Le radar sonore expérimenté à Bron a été installé le lundi 7 février sur l’avenue avenue Camille-Rousset. Il fera l’objet d’une expérimentation pendant environ deux ans. (Photo twitter Vincent Monot, Conseiller Municipal et Métropolitain de Lyon.)

Métropole de Lyon : un radar sonore expérimenté à Bron pour lutter contre les rodéos urbains

D’ici quelques mois, les propriétaires de véhicules trop bruyants empruntant l’avenue Camille-Rousset, à Bron, pourraient voir surgir dans leur boîte aux lettres une amende salée. Depuis lundi 7 février, la municipalité s'est équipée d’un radar visant à limiter la pollution sonore dans le cadre d’une expérimentation nationale. Tous les véhicules seront ciblés, même si à Bron on ne cache pas l’intérêt de ce dispositif pour lutter contre les rodéos urbains, très bruyants.

Au volant de sa voiture ou au guidon de son deux-roues il ne faudra plus seulement avoir l’oeil sur le compteur, il faudra également avoir l’oreille alerte au bruit de son véhicule en circulant sur l’avenue Camille-Rousset, située au coeur de la commune de Bron. Depuis ce lundi 7 février, la municipalité de l’Est lyonnais, dirigée par le maire Jérémie Bréaud (LR), prend part à une expérimentation nationale menée dans le cadre de la Loi d’orientation des mobilités (LOM) afin de lutter contre la pollution sonore. 

Pendant près de deux ans, aux côtés de Nice, Paris ou encore Villeneuve-le-Roi, dans le Val-de-Marne, Bron va participer au développement et au test d’un radar sonore pour "sanctionner à la volée les motos trafiquées et les véhicules qui émettent ces bruits à des niveaux de décibels qui sont totalement insupportables", expliquait le 1er juin, à l’Assemblée nationale, Emmanuelle Wargon, la ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique. En ligne de mire, principalement, les nuisances liées au phénomène de rodéos, bien connu notamment de la commune de l’Est lyonnais qui a connu "des vagues et des pics", à entendre Marion Carrier, l’adjointe au maire en charge des mobilités.

L'avenu Camille Rousset où est expérimenté ce radar sonore "répondait à tous le critères demandés pour l’expérimentation. Il fallait que ce soit un axe passant, une rue dégagée avec une bonne visibilité et il fallait un endroit pas trop proche d’un feu ou d’un dos d’âne qui viennent casser la vitesse", explique Marion Carrier, adjointe à la ville de Bron en charge des mobilités. (Photo Hadrien Jame)

Pas de sanctions pour le moment

Lorsque nous l’avions rencontré au mois de janvier pour évoquer ce sujet l’élue ne cachait d’ailleurs pas l’objectif de la Ville de Bron derrière cette expérimentation, "À terme, l’intérêt c’est que l’on puisse amener de la sécurité routière et faire baisser la pollution sonore et atmosphérique, en considérant tous les usagers, mais effectivement aujourd’hui le coeur du sujet c’est le phénomène de rodéo".


"Il faut bien rappeler que c’est une expérimentation technique pour travailler certains process, c’est le même principe qu’un radar automatique mais avec une technologie différente", Marion Carrier, adjointe au maire de Bron en charge des mobilités


Pédagogique, la première phase de test ouverte lundi devrait durer entre "4 à 5 mois", afin que le dispositif "soit réglé pour empêcher des sanctions qui n’ont pas lieu d’être", précise Marion Carrier, en vue d’une demande d’homologation "pour fin 2022", dans l’idéal. Une fois cette homologation obtenue, la deuxième phase de test pourra alors débuter et avec elle les premières verbalisations de 135 euros pour les usagers qui dépasseraient le seuil fixé pour le moment à 90 décibels. 

Un radar 100% local

Le radar sonore dbflash développé par MicrodB est composé d'une barre de son et de deux caméras. (Photo MircodB)

À l’instar d’un radar de vitesse, ce nouveau dispositif viendra flasher dans les deux sens de circulation la plaque des véhicules trop bruyants. Développé par la société MicrodB, basée à Écully, le radar installé avenue Camille-Rousset est un système "100% local", se félicite la directrice de la société, Lucille Pinel, en assurant que "tout le développement est fait à Écully. On travaille avec des partenaires locaux sur la vidéo, l’électronique et le laboratoire de vibration et d’acoustique de l’INSA". 

