Runel : "Sur Lyon, on a décompté environ 1000 personnes qui dorment à la rue"

Sandrine Runel, adjointe à la Ville de Lyon en charge des solidarités, évoque l'hébergement d'urgence sur le plateau de 6 minutes chrono.

Après la vague de froid qui s'est abattue sur Lyon pendant une dizaine de jours, Sandrine Runel regrette que la Préfecture du Rhône n'ait pas suivi les revendications de la majorité municipale lyonnaise : "On avait demandé, et le maire de Lyon l'a demandé, à la préfecture au moment des périodes de grand froid, des températures négatives, de pouvoir déclencher le plan grand froid, ce qui a été fait dans d'autres villes, et notamment à Paris. La préfecture l'a refusé". Elle salue toutefois l'ouverture de 300 places d'hébergement d'urgence programmées sur l'année 2024. "Sur Lyon, on a décompté environ 1000 personnes qui sont à la rue, qui dorment à la rue", souligne l'adjointe aux Solidarités.

Sandrine Runel revient aussi sur la décision de la Ville de Lyon de réquisitionner un gymnase pour mettre à l'abri 140 mineurs isolés qui occupaient le square Perrin dans le 3e et la volonté d'envoyer à la Préfecture la facture de cette mise à l'abri : "Nous avons donc engagé ce recours pour faire en sorte que l'Etat, donc c'est plutôt au gouvernement que nous nous adressons, puisse ouvrir des places supplémentaires. Donc à la fois en urgence, mais aussi sur du logement adapté. Mais surtout qu'elles puissent aussi contribuer financièrement aux dépenses qui sont engagées par les collectivités locales. Aujourd'hui on voit quand même que c'est la ville de Lyon qui développe un certain nombre de dispositifs à ses frais. C'est aujourd'hui le CCAS qui a mobilisé ce gymnase avec son personnel, avec les agents de la ville. Et donc tout ça a des coûts, tout ça a des frais. Et donc effectivement nous souhaitons que l'Etat puisse contribuer".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Sandrine Runel

Bonjour à tous et bienvenue. Vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Sandrine Runel. Vous êtes adjointe aux Solidarités à la Ville de Lyon, adjointe socialiste. On voulait revenir avec vous sur cette période de grand froid qu'on a connu ces 10-15 jours avec des températures souvent négatives, notamment la nuit. Pour faire un point sur l'hébergement d'urgence, on a vu qu'il y a eu des tensions entre vous et la préfecture, mais que finalement il y a eu une sorte de concorde. Les choses se sont un peu arrangées, à la Lyonnaise, chacun a ouvert des places, 300 pour la Préfecture, 140 pour vous en hébergement d'urgence. Vous êtes enfin raccord avec la préfecture sur une vision politique pour essayer de réduire le sans-abrisme à Lyon ?


Alors depuis le début de notre mandat, on rappelle la volonté de la ville pour effectivement s'engager sur la réduction du sans-abris, mais faire en sorte que les personnes puissent être mises à l'abri. On avait demandé, et le maire de Lyon l'a demandé, à la préfecture au moment des périodes de grand froid, des températures négatives, de pouvoir déclencher le plan grand froid, ce qui a été fait dans d'autres villes, et notamment à Paris. La préfecture l'a refusé.


La température y était un peu plus froide, glaciale...

On était à peu près sur les mêmes températures, mais ça a été fait à Strasbourg, ça a été fait à Nantes et à Rennes également. La préfecture du Rhône et donc la préfète a refusé de déclencher le plan grand froid en ouvrant seulement une quinzaine de places, et c'est le communiqué qu'ils ont fait parvenir. Donc voilà, on a regretté à ce moment-là le fait qu'il n'y ait pas de places supplémentaires, parce que les personnes étaient quand même dehors. Et puis il y a une semaine, la préfète annonce la création de 300 places. Alors sur l'année 2024, donc pour l'instant ces 300 places ne sont pas effectives, une cinquantaine de places vient d'ouvrir à Villeurbanne. On attend donc d'avoir des informations complémentaires sur ce qui va se passer tout au long de l'année et où ces places vont pouvoir ouvrir. Nous effectivement, ce qu'on espère, c'est que les familles que l'on connaît, qui sont aujourd'hui à la rue ou hébergées dans les écoles, ou dans une école notamment, dans le 9e arrondissement, puissent être prises en charge avec l'ouverture de ces places.

Concrètement, il faudrait combien de places d'hébergement d'urgence pour que personne ne dorme à la rue l'hiver quand il y a des températures aussi glaciales ?

