du 25 mai. Après avoir refusé de s'exprimer lors de la rédaction de notre premier article, le pdg d'Embedia, Frédéric Chazelle, nous a finalement contactés.

Lyon Capitale : Que répondez-vous aux associations de mal-voyants qui jugent l'application pour téléphones portables que vous avez créé "inutile" et "gadget" ?

Frédéric Chazelle : Notre petite entreprise, qui compte six salariés, développe depuis trois ans ce projet auquel nous croyons. Nous avons travaillé dur pour faire aboutir cette innovation. Mais aujourd'hui, certains avis sont négatifs. Il faut avoir conscience qu'on ne peut faire l'unanimité avec ce que l'on propose. Je prends note qu'une association émette des critiques sur notre travail. Mais cette application est un premier pas, une première mise en accessibilité de l'information pour les voyageurs. Si le Sytral avait mis en place des panneaux visuels sans une application pour mal-voyants tout le monde leur serait tombé dessus.

Là, c'est une premier étape qui appelle d'autres projets. Par exemple, un système de géolocalisation est déjà à l'étude. Lorsqu'un mal-voyants arrive vers une bouche de métro, son téléphone le repère et lui dit qu'il entre dans la station Bellecour, puis qu'il se dirige vers la ligne A direction Perrache. Mais nous, nous ne faisons que des propositions techniques. Nous ne sommes pas les décideurs, ni les donneurs d'ordre. C'est au final, le Sytral qui définit les priorités.

Justement, comment-avez travaillé avec le Sytral ?

Lorsque le marché a été lancé, le syndicat des transports en commun nous a guidé. Nous n'avions pas carte blanche. Nous sommes passés par une première pré-étude, validée par des experts : des assistants à maitrise d'ouvrage, des experts télécoms et des ergonomes du Sytral. Ensuite, nous avons réalisé un prototype que l'on a fait valider par les associations. En l'occurrence, si l'association "Point de vue sur la ville" avait eu un avis totalement négatif, je peux vous garantir que le Sytral n'aurait pas déployé le service. Nous avons suivi toutes les recommandations de l'association de mal-voyants. Alors je suis très surpris... Il y a des choses qui m'échappent. Je sais qu'il y a eu des réunions entre les associatifs et le Sytral où nous n'étions pas conviés. C'est normal, nous sommes des industriels, donc en retrait du débat politique. Mais nous sommes conscients qu'il y a eu des demandes faites par les associations dans les commissions d'accessibilité au sein du Sytral. Encore une fois, nous ne sommes pas en position de décider.

Pourquoi avoir mis au point une application pour aveugles sans avoir établi une collaboration étroite avec les principaux intéressés ?

Ce n'est pas vrai, l'association "Point de vue sur la ville" a été conviée à tester le produit en 2009. Derrière, il n'y a pas eu de silence radio. En 2010, nous avons fait des essais ponctuels, d'une façon informelle, avec des déficients visuels qui nous ont contacté directement. Ensuite le Sytral a décidé de se tourner vers l'association Valentin Haüy pour faire les tests finaux fin mai 2011. D'autre part, des aléas techniques ont fait que la mise en place de ce service a pris du retard.

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