À Lyon, François Fillon déroule son programme “radical”

Près de 5 000 personnes étaient présentes, ce mardi soir, à Eurexpo, pour le premier meeting de François Fillon après sa première place surprise au premier tour de la primaire de la droite et du centre.

François Fillon à Lyon, entre les deux tours de la primaire de la droite, le 22 novembre 2016 © Tim Douet

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François Fillon, à Lyon, le 22 novembre 2016.

Dans le public, une soixantaine de parlementaires, beaucoup de la région. François-Noël Buffet, seul soutien de François Fillon dès la première heure dans le Rhône, était évidemment présent, tout comme les anciens sarkozystes : Philippe Meunier, Christophe Guilloteau. Mais aussi les élus locaux Laurence Balas, Anne Lorne ou encore Étienne Blanc. Côté élus nationaux, il y avait Éric Woerth, Bernard Accoyer, Nadine Morano, Bruno Retailleau. Une autre présence a été remarquée – bien qu’il soit retiré de la politique –, celle de Charles Millon, élu à la tête du conseil régional rhônalpin en 1998 grâce à une alliance avec le Front national.

Charles Millon au meeting de soutien à François Fillon entre les deux tours de la primaire de la droite, le 22 novembre 2016 à Lyon © Tim Douet

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Charles Millon

Sous les “François président !” qui résonnaient dans la halle 1 d'Eurexpo, François Fillon est arrivé en compagnie de Bruno Le Maire et Laurent Wauquiez, président du parti Les Républicains et ancien soutien de Nicolas Sarkozy.

C'est François-Noël Buffet qui revêtait le rôle de M. Loyal et de fil rouge de la soirée. Sur scène, il a remercié "Olivier Ginon et sa famille" et "Jean-Michel Aulas qui est à Zagreb". Croisé à la fin du meeting, Olivier Ginon s'est dit embarrassé d'être apparu si clairement durant la soirée : "J'étais ici pour accueillir une personne de grande qualité. Mais ma présence n'est pas le signe d'un engagement envers François Fillon. Je suis ici en tant qu'hôte et parce que dimanche soir j'étais sur le cul après les résultats, donc le phénomène Fillon m'intéressait. Mon job de chef d'entreprise consiste à établir des connexions avec tout le monde. J'ai assisté aux meetings de Macron et je travaille aussi avec le maire de Lyon parce que c'est quelqu'un qui fait un très bon travail. Je ne fais pas de politique. Si j’étais de droite, ça se saurait, et si j’étais de gauche ça se saurait."

Est venu ensuite le tour de Bruno Le Maire, qui a acté son ralliement à l'ancien Premier ministre : "Vous pouvez être fiers d'avoir apporté 44 % des suffrages à François Fillon. Nous n'avons pas été d'accord sur tout depuis quatre ans, mais j'ai toujours eu du respect pour toi et je souhaite que tu sois élu président de la République parce que tu es le mieux à même de rassembler notre famille politique", a-t-il lancé.

Wauquiez entre soutien et autopromotion

Laurent Wauquiez au meeting de soutien à François Fillon, entre les deux tours de la primaire de la droite, le 22 novembre 2016 à Lyon © Tim Douet

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Laurent Wauquiez

Le président du parti Les Républicains devait être impartial et ne soutenir personne dans cette primaire. Il a fini par choisir de se rallier à Nicolas Sarkozy et aujourd'hui à François Fillon. "Ici, à Lyon, on aime bien ceux qui comprennent que c'est à Lyon que les choses se passent", a-t-il lâché en arrivant sur scène.


Il a aussi mis en garde les élus dont les attaques sont trop virulentes : "François Fillon et Alain Juppé sont deux bons candidats, mais, depuis lundi, je vois des attaques contre François Fillon avec une violence que je ne peux accepter. Je demande à tout le monde de garder sa dignité et je condamne ceux qui t'attaquent en reprenant les arguments de la gauche."

Laurent Wauquiez a ensuite loué les valeurs de François Fillon en prenant comme exemple son travail au conseil régional : "Ici, nous avons refusé de nous excuser de nos convictions. Ici, à ton image, nous avons été fiers de nos valeurs. Ici, on a fait une politique de droite sans avoir peur. Tu es pour la méritocratie, ici, nous avons rétabli les bourses au mérite sans distinction. Tu es contre le communautarisme, ici, nous avons refusé de financer le futur Institut français de civilisation musulmane financé par les pays étrangers." Un véritable plaidoyer pour une droite décomplexée : "Plus personne ne nous dicte ce que l'on doit penser tout bas et ce que nous disons tout haut et ce n'est pas la CGT qui va dicter ce qu'il se passe dans le pays."


Ambition personnelle pour le président du conseil régional ? Pas du tout, répond-il : "Je ne négocie rien, je n'attends pas de ministère et je ne veux pas rentrer au gouvernement, parce que je veux m'occuper de ma région." Comme tous les orateurs du soir, Laurent Wauquiez n'a pas pu s’empêcher de citer Najat Vallaud-Belkacem pour chauffer la foule : "Ceux que nous avons en face appliquent un idéal de déconstruction, comme Christiane Taubira et Najat Vallaud-Belkacem." Un véritable gimmick pour chaque intervenant. Qui a fait mouche à chaque fois.

