L’UMP redoute une triangulaire

À droite, les candidats ne s’en cachent pas vraiment : reprendre la région sera très compliqué. Pour se donner de l’espoir, ils tablent sur une abstention en baisse et le Front National à moins de 10% au premier tour. En attendant, ils serrent les rangs et démontent Jean-Jack Queyranne.

Entre Louis la Brocante et Françoise Grossetête, les retraités de l’Est lyonnais ont fait leur choix mardi soir. Ils sont venus écouter la candidate de l’UMP aux régionales. À Meyzieu, ils étaient presque 300 dans la salle. Très peu de Jeunes Populaires qui font habituellement la claque dans les meetings mais beaucoup de retraités venus se faire “remobiliser” par les candidats de la droite. Et aussi entendre un discours conquérant qui tranche avec celui des dernières semaines. L’UMP a basculé en mode campagne après le fiasco de l’élaboration des listes qui avait laissé un sentiment d’amertume à quelques élus ainsi qu’à des militants.

Queyranne, le premier thème de campagne

Mais l’heure n’est plus aux états d’âmes. La machine est lancée et le discours se fait agressif. La gestion Queyranne de la région est vilipendée. À la tribune, ils s’y sont mis à quatre pour dégommer le président actuel (PS) de la région. Michel Forissier, maire UMP de Meyzieu, passant la première couche : “la région est devenue la pompe à fric du PS, un outil de propagande inacceptable”. Philippe Cochet, président de la fédération du Rhône et député, l’imite : “la hausse des impôts que vous avez subie, c’est du pouvoir d’achat en moins”. Philippe Meunier, député et deuxième de la liste du Rhône, en rajoute : “l’alliance PS-Les Verts paralyse la région depuis six ans”. Et Françoise Grossetête d’enfoncer le clou en raillant le bilan de Jean-Jack Queyranne : “sa politique de l’emploi, c’est de passer le nombre de fonctionnaires travaillant à la région de 870 à 1600 durant son mandat”.

Et la candidate d’égrener les différents frais de fonctionnement : voyages à l’étranger, communication. Les arguments se rattachent presque tous à la gestion de l’institution. Jean-Jack Queyranne et son exécutif auront occupé la moitié des temps de parole des candidats de l’UMP. Pour le programme, Françoise Grossetête et Philippe Meunier avaient axé leur discours sur l’emploi, le soutien aux PME-PMI, le financement de routes, la sécurisation des trains par la vidéosurveillance et le nucléaire. Des thèmes assez classiques de la droite et qui constituent le coeur de leur programme.

Bourrage de crâne

Voilà pour les figures imposées. Le programme libre était, lui, beaucoup plus décousu. Les thèmes régionaux n’étant pas portés par un interlocuteur en particulier, la réunion publique de mardi soir a fini par ressembler à une séance de bourrage de crâne. L’EPR (centrale nucléaire de nouvelle génération) est réclamé deux fois. Le soutien aux agriculteurs est promis par Philippe Meunier, Michel Forissier et Françoise Grossetête. À la tribune, les candidats se sont succédés pour dire sensiblement la même chose. Mais dans la salle, les militants opinent à défaut d’applaudir.

“Voter FN, c’est voter socialiste”

Et puisqu’il fallait galvaniser les militants présents, l’UMP a aussi évoqué la victoire et tracé le sentier pour y parvenir. Même si pour l’heure, les candidats admettent être en retard. “Notre électorat est démobilisé. Si nous réveillons 5% à 10% de gens qui ont prévu de rester à la maison le jour du scrutin, nous ferons la différence”, annonce le député-maire de Caluire-et-Cuire.

Pour Michel Forissier, le chemin de la victoire est aussi à défricher à droite de la droite. “Le danger est au 1er tour. Voter FN lors d’une triangulaire au second tour, c’est voter socialiste, il ne faut pas l’oublier. Répétez-le aux gens qui seraient tentés par le vote protestataire. Pour gagner, nous devons être le seul représentant de la droite au second tour”, prévient le maire UMP de Meyzieu. “Bruno Gollnisch est la meilleure assurance vie de Jean-Jack Queyranne”, souligne Françoise Grossetête. Avec deux “si” de taille, l’UMP espère donc inverser le cours de sondages qui donnent la droite largement battue au second tour par Jean-Jack Queyranne. Coincée par un contexte national qui les dessert (popularité de Nicolas Sarkozy en berne) et une campagne locale qui a mis du temps à décoller, l’UMP n’a pas trop le choix.

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