Procès Preynat : derrière les parties civiles, l’ombre des prescrits

Si dix personnes se sont constituées parties civiles lors de ce procès, de nombreuses autres ont vu leurs faits être prescrits. Leur cas a tout de même été évoqué pendant l’audience.

Ce procès est un iceberg. Pour dix victimes présentes dans la procédure, une trentaine d'autres ont été déclarées prescrites. Le nombre de cas est peut-être plus large. Hier, Bernard Preynat a avoué des agressions tous les week-ends pendant vingt ans et jusqu'à cinq par semaine durant les camps de scouts (lire ici). Avant d'interroger le prêtre au fond, la juge, Anne-Sophie Martinet, a égrené les noms et les faits reprochés dans une longue allitération. Les agressions vont des caresses aux viols par fellation. Deux victimes se sont suicidées depuis les faits. Le prêtre assure ne jamais avoir rien fait à ces deux victimes. Les témoignages sont concordants et évoquent des faits similaires. “Un homme charismatique” qui fait sentir à chaque enfant qu'il est “unique”, “son chouchou”, tout en demandant de garder le secret. “Certains l'appelaient le petit Hitler”, dit l'un d’eux dans une déposition. “En camp, on parlait de lait qui sortait d'un bâton du père, décrit un autre. Ce n’est qu’après que j’ai compris de quoi il s’agissait.”

“Parfois, quand je suis amené à changer mes enfants, il y a ces visions-là”

Souvent, le prêtre utilise le mot “caresses”. Stéphane Hoarau, l’une des parties civiles, s'adresse à lui. “On parle beaucoup de caresses. Ma femme me caresse. M. Preynat, c'était plus animal. Une masturbation, ce n'était pas une caresse. Il m'a masturbé et m'a demandé de le lui faire”, lance-t-il. Les traces des agressions sont profondes. Stéphane S. a été lui aussi masturbé et embrassé sur la bouche par Bernard Preynat. Des agressions qui ont encore des répercussions aujourd'hui. “J'ai deux enfants de deux ans. Parfois, quand je suis amené à les changer, il y a ces visions-là, ces sensations-là, qui reviennent. Je le fais de façon naturelle parce qu'il faut le faire comme ça. Mais il y a des flashs et des craintes qui peuvent apparaître. Bien sûr, changer un enfant, c'est loin de ce qu'il m'a fait. Mais ça n'empêche pas que, quand ces flashs arrivent, à n'importe quel moment, c'est un retour en arrière pas forcément évident.” Le prêtre a conclu cet instant en adressant son “pardon” aux personnes prescrites.

Procès Preynat : “J’étais loin de tous les agresser, Dieu merci”

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