4 avocats dans la bataille

Avec les médecins, c'est la profession libérale la plus engagée. Chez Collomb, comme chez Perben, ce sont eux qui animent le début de campagne. 4 d'entre eux plus particulièrement : Philippe Genin et Richard Brumm, tous deux un peu perdus dans "le camp d'en face". Amaury Nardone et Alain Jakubowicz, qui savent par contre parfaitement user des cordes politiques et entendent tenir leur rôle dans la campagne. Cette semaine, Lyon Capitale met cette profession à l'honneur, à travers quatre formes de portraits croisés.

Genin, un homme d'honneur
Avocat de centre-gauche, issu d'un milieu modeste, Philippe Genin a été l'un des principaux artisans des quatre premières années de campagne de Dominique Perben. Il s'est retiré, au moment où beaucoup arrivent pour la chasse aux postes. Un peu perdu au milieu des alliances très droitières nouées par Perben, il a rendu sa fonction de porte-parole, mais s'est mis sur une liste, en position non éligible, pour ne pas "lâcher Perben". "Il montre qu'il ne s'est pas engagé pour avoir un poste et reste fidèle à ses engagements. Ça l'honore et ça honore la profession" commente l'avocat Alain Jakubowicz. Genin pourrait cependant revenir, si Perben donnait des signes (lire Nardone sur la sellette). En attendant, il regarde la campagne en homme libre. Il a même vu "une certaine filiation" entre certains projets de Collomb et ceux qu'il a développées dans son livre.

Nardone sur la sellette
Réputé très à droite, excellent débatteur, Amaury Nardone cristallise toutes les passions en ce début de campagne. Normalement, la deuxième place sur les listes Perben dans le 6e arrondissement devrait lui revenir. Mais Perben tiendra-t-il cette promesse ? Car du côté du Modem, Nardone constitue "un point de blocage", tant les affrontements qu'il a eus avec Anne-Marie Comparini (UDF) en 1998 ont pu être violents. "A titre personnel, je trouve la présence d'Amaury Nardone rédhibitoire" a même lâché cette semaine l'une des figure locale du Modem, Anne-Sophie Condemine.
La présence de Nardone a surtout fait "fuir" l'un des plus fidèles ouvriers de Perben, Philippe Genin. Même s'il n'y croit pas trop, ce dernier confie à Lyon Capitale : "Si Perben vire Nardone et fait un accord avec le Modem, je pourrais revoir ma position". Il l'a dit à Perben. Mais ce dernier peut-il se permettre d'évincer Nardone ? "S'il fait ça au dernier moment, Nardone n'aura pas de capacité de nuisance" pense l'un. "Politiquement, c'est infaisable. Sauf pour des raison non politiques..." répond un autre. Mais quelles raisons ? Son nouveau job à Paris, peut-être. Nardone a en effet été nommé dans un grand cabinet parisien. L'info n'a rien de neuf, et Nardone y a déjà répondu à plusieurs reprises en rappelant qu'il restait investi à Lyon. Mais en matière de prétextes, parfois, faute de grives...
Jaku interpelle Collomb et Perben
Une campagne municipale sans Alain Jakubowicz, ça n'aurait pas la même saveur. Ancien adjoint de Michel Noir et président du CRIF, l'avocat n'a jamais cessé de mener ses combats en faveur des droits de l'Homme. Nommé président du Conseil Lyonnais pour le Respect des Droits, organisme qui fédère une cinquantaine d'associations, il entend bien se servir de ce promontoire pour se faire entendre dans la campagne. "Les valeurs de l'humanisme n'ont pas été suffisamment portées haut et fort au cours de ces dernières années. On va jouer fièrement notre rôle de mouche du coche" explique-t-il. Tous les candidats seront donc invités à répondre à un questionnaire, et à assister à la "pleinière" du CLRD, le 12 février prochain. "Et entre les deux tours, nous organiserons, entre les finalistes, un grand débat public sur les valeurs de la ville" poursuit-il, avant de confier : "Je ne lâcherai pas. Ni l'un ni l'autre. Les enjeux sont trop importants. Notre Ville n'a pas été à la hauteur. Nous n'accepterons plus qu'une seule personne passe une nuit dehors dans notre ville, ou que nos handicapés soient dissimulés à notre vue comme les lépreux du XXIe siècle". À la fin, Jaku, à titre personnel prendra position. Son choix n'est pas fait, même s'il confie que les alliances nouées très à droite par Perben "posent question".
Richard Brumm : "Je n'irai pas en Ferrari au conseil municipal"
"Richard Brumm est très sympa, mais sa présence sur les listes Collomb est inacceptable". Responsable NPS, Yann Crombecque exprime ouvertement la franche opposition de pas mal de militants socialistes à l'égard de l'avocat sarkozyste. "À quoi bon gagner, si on fait élire des sarkozystes ?" interroge l'un d'eux. "Dans les événements de la campagne, Brumm est toujours seul, laissé de côté... C'est pathétique" poursuit un autre. Brumm n'est pas seulement sarkozyste, il incarne tout ce que la gauche exècre : le fric décomplexé du nouveau-riche. "Il a monté de toute pièce un gros cabinet, spécialisé dans le recouvrement, et qui tourne entièrement autour de lui... et a placé sa fille pour prendre sa suite" confie un de ses confrères, un brin admiratif, qui ajoute : "Je ne sais pas s'il va avec sa Ferrari aux réunions de section !" Facile d'accès, Brumm répond sans chichis : "Je détonne un petit peu. Je suis plutôt un bourgeois, j'ai une situation plus aisée peut-être que ceux qui bossent habituellement avec Collomb... Mais je n'ai pas de complexe avec l'argent. Je suis parti de rien, j'ai bossé 30 ans de ma vie 13 ou 14 heures par jour, je n'ai vraiment pas honte". Il dit "aimer l'argent pour le confort de vie qu'il apporte", et reconnaît avoir eu "des audaces à des moments où ça ne se faisait pas. J'ai acheté de belles voitures, quand d'autres achetaient des lingots d'or pour les cacher." Partisan de "décomplexer le rapport des Français à l'argent", il précise qu'il n'ira pas en Ferrari au conseil municipal : "C'est fait pour en jouir, ce serait provoquant d'aller travailler avec."

Un avocat, très impliqué en politique, juge pourtant qu'il se fourvoie avec Collomb : "Les avocats dans cette campagne ne sont pas les plus doués. Genin est out. Brumm, je ne suis même pas sûr qu'il sera au conseil municipal ! En politique, les notables qui se satisfont de bonnes paroles passent après ceux qui négocient leur place au couteau". Relégué dans "les petits numéros" de la liste Collomb dans le 7e, Brumm ne doute pourtant pas : "J'ai une grande confiance en Gérard Collomb. L'idée, c'est que j'aie une délégation en rapport avec l'économie, les affaires, les finances..." Un détracteur "s'étrangle de rire" : "Un type libéral et de droite adjoint tenant les cordons de cette équipe, c'est rigoureusement impossible !" Une autre s'étouffe : "Bonjour la confusion des intérêts si un avocat d'affaire s'occupe d'économie !"

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