Aujourd'hui sur Lyon, on a décompté environ 1000 personnes qui sont à la rue, qui dorment à la rue, dans des écoles, qui dorment dans des squats que l'on connaît. Donc environ 1000 personnes uniquement sur Lyon, je ne parle pas du reste de la métropole. Mais on sait que la solution, alors la solution immédiate, c'est évidemment de créer des places d'hébergement d'urgence, mais ce n'est pas la seule solution. Ce qu'il faut, c'est créer évidemment du logement, mais aussi d'autres places d'hébergement pour que les personnes qui sont aujourd'hui en urgence puissent bien sûr accéder à de l'hébergement plus stable et à un logement adapté. Ce qui coince aujourd'hui, c'est qu'on a des personnes en urgence qui ne bougent pas, qui restent là alors qu'elles pourraient avoir accès au travail et qu'elles pourraient travailler, avoir des revenus et ainsi pouvoir s'insérer durablement dans la société.


Vous, avez libéré un gymnase pour accueillir 140 mineurs isolés qui squattaient au Square Perrin. Vous voulez envoyer la facture de cette mise à l'abri à la préfecture. C'est un coup de com' ou vous pensez réellement que la préfecture devrait vous dédommager pour...

 La ville de Lyon engage un recours avec d'autres villes comme Paris, Bordeaux également et Strasbourg. Nous avons donc engagé ce recours pour faire en sorte que l'Etat, donc c'est plutôt au gouvernement que nous nous adressons, puisse ouvrir des places supplémentaires. Donc à la fois en urgence, mais aussi sur du logement adapté. Mais surtout qu'elles puissent aussi contribuer financièrement aux dépenses qui sont engagées par les collectivités locales. Aujourd'hui on voit quand même que c'est la ville de Lyon qui développe un certain nombre de dispositifs à ses frais. C'est aujourd'hui le CCAS qui a mobilisé ce gymnase avec son personnel, avec les agents de la ville. Et donc tout ça a des coûts, tout ça a des frais. Et donc effectivement nous souhaitons que l'Etat puisse contribuer. Donc c'est le recours que nous avons engagé. Et donc désormais l'ensemble des frais qui seront engagés par la ville de Lyon dans le cadre de l'hébergement d'urgence qui n'est pas notre compétence, nous enverrons la facture du coup à l'Etat, au gouvernement dans le cadre de ce recours.


Est-ce que vous allez aussi l'envoyer à la Métropole de Lyon ? Puisque vous, vous n'avez pas la compétence hébergement d'urgence, vous n'avez pas la compétence non plus mineure isolée. Or la Métropole elle a cette compétence mineure isolée. Vous vous substituez aussi peut-être à leur action. Est-ce que du coup vous allez aussi leur faire partager la douloureuse ?


Alors sur cette question justement des mineurs isolés qui sont des mineurs en recours, c'est bien le problème et c'est le problème que nous rencontrons depuis des années et notamment depuis le début du mandat puisque nous ne sommes pas à notre première opération de mise à l'abri de jeunes dans des gymnases.


Et pas que l'hiver du reste.


Et pas que l'hiver bien évidemment. Et donc sur ces MNA  (mineurs non accompagnés) en recours tout le monde se rend voit à la balle et notamment la Métropole et l'Etat puisqu'ils ne sont considérés ni mineurs ni majeurs. Donc ce que nous demandons c'est qu'il y ait aujourd'hui une présomption de minorité. Donc la loi en fait puisse leur permettre d'avoir un statut et à partir de là on verra qui est compétent. Mais il y a trois semaines l'ex-ministre annonçait que ces jeunes étaient donc considérés comme des majeurs. Si c'est des majeurs ils sont pris en charge par l'Etat. Si effectivement il y avait une présomption de minorité et qu'ils étaient considérés comme mineurs le temps que le juge des enfants se prononce, ils relèveraient de la compétence des départements et donc chez nous de la Métropole. Mais aujourd'hui on ne sait pas en fait qui est compétent là-dessus.


Mais est-ce que vous trouvez que la Métropole en fait assez ? Parce que la ville de Lyon se substitue aussi à eux parfois.


Je pousse bien évidemment pour que la Métropole en fasse toujours plus comme le fait la ville. Aujourd'hui nous souhaitons pouvoir travailler avec la Métropole sur des actions complémentaires et notamment sur l'ouverture de stations, donc de places en stations pour ces jeunes en recours justement. Et là-dessus oui en tout cas moi je travaille et je pousse pour que la Métropole puisse y aller.

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