Jean-Charles Kohlhaas
Jean-Charles Kohlhaas

"Madame Sarselli propose un retour aux années 70", tacle Jean-Charles Kohlhaas

Jean-Charles Kohlhaas, vice-président Les Ecologistes de la Métropole de Lyon en charge des transports et candidat aux municipales à Oullins-Pierre-Bénite, est l'invité de 6 minutes chrono.

Six mois avant les élections municipales, un sondage publié par Mag2Lyon place les écologistes en ballottage très favorable à Lyon face au candidat Aulas à Lyon et pour la Métropole, le constat est juste moins alarmant. Pour Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la métropole en charge des transports et candidat à Oullins-Pierre-Bénite, il est encore trop tôt pour s'inquiéter : "les sondages à six mois des élections, s'ils étaient suivis des faits, Édouard Balladur aurait été président et Macron n'aurait jamais été président". Il trouve d'ailleurs des motifs d'espérer :"Les politiques sont approuvées dans le même sondage, très largement, à part effectivement la ZTL qui est encore discutée mais qui est toute fraîche. Globalement, toutes les autres, c'est plutôt 75-80%". Il estime qu'il s'agit d'un "problème de personne et de notoriété", critiquant au passage une campagne menée sur les réseaux sociaux plutôt que sur le fond et sur la base d'approximations.

Face aux attaques de Véronique Sarselli, candidate LR qui promet de revenir en arrière sur la ZTL et les aménagements cyclables, Jean-Charles Kohlhaas assume l'affrontement idéologique. "Il y a deux visions du monde qui s'affrontent", explique-t-il. Avant de dénoncer "un retour aux années 70, aux années Pompidou où on construisait des routes et des autoroutes partout".

Oullins-Pierre-Bénite, un enjeu métropolitain

À Oullins-Pierre-Bénite, où il mènera une liste de gauche unie, Kohlhaas s'appuie sur les résultats des législatives 2024, où le Nouveau Front populaire a obtenu 48% au second tour pour espérer gagner la ville. Sa campagne se concentrera sur la démocratie locale et la qualité de vie, critiquant la fusion des deux communes réalisée "en huit mois sans concerter la population".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Jean-Charles Kohlhaas

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui nous sommes avec Jean-Charles Kohlhaas, bonjour. Vous êtes vice-président de la Métropole en charge des transports, vous serez aussi candidat des écologistes aux élections municipales à Oullins-Pierre-Bénite. Avant d'aborder cette échéance, je voulais revenir avec vous sur ce sondage publié par nos confrères du Mag2Lyon la semaine dernière, qui montre que les écologistes sont en difficulté à Lyon face aux candidats Hollas et que cela a aussi des répercussions sur la Métropole de Lyon. Pour vous, y a-t-il péril en la demeure à ce stade, au début de cette campagne des municipales et métropolitaines ?

Alors, pour vous dire : les sondages à six mois des élections, s’ils étaient suivis des faits, Édouard Balladur aurait été président et Emmanuel Macron n’aurait jamais été président. Donc on a encore du temps. Deuxièmement, oui, il y a un vrai sujet de notoriété. Jean-Michel Aulas, sa notoriété, sa médiatisation et son âge font qu’il passe bien auprès de la population.

Vous pensez que c’est un problème de notoriété, pas de mécontentement vis-à-vis des écologistes et de leur politique ?

Les politiques sont approuvées dans le même sondage, très largement, à part effectivement la ZTL qui est encore discutée mais qui est toute récente. Globalement, toutes les autres politiques recueillent plutôt 75 à 80 % d’approbation. Donc c’est vraiment un problème de personne et, pour moi, de notoriété. Et puis d’image médiatique : on vit aujourd’hui dans une société où les médias et les réseaux sociaux influencent la démocratie bien plus qu’autre chose. Effectivement, s’adresser à l’intelligence des gens, expliquer, aller dans le fond des choses, c’est beaucoup plus compliqué que de distribuer des fake news ou de faire des petites vidéos de quelques secondes quand on est un peu connu. On a beaucoup plus d’écho sur les réseaux sociaux.

Mais il y a une inquiétude chez vous à ce stade ?

Je ne pense pas que ce soit encore une inquiétude. Il y a évidemment une stimulation à se mettre au travail, à changer peut-être de stratégie, à passer la seconde voire la troisième, et à aller beaucoup plus loin, beaucoup plus fort. Mais vous savez, nous sommes encore pris par nos mandats actuels qui ne sont pas terminés, avec beaucoup de choses à faire. Et Dieu sait qu’il y a quelques chantiers importants qui se terminent dans les semaines et les mois à venir. Donc nous sommes d’abord concentrés là-dessus plutôt que de dire des bêtises sur nos adversaires via les réseaux sociaux.

Qu’est-ce qui vous donne des motifs d’espérer être élu à Lyon et, par ricochet, à la Métropole de Lyon ? Si Lyon devait « tomber », ce serait beaucoup plus compliqué pour vous, écologistes, de garder la présidence de la Métropole. Qu’est-ce qui vous fait dire que ce sondage peut ne pas être révélateur de ce qui va se passer dans six mois ?