Basée sur le développement d’un réseau de microphones couplé à des caméras, la création de ce radar se révèle un vrai challenge pour l’entreprise locale à en croire Lucille Pinel, qui souligne la "difficulté d’isoler le bruit d’un véhicule de manière très précise puisque l’on va rentrer dans la métrologie légale. Il faudra qu’il y ait zéro fausse alarme. Quand on verbalise la personne il faut être certain que le seuil de bruit dépassé correspond bien au véhicule visé. C’est la difficulté lorsque vous avez un flot de circulation aléatoire, votre véhicule peut être tout seul ou entouré d’autres véhicules, avec un bruit de fond de travaux, etc…". Tout l’enjeu de cette phase de test en conditions réelles donc.


"À titre d’exemple, 90 décibels c’est une moto en pleine accélération avec un pot trafiqué", Lucille Pinel directrice de MircodB, la société qui développe le radar sonore de Bron


Pour l’heure, le fameux seuil à ne pas dépasser a été arrêté à 90 décibels, ce qui "est énorme", précise la directrice de MicrodB, "à titre d’exemple, c’est une moto en pleine accélération avec un pot trafiqué". La phase de test permettra notamment à l’État de déterminer si le seuil fixé est réaliste et à quelle proportion de la circulation il correspond. Si le système venait à être démocratisé, il pourrait ensuite être amené à "évoluer dans le temps, avec la mise en place d’un seuil par catégorie de véhicules".

Un seuil de bruit à affiner, qui inquiète les motards

Pour le moment, seuls les véhicules très bruyants à l’instar de ceux équipés de moteurs trafiqués e utilisés notamment lors de rodéos, devraient donc être pris dans les mailles du filet, mais le porte-parole de la Fédération française des motards en colère dans le Rhône (FFMC69) y voit tout de même un problème de cohérence. "Moi j’ai une problématique avec le fait de lutter contre les rodéos urbains avec un radar sonore. Comment on lutte contre des motos-cross sans plaques, quand ces radars cherchent les plaques ?", lance le membre de la FFMC69. 


"Il ne ciblera que l’ouvrier en règle qui va au boulot avec sa moto trop vieille et bruyante mais qui malheureusement n’a pas les moyens de la changer", le porte-parole de la FFMC69 dans le Rhône


L'expérimentation sera signalée par un panneau 5 à 10 mètres en amont. (Photo DR)

Pour lui, il s’agit plutôt d’une fausse solution qui ne pénalisera pas "le petit jeune sur son moto-cross", mais "l’ouvrier qui va au boulot avec sa moto trop vieille et bruyante, mais qui malheureusement n’a pas les moyens de la changer" ou encore "l’infirmière qui va aller au travail avec sa 106 qui a 200 000 kilomètres et qui fait un peu plus de bruits que les autres voitures ". Une inquiétude dont semble consciente l’adjointe aux mobilités de Bron, qui estime toutefois que "cela fait partie du jeu d’inviter les véhicules vraiment trop bruyants à ne pas circuler en milieu très dense", même si, elle insiste sur ce point, ils ne sont pas aujourd’hui le coeur de cible de ce radar sonore. 


"Le sytème pourra évoluer dans le temps, avec la mise en place d’un seuil par catégorie de véhicules, on va y aller petit à petit", Lucille Pinel directrice de MircodB, la société qui développe le radar sonore de Bron


Alors même que l’expérimentation en est à ses balbutiements, le radar sonore de Bron trouve déjà un écho dans d’autres villes de la Métropole de Lyon. "Évidemment qu’entre élus on échange et il y a des villes qui se questionnent", confirme Marion Carrier qui n’a que peu de doutes sur le fait que si le radar est homologué "et que son utilité est pertinente", il trouvera une place dans d’autres rues de la Métropole "parce que l’on a tous les mêmes problématiques", assure l’élue. Un succès espéré par la société MicrodB qui voit dans ce dispositif "l’ouverture d’un nouveau marché" français et européen sur lequel elle souhaite désormais se positionner.

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