Valentin
© Tim Douet

Réquisitoire accablant pour Moitoiret et Hégo

Jean-Paul Gandolière, l’avocat général, a requis – comme en première instance – 30 ans de réclusion criminelle pour Stéphane Moitoiret, accusé d’assassinat, et 18 ans pour Noëlla Hégo, poursuivie pour complicité. Il va même plus loin, dans ses derniers mots, en demandant aux jurés de “suivre les décisions de la cour d’assises de l’Ain en 2011”.

Au terme d’un réquisitoire de deux heures, Jean-Paul Gandolière a fait un copié-collé de son précédent réquisitoire dans l’Ain. Il a évoqué en préambule la douleur de la famille de Valentin, de sa maman "qui a fait preuve de beaucoup de dignité – le pire pour une mère est de perdre son enfant".

Le rôle essentiel de Noëlla Hégo pour l’avocat général

"Je ne suis pas un mercenaire de l’accusation, lance-t-il aux jurés. Je suis là, simplement, pour essayer de vous faire partager ma conviction." Et le voilà, il commence alors une longue description du couple, ce duo quasi maléfique et du rôle primordial de Noëlla Hégo dans cette relation. "Cette relation à deux est fondamentale, c’est là que vous allez trouver la solution". Méthodiquement, il condamne déjà Noëlla Hégo, la rendant responsable de l’assassinat, en tout cas d’en être l’instigatrice. "Sans elle, Stéphane Moitoiret n’aurait pas tué", affirme-t-il.

L’emprise de Noëlla Hégo sur Moitoiret est la source de ce dossier. Pour lui, le couple vit comme une secte à deux : "Il est tombé sous l’obédience de cette femme." L’avocat général multiplie les métaphores grandiloquentes : "C’est la reine qui mène son bouffon", "C'était son ange noir". Il en convient d’ailleurs : "J’insiste, car je crois que c’est un peu la base de tout."

“Il était conscient de tuer Valentin, il partait pour tuer ce soir-là”

Sur les faits eux-mêmes, il estime que le retour en arrière est le moyen rationnel de Stéphane Moitoiret de remédier aux dissensions que traversait le couple. Noëlla Hégo voulait le quitter et il ne pouvait pas le supporter. "Ce soir-là, il est parti pour tuer, tonne l’avocat général, dans sa grande robe rouge, la voix un peu nasillarde. Il voulait faire un retour en arrière ; en tuant, il pense que tout redeviendra comme avant, car Noëlla Hégo le lui a dit." À aucun moment, Jean-Paul Gandolière ne lâche sur la culpabilité de Noëlla Hégo, qu’il accuse de complicité par provocation.

– C’est vous qui avez allumé la mèche, dit-il en s’adressant à Noëlla Hégo.

Non, souffle-t-elle.

– Si, taisez-vous, tonne-t-il.

L'avocat général estime que les deux accusés étaient responsables : "Ce procès est évidemment normal ; tous les crimes ne sont pas commis par des déments, sinon on n’aurait pas jugé Klaus Barbie ici", s’emporte-t-il. Faire le parallèle avec un bourreau nazi, il fallait oser.

En fin de réquisitoire, après deux heures d’explications et de convictions, Jean-Paul Gandolière évacue d’une phrase la possibilité de l’hospitalisation en psychiatrie : "La seule façon d’être certain qu’il restera enfermé dans la durée, c’est la prison", termine-t-il.

Les plaidoiries de la défense ont débuté par celle de Me Naserzadeh, l’avocate de Noëlla Hégo. Point par point, elle compte démontrer l’aberration juridique de l’accusation de sa cliente.

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