Incidents place Bellecour à Lyon après la finale de coupe du monde France-Croatie © ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Ouverture d’une enquête pour l’ado éborgné par la police à Lyon

Un mois après les échauffourées entre police et supporters pour la coupe du monde à Lyon, une enquête est en cours. Blessé par les policiers, Joachim a perdu l’usage d’un œil.

Dimanche 15 juillet, alors que la France vibre après la victoire des Bleus contre la Croatie, la Place Bellecour de Lyon devient le théâtre de violents affrontements entre forces de l’ordre et supporters. Blessés par un tir de lanceur de balle de défense, Joachim, 17 ans au moment des faits, perd l’usage de son œil. Médiapart retrace le dérouler de la soirée sous tension du 15 juillet, à l’aide notamment du témoignage de la jeune victime et de sa mère. Deux autres personnes ont également avoué avoir été victimes de violences policières. Le parquet de Lyon a ouvert une enquête préliminaire et a saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Très vite après la victoire de la France pour la coupe du monde de football, la tension monte, et les policiers décident de faire évacuer la place Bellecour, où près de 2000 personnes se sont regroupées. "Vers 20 heures, peu de temps après la fin du match, les policiers ont commencé à gazer tout le monde. C’était irresponsable vu le monde et les personnes présentes. Il y avait des femmes et des enfants. […] Les gaz ne nous permettaient plus de bouger. C’était irrespirable et je me suis mis en colère. J’ai pris une canette vide par terre et je l’ai lancée en direction des CRS, mais sans viser personne. Je n’avais aucune intention de les atteindre. Elle est tombée à 20 mètres d’eux. Je ne suis pas un casseur et je n’ai jamais eu de problème avec la police. J’étais juste révolté de nous voir ainsi gazés. […] J’étais en train de quitter la place. Je me suis retourné pour voir ce qui se passait derrière moi. Et là, j’ai pris un tir dans l’œil. Sous le choc, je suis tombé par terre sans pouvoir me relever. Je ne parvenais plus à respirer et je crachais du sang. Mon ami et des personnes présentes que je ne connaissais pas m’ont transporté vers le poste de secours de la Croix-Rouge. J’ai été amené à l’hôpital"explique le jeune Joachim à Médiapart.

Deux autres victimes

Face à la violence de la scène, les avocats de Joachim, Me Thierry Monod et Me Michel Tallent regrettent l’utilisation des armes, dans un milieu où se trouvaient des familles. La mère de Joachim elle aussi s’insurge : "Les enquêteurs m’ont précisé que c’est une chance dans ce malheur que Joachim se soit retourné vers les policiers parce que si la balle l’avait atteint derrière la tête, les conséquences auraient pu être plus graves encore. Je suis révoltée qu’ils aient pu ainsi tirer sur des gamins"

Médiapart a également recueilli les témoignages de deux autres victimes. Christine, 55 ans, blessée à la cheville et hospitalisée pour une fracture a elle aussi senti "un impact violent sur [la] cheville". Christine aussi de son côté, a porté plainte contre X auprès du Procureur de la République de Lyon. Enfin, Thibault, 27 aurait lui été agressé violemment par un policier, frappé au visage par une matraque.

Interrogée par Médiapart, la préfecture de police n’a pas répondu quant à l’utilisation des lanceurs de balles de défense, qui ont depuis 2004, blessé 40 personnes. Sur les 40 blessés, la plupart l’ont été au visage, et 24 ont perdu la vue.

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