Grandes sagas d’entreprises. - Depuis plus de 170 ans, la Société d’escrime de Lyon (SEL) fait briller les lames autant que les talents. Fondé en 1853, le plus ancien club d’escrime de France a traversé les siècles, sans jamais rompre le fil de sa tradition. Plongée au cœur de l’histoire d’un club discret mais déterminant dans la démocratisation de ce sport, où la passion du fleuret se transmet avec panache.
Lyon, ville d’épée ? Parmi les sports chéris des Lyonnais, l’escrime tient une place à part, plus discrète mais pas moins prestigieuse. On compte d’ailleurs une trentaine de clubs dans la métropole de Lyon, dont certains à la renommée mondiale. De ceux-là, rien moins que le plus ancien club d’escrime de France : la Société d’escrime de Lyon (SEL), qui s’impose depuis 1853 comme un incontournable de cette discipline sportive et esthétique. Depuis ses modestes origines dans un local de la rue Tronchet (Lyon 6e), le club a traversé les époques et les guerres pour devenir un vivier de talents aux palmarès bien garnis, avec des flopées de champions de France, du monde ainsi que des médailles olympiques. Sans surprise, en 170 ans d’histoire, quelques grands noms lyonnais ont aussi fréquenté la salle d’armes. Parmi eux : le banquier Morin-Pons, le peintre Puvis de Chavannes, le maire de Lyon Antoine Gailleton, et aussi Paul Valentin, inventeur de l’épée électrique en 1933.
Aujourd’hui le club est installé derrière la gare de la Part-Dieu et compte 239 adhérents. Un chiffre historiquement haut, porté par l’élan qu’ont suscité les Jeux olympiques de Paris en 2024. “On a même dû refuser des demandes. Ça n’était jamais arrivé”, avance Luc Tuloup, l’un des deux maîtres d’armes assurant les entraînements. Une résilience qui tient aussi à l’esprit familial qui règne dans la salle d’armes, où se côtoient des tireurs de tout âge, avec parfois des fratries entières de passionnés.
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1853-1900 : un club au cœur de la ville
Fondée en 1853 par seize jeunes tireurs au rez-de-chaussée d’un petit local de la rue Tronchet (Lyon 6e), la Société lyonnaise d’escrime se fait rapidement connaître. La ville est déjà empreinte d’une forte culture de l’épée, avec des maîtres d’armes reconnus nationalement, à l’origine de traités fondateurs de la discipline, en plus d’une présence historique de l’armée où l’épée demeure un art enseigné. Sur le fond, la démocratisation de la pratique est aussi liée à l’ouverture sociale permise par la progressive libéralisation des mœurs. Longtemps associé à l’éducation de la noblesse, aux duels, encore très en vogue au XIXe siècle, et aux soldats, le maniement de l’épée commence à attirer les enfants de la bourgeoisie, en force avec l’avènement industriel de Lyon, et d’autres couches sociales. Si l’on ne parle pas encore vraiment de sport, le vocabulaire tend à s’en rapprocher. Dès les premiers statuts, on voit que le club, non sans une pointe d’humour, se donne comme objectif de “réagir le plus possible contre l’engourdissement physique que donne forcément à la longue la vie de bureau, même aux natures les mieux trempées”. Toutefois, la discipline est encore liée à des valeurs morales comme l’honneur, la maîtrise de soi, la formation du corps et de l’esprit ainsi qu’au patriotisme.
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