François Fillon déroule son programme “radical”

François Fillon en meeting à Lyon, le 22 novembre 2016. A sa gauche, sa porte-parole, Valérie Boyer. Derrière eux, Olivier Ginon © Tim Douet

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Meeting de François Fillon à Lyon.

De son côté, François Fillon a déroulé son programme sur les marqueurs de la droite qu'il défend : la dérégulation, l'islam, la relation avec la Russie, la lutte contre Daech, la famille. Dernier point sur lequel il a insisté, en la présence de Ludovine de La Rochère de la Manif pour tous et de Madeleine de Jessey, la tête d'affiche de Sens commun : "La gauche parle beaucoup de solidarité, mais s'attaque à la famille. Moi, je veux remettre la famille au cœur des politiques publiques parce que la famille est un espace de tendresse, d'enfance et de solidarité entre générations. C'est pourquoi nous réécrirons le droit à la filiation pour protéger les droits des enfants, mis à mal par le mariage pour tous."


Alors qu'Alain Juppé fait feu de tout bois à son égard sur le côté "radical" de son programme, l'ancien maire de Sablé-sur-Sarthe a assumé : "Si on n'est pas radical maintenant, quand le sera-t-on ?" a-t-il lancé. François Fillon s'est aussi montré élogieux à l'égard de Nicolas Sarkozy : "Nous avons tous deux formé un des tandems les plus efficaces de la Ve République. À l'heure où il se retire avec élégance, je veux lui adresser à nouveau le témoignage de mon respect." Il a plutôt réservé ses attaques à la gauche, spécifiquement à François Hollande, qui, selon lui, "nous laisse une France en dépôt de bilan économique et moral".


L'ancien Premier ministre a conclu son discours en revêtant l’habit d'un président de la République, expliquant vouloir "un gouvernement resserré avec 15 ministres, dont certains seront issus de la société civile et devront être prêts dès le premier jour avec des projets de loi déjà écrits". Il a tout de même conclu sur une note plus modeste pour poursuivre la mobilisation derrière lui : "Rien n'était joué avant le 20 novembre. Rien n'est joué aujourd’hui."

Son programme en quelques déclarations :

  • "La liberté est le carburant d'une société vivante. Les pays qui s'en sont sortis sont ceux qui ont utilisé la liberté. Les socialistes craignent la liberté parce qu'ils ne la contrôlent pas. Mais les chômeurs ne craignent pas la liberté, ils craignent le chômage. C'est pour cela que je veux vraiment abroger les 35 heures pour laisser le choix au sein des entreprises."
  • 
"Je préfère la suppression de l'ISF plutôt que de laisser l'économie française passer sous pavillon étranger."
  • "Je veux rendre la liberté à la liberté. Mais la liberté sans autorité, c'est l'anarchie. C'est les zadistes qui tiennent le terrain à Notre-Dame-des-Landes. C'est la jeune Leonarda qui nargue le président de la République. C'est le père de famille qui gagne dix fois moins que le dealer. C'est le policier attaqué au cocktail Molotov."
  • "Un criminel n'est pas une victime, mais un criminel. Un délinquant n'est pas un jeune qui se cherche, c'est un délinquant. Un djihadiste n'est pas un déséquilibré, c'est un terroriste. L'impunité zéro ne doit pas être la règle. Je vais donc rétablir les peines plancher pour les récidivistes et créer 16 000 places de prison."
  • "Il faut un strict contrôle du culte musulman, tant qu'il n'y aura pas un ancrage républicain et une dissolution des mouvements qui se réclament du salafisme et des Frères musulmans. Je veux aussi des clarifications avec l'Arabie saoudite et le Qatar, qui abritent les penseurs de l'islam radical."
Meeting de François Fillon à Lyon

© Tim Douet
Meeting de François Fillon à Lyon

Paroles de militants :


Fabien : 
"J'ai voté pour Sarkozy au premier tour et le programme de Fillon est celui qui ressemble le plus à celui de Sarkozy. Le côté liberté me plaît parce qu'il faut plus miser sur la liberté et moins sur le social. J'ai aimé Fillon dans les débats parce qu'il n'a pas attaqué Nicolas Sarkozy, mais a simplement défendu son programme. Je préfère ce que dit Fillon sur la Russie et la Syrie que ce que disait Sarkozy. J'aimais beaucoup la personnalité de Nicolas Sarkozy, mais Fillon est peut-être meilleur, car plus rassembleur."

Virginie, Fabienne et Martine : "Nous avons voté pour Fillon au premier tour. Ce qu'il dit sur la liberté nous plaît. Il est déterminé à changer les choses et à rendre les gens acteurs de leur propre vie. Il a une constance dans sa détermination et son intégrité. C'est donc un vote de conviction que l'on fait."

Claire : "Il parle aux jeunes parce qu'il parle de liberté et de prendre son destin en main. Il souhaite aussi remettre la famille au centre de sa politique. J'ai manifesté contre le mariage pour tous donc je ne peux que souscrire à sa volonté de réécrire la loi sur la filiation."

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