Najat Belkacem a Decine © Tim Douet 153

(Toute petite) lettre ouverte aux grands amis de Najat Vallaud-Belkacem

Il me revient, ces jours-ci, rumeurs moites et bruissements broites dont la ville de Lyon raffole et qui font une partie de son charme. Ainsi, Lyon Capitale s’apprêterait à "lancer un site national d’extrême droite", eu égard "aux positions défendues par le directeur de la publication à propos du mariage pour tous" (lire ici, ici et ici) qui en seraient "un premier test grandeur nature". Si le ridicule ne tue pas, il fait encore sourire.

Mesdames et surtout messieurs, votre petite milice de la pensée préfabriquée ne m’impressionne guère et pour tout dire m’amuse effectivement beaucoup. Les positions que j’ai défendues, qui n’ont rien à voir avec celles du kâmasûtra, ont néanmoins toute leur place dans le débat républicain (et, si j’ai bien compris, le maire de Lyon se poserait d’ailleurs exactement les mêmes questions). Car le sujet est vaste, complexe et passionnant, notamment pour ce qui concerne la filiation, l’adoption, la PMA et, dans un avenir plus ou moins proche, la GPA. Aussi, je ne saurai me satisfaire des invectives et autres propos de comptoir de prosélytes sur le retour, fussent-ils des people portés sur la lingerie haute-couture. Ainsi Pierre Bergé (lire ici) qui déclarait le 16 décembre : "Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA ou l’adoption. Moi je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant", ou, plus récemment, à l’égard des opposants au mariage pour tous, ses propos pour dénoncer un prétendu "humus antisémite, antigay".

Ne nous y trompons pas, à l’instar d’un Jean-Michel Ribes, qui vient d’affirmer à la télé "un papa, une maman, ça donne aussi Hitler", ou d’un Pierre Bergé, qui n’en est plus à un dérapage près, il y a aussi des activistes politiques plus ou moins anonymes (lire ici) qui peuplent les cabinets ministériels et ont bien compris tout l’intérêt qu’il y avait à criminaliser davantage la parole, afin d’interdire définitivement tout débat en France et d’assimiler ceux qui ne pensent pas comme eux à de dangereux nazillons. C’est que, dans notre pays, le droit pénal réprime les actes qui sont une manifestation de racisme et depuis peu, la législation a aussi pris en compte les injures ou diffamations visant précisément une personne en raison de son orientation sexuelle. La provocation à la haine ou à la violence à l’encontre d’une personne en raison de son orientation sexuelle est ainsi punie d’un an d’emprisonnement et de 45.000 € d’amende (article 24 de la loi du 29 juillet 1881) et la diffamation commise à l’encontre des mêmes victimes est punie de la même façon (article 32 de la loi du 29 juillet 1881).

Enfin, une injure homophobe est punie de 6 mois d’emprisonnement et de 22.500 € d’amende (article 33 de la loi du 29 juillet 1881). Mais, dans le cas d’apologie de crime contre l’humanité –et quand on en arrive à être accusé d’antisémitisme à grande échelle devant le tout Paris médiatique, la frontière devient ténue- les sanctions sont évidemment plus importantes : emprisonnement de 5 ans, amende de 45.000 €, privation de droits civiques pendant 5 ans... De quoi faire réfléchir le pékin moyen, qui ne pourra plus s’énerver que dans le politiquement correct. Va donc, hé patate. Plus sérieusement, et comme toutes les personnes de ma génération sans doute, j’ai un certain nombre d’ami(e)s homosexuel(le)s (oui, je sais, c’est d’une banalité affligeante). Quand je suis invité chez elles ou chez eux, l’homosexualité n’est jamais un sujet, pas plus que l’hétérosexualité. Pourquoi ? Parce que les uns comme les autres, nous détestons par-dessus tout les ghettos (lire ici).

Voilà, c’est tout simple, et nous sommes, je le crois, je le sais, une immense majorité dans ce cas, hétérosexuels ou pas. Cela ne m’empêchera certainement pas d’écrire sur le sujet –ce serait même plutôt le contraire. Ni extrémiste, ni catholique intégriste, ni xénophobe, ni homophobe, j’aime mes ami(e)s, homosexuel(le)s ou pas, en réalité leurs préférences sexuelles "je m’en tamponne le coquillard", comme l’écrivait Raymond Queneau. Mais les militants-talibans-miliciens-de-la-pensée-préfabriquée-dans-le-slip, ça, non merci, sans façon. Mesdames et surtout messieurs, vrais faux-amis de Najat Vallaud-Belkacem, plus vous serez ainsi dans l’excès, plus vous ferez reculer dans le pays la cause que vous prétendez servir, la main sur le cœur… et le petit doigt sur la couture du pantalon.

Didier Maïsto, directeur de la publication de Lyon Capitale.

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