Piqûres sauvages à la seringue : la ville de Lyon et la préfecture du Rhône réagissent

Interpellés par plusieurs associations étudiantes lyonnaises, les autorités et de nombreux établissements festifs ont décidé d’agir pour tenter d'endiguer le fléau des piqûres à la seringue. 

Malheureusement, les attaques à la seringue ne décelèrent pas, bien au contraire ! A chaque évènement semble être appliqué sa dose de piqûres. Selon France Inter, près de 300 plaintes pour des piqûres en discothèques qui ont été déposées depuis fin mars, dont la moitié seulement au cours du mois de mai. 

Ces dernières semaines,  de nombreuses personnes se sont encore retrouvées à la merci des seringues.  A Toulon, lors de l’émission de TF1, pourtant familial, "La chanson de l’année", lors des ferias de Nîmes ou lors des innombrables soirées à travers la France entière. Les enquêteurs ne savent plus réellement quel profil de suspect recherché, le phénomène touchant actuellement tout types d’évènements,

Des organisateurs qui ne restent pas les bras croisés 

Lyon n’est encore une fois pas épargnée par ces attaques répétitives. Cependant, l’inquiétude générale face à la gravité de la situation mène à ne pas, ou du moins plus, rester les bras croisés.

Samedi 21 mai, une nouvelle plainte a été déposée. Piqué lors d’une soirée organisée dans la salle de concert "Grrrnd Zéro", à Vaulx-en-Velin, un jeune homme a été victime d’un black out. "J'ai été piqué par seringue à mon insu dans la cuisse et ai perdu tout souvenir de la soirée ». Ayant réagi directement, la salle de spectacle a affirmé vouloir "restaurer la confiance". Une adresse mail a été créée afin de recueillir les témoignages des victimes ou des témoins. "Nous avons également repensé l’organisation de nos soirées" avec un renforcement des bénévoles, un plus grand nombre de messages et d'affiches de préventions ainsi que des rondes plus régulières. Des sessions de formation collective obligatoire, animées par des associations, ont également été instaurées pour toutes personnes souhaitant organiser un événement festif entre les murs du "Grrrnd Zéro". 

Le week-end du 4 juin était la grande première du festival Réel, événement gratuit  rassemblant de nombreux artistes musicaux sur trois jours. Malgré les actions préventives mises en place par la ville de Villeurbanne et par les organisateurs du festival Réel (présence d’une brigade mobile, mise en place d’une safe-zone)  ce sont encore des soupçons de piqûres qui ont émergé. Malgré tout, grâce au protocole d’accompagnement travaillé en amont, la ville de Villeurbanne confirme que" les personnes victimes d’une suspicion de piqûre ont été prises en charge sur place par la protection civile et par la police nationale."

Une rencontre organisée entre la Ville de Lyon et les étudiants

Au-delà des organisateurs et des patrons, la ville de Lyon semble elle aussi se mobiliser. La "Charte de la vie nocturne", relancée cette année, consacre une partie de son communiqué à la sécurité des jeunes. Créée en 2006, celle-ci fait part de recommandations ainsi que de protocoles afin d’encadrer et d’assurer une meilleure gestions de la vie nocturne. Conscient de l’ampleur que prennent les attaques à la seringue, un plan de communication à l’attention des professionnels de la nuit et de leur clientèle a été mis en place afin de redoubler de vigilance. 

La ville affirme également vouloir travailler avec les bureaux des étudiants ainsi qu’avec différentes salles de spectacles (Halle Tony Garnier, Transbordeur…) concernant la prévention. Est-ce la lettre rédigée à l’attention du maire il y a quelques semaines par plusieurs associations étudiantes lyonnaise qui a fait son effet ? Antoine, président du BDE "MBway Lyon", a affirmé avoir eu un retour du cabinet de la ville chargé de la sécurité : "une réunion est prévue le 15 juin afin de se rencontrer et de discuter."

