Alban Pousset-Bougère et Sara Kebir
Alban Pousset-Bougère et Sara Kebir, bâtonnier et vice-bâtonnière de Lyon

"Les avocats doivent travailler avec la justice pour réduire les délais"

Ce sont, selon leurs propres mots, "les VRP des avocats lyonnais". Alban Pousset-Bougère et Sara Kebir sont les nouveaux bâtonnier et vice-bâtonnière du barreau de Lyon. Ils sont les invités de "6 minutes chrono".

Fort de 4 000 avocats, le barreau de Lyon est le deuxième barreau de France, après celui de Paris. Agent économique régional produisant plus de 550 millions d’euros de chiffre d’affaires, l'Ordre des avocats de Lyon vient d'élire son nouveau bâtonnier. Il s'agit d'Alban Pousset-Bougère, qui défend depuis une vingtaine d'année les entreprises, aussi bien privées que publiques, et les compagnies d’assurances, au sein du cabinet Cornet Vincent Ségurel.

Sa consoeur Sara Kebir, spécialiste en droit du travail au sein du cabinet Wave Avocats, l'épaulera au titre de vice-bâtonnière sur le mandat 2024-2025.

Feuille de route, grands enjeux et défis de la profession, les nouveaux "VRP" des avocats lyonnais détaillent les grandes lignes de leur mandat.

A l'ordre du jour : simplification des procédures, raccourcissement des délais avec les justiciables, facilitation de l’accès au droit et à la justice à tous les citoyens, le barreau de Lyon ayant une mission d’ordre public, intelligence artificielle...


Retranscription intégrale de l'entretien avec Alban Pousset-Bougère et Sara Kebir

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Alban Pousset-Bougère et Sara Kebir. Vous êtes le nouveau bâtonnier et la nouvelle vice-bâtonnière de l'Ordre des avocats de Lyon. Alors rapide retour en arrière pour comprendre : Yves Hartmann avait été élu bâtonnier en 2022. Il avait démissionné fin 2023, après sa mise en cause dans une affaire de pollution industrielle à Grézieu-La-Varenne, dont il fut maire de 1995 à 2008. Une nouvelle élection a eu lieu le 30 janvier. Vous avez été élu à 51,81% des voix. Avec, cette année, un taux de participation particulièrement élevé de 61%. Qu'est ce qui a, selon vous, Sara Kebir, mobilisé les avocats lyonnais ?

Sara Kebir : On peut l'expliquer de différentes manières. On peut trouver des pistes de réponse dans le projet qu'on a porté avec Alban Pousset-Bougère. Leprojet qu'on a porté visait à rapprocher les avocats de l'Ordre à avoir plus de communication, une ouverture avec nos confrères. Et puis sur le fait qu'il y ait plusieurs binômes en liste c'est donc deux projets différents ce qui vient donner un autre intérêt à cette élection.

Vous parliez, en décembre 2023 dans Lyon Capitale, lors de votre candidature, de "ramener un peu de sérénité entre les confrères". Sérénité c'est-à-dire qu'il y avait des tensions des dissensions des avocats ?

Alban Pousset-Bougère : C'est de ramener du débat. Les avocats aiment bien le débat, la contradiction. Et la dernière fois, il se trouve qu'il n'y avait qu'un seul binôme candidat; donc je pense que c'était important, cette année ,de repartir sur une vraie élection avec deux binômes.

Vous êtes élus pour la mandature 2024-2025. Quelle est votre feuille de route, à tout le moins les grandes lignes directrices, que vous allez insuffler à ce bâtonnat ?

Alban Pousset-Bougère : Elles sont de plusieurs ordres. La première, c'est l'ouverture de l'Ordre aux avocats, c'est-à-dire que les avocats doivent vraiment bien avoir conscience du service qui leur est rendu par l'Ordre des avocats qui est là pour servir les avocats. On pense que si on communique plus sur les travaux de l'Ordre, les avocats y viendront plus y participé. Deuxièmement, c'est une ouverture à l'extérieur - avec d'excellentes relations, elles existent - avec l'ensemble des juridictions, mais c'est bien de pouvoir se rencontrer se voir échanger et régler les difficultés. Et puis être aussi des VRP des avocats à l'extérieur dans le monde économique, notamment, pour que chacun comprenne bien quelle est la situation de chaque profession et quels sont les avantages immenses de la profession d'avocat par rapport aux autres.

Finalement, être bâtonnier, vice-bâtonnière, c'est ce que vous dites, c'est être un peu les VRP, les porte-paroles de la profession ?

Sara Kebir : C'est un peu ça. Il y a plusieurs fonctions, plusieurs missions. Il y a la mission de régler les services, régler la profession au sein du barreau, une mission aussi disciplinaire qui est importante et une mission de représentation de la profession à l'extérieur.

Y a t-il aussi, on en parlait un peu en amont de cette émission, un travail de raccourcissement des procédures, de simplification aussi avec un guichet unique ?

Alban Pousset-Bagère : Oui, il y a plusieurs difficultés pour les avocats du contentieux. On a des délais qui, pour le justiciable, sont devenus totalement insupportables alors, qu'au contraire, la société va de plus en plus vite. Il faut qu'on participe de notre côté, également avec les juridictions, il faut les soutenir, il faut travailler avec eux, pour que les délais puissent être raccourcis. Et puis, d'un autre côté, pour les avocats du juridique cette fois-ci, il y a des problèmes avec la réforme sur le guichet unique qui est passé d'Infogreffe à l'INPI, il y a eu plusieurs allers-retours, et aujourd'hui il faut vraiment qu'on puisse arriver à trouver des solutions pour que, là aussi, il y ait une célérité dans le traitement des formalités des entreprises.

Aujourd'hui, à quels défis sont confrontés les avocats de manière générale, l'intelligence artificielle notamment ?

Sara Kebir : Oui qui est un défi, déjà en cours et dont il faut qu'on s'en empare. Alors on a plusieurs problématiques avec l'intelligence artificielle qui sont de deux ordres. La première, c'est de s'emparer de l'intelligence artificielle parce qu'on n'est pas exclu des bouleversements et des intérêts que ça peut apporter. Et puis, la deuxième, c'est dans la communication avec les justiciables. Il faut qu'on soit présents pour leur expliquer et d'être vigilants quand une intelligence artificielle promet de pouvoir remplacer l'avocat de pouvoir être très rapide et peu coûteuse alors que ce n'est franchement pas le cas sur les derniers décennies.

C'est-à-dire qu'un algorithme ne peut pas remplacer l'avocat ne peut pas remplacer l'humain. Il y aura toujours besoin d'un avocat en chair et en os.

Alban Pousset-Bougère : Bien sûr. Il y a une question de stratégie. L'intelligence artificielle peut nous apporter beaucoup de services, y compris dans l'exercice de notre profession, mais il y a quand même toute la stratégie qui dépend de l'humain. Et ça on n'en est pas là encore.

Sara Kebir : L'intelligence artificielle ne peut pas promettre de régler un différend et d'obtenir une décision judiciaire en un mois quand, nous, on met trois ans pour le faire, parce que c'est tout simplement le délai de la justice. Et là-dessus, il faut qu'on rester vigilants pour que les justiciables mettent une mauvaise appréciation.

C'est la raison pour laquelle nous vous avons invités en chair et en os, Monsieur le bâtonnier et Madame la vice-bâtonnière. Je vous remercie à tous les deux d'être venus sur le bateau de 6 minutes du chrono. Merci à vousau revoir.

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