Parce que les sondages sont rarement révélateurs de ce qui se passe, même un mois après. Je vous rappelle qu’aux dernières législatives, 27 sondages sur 29 se sont trompés. C’est une photo à un instant donné. Ce qui m’intéresse, c’est l’échantillon, et surtout les politiques que nous menons, qui sont largement approuvées, y compris l’encadrement des loyers par exemple. Il faut donc défendre notre bilan, le terminer et aller au fond des choses. C’est toujours plus compliqué de s’adresser à l’intelligence des gens que de faire des petites phrases.

Votre bilan est attaqué. On a vu la candidate des Républicains, Véronique Sarselli, maire LR de Sainte-Foy-lès-Lyon, dire qu’elle allait revenir en arrière sur la ZTL, sur la rue Grenette, sur les couloirs de bus en site propre. Quand elle fait ça, entre guillemets, elle vous rend service ?

Alors je ne sais pas si elle nous rend service.

Vous attendez d’avoir des adversaires pro-voiture. Vous dites : plus ils sont pro-voiture, plus vous avez de chances d’être élus. Elle vous rend service ?

Je ne dis pas que plus il y a de pro-voiture, plus on a de chances d’être élus, parce qu’on n’est pas anti-voiture. Mais effectivement, il y a deux visions du monde qui s’affrontent. Je préfère de loin cela, avec Madame Sarselli qui propose un retour aux années 70, aux années Pompidou où l’on construisait routes et autoroutes partout. Elle veut supprimer les espaces piétons, vélos et transports en commun pour remettre des voitures. C’est vraiment un retour en arrière, une vision totalement différente du monde. Nous, nous avons une autre idée du XXIe siècle et de ce vers quoi nous devons aller. Mais c’est un affrontement politique classique et je respecte Madame Sarselli et ses visions, qui sont totalement opposées aux nôtres. Ce n’est pas la même chose que des petites phrases qui n’ont aucun sens ou des fake news ou des promesses intenables. Quand Aulas promet la gratuité des transports en commun pour certains Lyonnais, cela représente 60 à 90 millions d’euros suivant la mise en place et les effets d’aubaine. On sait que c’est irréalisable. Quand M. Aulas ou d’autres proposent des métros à plusieurs milliards d’euros alors qu’ils n’en ont pas la compétence, puisque c’est le Sytral et non la ville de Lyon qui décide des métros, et que le budget du Sytral ne permet pas de tels projets, on sait que c’est irréalisable. Donc je préfère un vrai affrontement sur des visions différentes du monde que des fausses promesses qui n’engagent que ceux qui y croient.

Vous allez être le candidat des écologistes et probablement d’une gauche unie à Oullins et Pierre-Bénite, puisque maintenant c’est une seule et même ville. C’est un enjeu important pour les écologistes dans la préservation de leur majorité à la Métropole, puisque la circonscription métropolitaine à laquelle appartient Oullins-Pierre-Bénite avait envoyé des élus écologistes en masse au conseil métropolitain. Est-ce que vous pensez que cette ville peut encore être gagnée ? Vous aviez échoué aux municipales à quelques centaines de voix. Peut-elle l’être maintenant que Pierre-Bénite a été ajoutée à Oullins ?

Vous savez, il y a eu des législatives l’année dernière en 2024 et la NUPES, avec sa candidate Lucie Durand, a fait un super score : 43 % au premier tour et 48 % au deuxième, loin devant ses adversaires. Depuis, nous avons continué à travailler ensemble. La NUPES rassemble une majorité de personnes non encartées, et toutes ont souhaité que nous soyons unis pour les municipales. C’est ce que nous avons fait et nous rassemblons aujourd’hui une moitié de personnes non encartées, et l’autre moitié issue des partis écologistes et de gauche. Donc je pense que nous avons une chance de gagner. Mais aucune élection n’est gagnée à l’avance : il va falloir se battre.

Et la campagne va se jouer sur quoi ? On a beaucoup entendu parler des mobilités pendant ce mandat à Oullins-Pierre-Bénite, avec l’expérimentation sur la grande rue d’Oullins. Vous pensez que la campagne va se jouer autour de ça ?

Je pense qu’elle va se jouer sur des projets très différents. Sur la démocratie, par exemple, nous n’avons pas du tout la même vision que M. Moroge, qui a fusionné Oullins et Pierre-Bénite en huit mois sans concerter la population, ni même ses propres élus, qui ont été informés par la presse. Nous avons une autre vision de la démocratie et de la transparence vis-à-vis des habitants. Nous savons que nous ne pourrons pas défusionner du jour au lendemain, bien évidemment, mais nous dresserons un bilan complet de cette fusion. Nous le partagerons avec les habitants, les agents, les commerçants, les artisans, les entreprises, les associations, et nous verrons quelle suite y donner. Sur la qualité de vie, puisque vous parlez de circulation : ce que les habitants attendent, c’est moins de voitures dans leur quartier et moins de vitesse dans les rues que leurs enfants empruntent pour aller à l’école. Sur ce sujet, nous avons un vrai conflit avec M. Moroge, qui veut toujours plus de voitures partout, comme si c’était une solution, y compris pour le commerce local. Nous avons toujours démontré que c’était faux. Nous discuterons avec les habitants, quartier par quartier, pour construire un projet d’apaisement de la circulation à Oullins et Pierre-Bénite.

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