Manifestation greffiers lyon
Les greffiers ont mené plusieurs grèves cette année pour obtenir entres autres, une revalorisation. (@NC)

A Lyon, les greffiers "discourtois" de nouveau en grève dans un contexte tendu

Les greffiers des juridictions du ressort de la cour d'appel de Lyon étaient mobilisés ce lundi devant le palais des 24-colonnes, à la veille d'un nouveau rendez-vous avec le ministre de la Justice.

Les coups de klaxons sont presque systématique ce lundi matin devant la cour d'appel de Lyon. Interpellés par ces robes noires, habituellement discrètes et muettes, aujourd'hui bruyantes, les automobilistes apportent un soutien de circonstance à la nouvelle mobilisation des greffiers.

"J'ai mal à ma robe"

Venus de Roanne, Bourg-en-Bresse, Saint-Etienne, Villefranche-sur-Saône - où 100 % des greffiers sont en grève - et de Villeurbanne, les fonctionnaires ont mis l'ambiance, et la pression, à la veille d'une nouvelle réunion des syndicats avec le Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. "J'ai mal à ma robe !"; "Greffiers usés, je ne suis pas considérée, je suis épuisée et sous payée"; "#Discourtois", référence aux mots employés par le ministre de la Justice lors de sa venue à Lyon, accueilli par les dos tournés des greffiers et magistrats, les fonctionnaires se sont munis de leur sens de la formule, sur un parvis des 24-colonnes, noir de monde.

"Il faut qu'il revoit sa grille, lance Astrid Clamour, greffière au tribunal judiciaire de Bourg-en-Bresse. Et d'ajouter : Il faut arrêter de nous oublier, on est méprisés par notre propre ministère." La revalorisation proposée par le ministre de l'Intérieur n'a en effet pas convaincu, jugée "honteuse" par les greffiers. D'autant que s'ils devraient bien bénéficier d'un revalorisation d'en moyenne 40 € par mois, la réorganisation des échelons ferait perdre de l'ancienneté aux fonctionnaires. "On s'assoie sur des années d'ancienneté alors que l'on est tous surdiplômés par rapport aux concours, on est des collaborateurs du magistrats, on aimerait une reconnaissance de notre métier, si on n'est pas à l'audience, elle ne vaut rien, nous sommes les garants de la procédure", insiste Audrey Pejoux, greffière à la cour d'appel de Lyon.

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Le contexte de violences urbaines, et la surcharge des tribunaux, "un coup de lumière supplémentaire sur notre mouvement"

Des hommes et des femmes indispensables au bon fonctionnement des tribunaux, et dont la mobilisation au moment où les gardes à vue et déferrements se comptent par centaines dans toute la France - 99 à Lyon - après les violences urbaines liées à la mort de Nahel, oblige le parquet à se réorganiser. A Lyon, trois audiences de comparution immédiates se tiendront concomitamment mardi 4 juillet, seules trois personnes sont jugées ce lundi. "Ca ne fait évidemment pas plaisir, mais le contexte donne un coup de lumière supplémentaire sur notre mouvement, reconnaît Julien Macaron, greffier d'instruction au tribunal judiciaire de Lyon. Et d'ajouter : Cela permet de montrer qu'un tribunal ne peut pas fonctionner sans greffiers."

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S'ils reconnaissent le travail d'Eric Dupond-Moretti depuis son arrivée à la tête du ministère, les greffiers demandent à "faire partie des fonctionnaires bénéficiant de ces avancées", explique encore Julien Macaron. Le Garde des Sceaux a par ailleurs annoncé l'arrivé de treize magistrats et onze greffiers supplémentaires d'ici la fin de l'année à Lyon. "D'ici 2027, avec la loi de programmation que je porte, c'est encore 7,5 milliards d'euros supplémentaires, la justice est le budget régalien qui augmente le plus", s'était défendu le ministre confronté à la colère des greffiers le 27 juin dernier.

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