Les pharmacies, quant à elles, affirment être dans le flou, celles-ci n’ayant reçu aucunes recommandations particulières concernant les comportements à adopter. "Nous n’avons jamais fait face à des cas de piqûres et nous nous sommes justement posés la question de savoir comment réagir si cela nous arrivait" déclare préoccupée une membre de la pharmacie du 8è. "Nous n’avons reçu aucun protocole particulier ou aucune recommandations" affirme la pharmacie de la Gare des Brotteaux. Ayant déjà du faire face à cette situation, celle-ci réclame "plus de précisions". 


"Certaines personnes se font passer pour de fausses victimes."
Thierry Fontaine, patron du Loft Club et président de l’Umih Rhone


Malgré la diffusion de campagnes de préventions, comme sur twitter, et un renforcement des contrôles de police, le gouvernement semble quelques peu perdu

Thierry Fontaine, patron du Loft Club et président de l’Umih Rhone, affirme néanmoins être en collaboration avec la préfecture et les services de police afin d’être tenu au courant du suivi des enquêtes. Les boîtes de nuit, toutes plus vigilantes les unes que les autres, sont en effet en contact permanent avec la police. "On fait notre maximum pour rassurer la clientèle." Après le Azar club c’est le Loft club, dans le 7e arrondissement de Lyon, qui a renforcé ses contrôles en réalisant des fouilles à l’entrée de leur structure, en utilisant  des détecteurs de métaux et en mettant à jour le systèmes de vidéo surveillance afin d’identifier plus facilement les agresseurs. 


"Moi je demande au service de l’Etat de classifier ces faits en acte de terrorisme. Vous devez sûrement vous dire que j’emploie des mots forts mais actuellement certains n’osent plus sortir de chez eux pour faire la fête, boire un verre ou se détendre parce qu’ils ont peur."
Thierry Fontaine, patron du Loft Club et président de l’Umih Rhone


Thierry Fontaine

En boîte de nuit, de multiples cas se sont avérés être faux comme l’affirme le patron du Loft Club "il ne faut pas minimiser le fléau, nombreux sont les cas de piqûres, mais il y a néanmoins une psychose importante qui s’est développée. On a des dizaines de cas par soir qui viennent nous affirmer qu’ils se sont fait piquer."

 Au-delà de cette psychose certains utilisent également les piqûres pour des motifs déloyaux : "certaines personnes se font passer pour de fausses victimes. Nombreux sont ceux qui, dès lors qu’ils ont un peu bu, viennent dire aux videurs qu’ils ont été piqués pour ne pas avoir de soucis avec les videurs. Certains le font également pour avoir plus de like sur leur profil Instagram ou Tik-Tok. C’est dramatique !". Ces faux cas nuisent grandement aux pompiers qui se déplacent systématiquement lorsqu’un cas de piqûre est signalé. 

 


Une affaire qui ne date pas d’hier 

Ce fléau de piqûres semble soudain et exclusive, pourtant il ne date pas d’hier ! Comme le livre Libération, vers l’an 200, l’historien Don Cassius dans son "Histoire romaine", expliquait que certaines personnes enduisaient des aiguilles de poison et s'amusaient à piquer les gens. "Ces choses arrivèrent à Rome mais aussi de le monde entier." La "Revue d’Histoire moderne & contemporaine" nous apprend que près de 400 femmes déclaraient avoir été victimes de piqûres entre août et décembre 1819. En quelques mois, ce nouveau phénomènes se prolifère dans diverses villes de provinces tel que Lyon. La presse, en plein essor, ne manque pas de relayer les informations sur ce sujet en exagérant parfois l’intensité des violences subies. Ce phénomène" cristallise l’angoisse et conduit nombre de femmes à fuir les promenades solitaires dans la ville." Psychose ou faits avérés ? La situation ressemble étrangement à aujourd’hui.

 

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