Manifestation étudiante à Lyon : Parcoursup en ligne de mire

Ce jeudi a été l’occasion pour quelque 400 lycéens, étudiants et professeurs de faire peser leur voix sur la question des réformes bac et post-bac. Les critiques et railleries ont afflué devant le Rectorat, destination finale de la manifestation.

Manifestation étudiante Lyon Parcoursup

@Arthur Brenac
Manifestation étudiante à Lyon le 6 février

11h15. Ce n’est pas un cortège mais bien une vague de lycéens qui déferle sur les trottoirs du Rectorat de l’académie de Lyon. Propre à la jeunesse, ils chantent à tue-tête, sur des slogans sanguins concoctés sur le tas selon leurs dires. On peut entendre, “Macron t’es foutu, la jeunesse est dans la rue”, accompagné de quelques pétards, drapeaux de la CGT ou de la SNES et de banderoles aussi sarcastiques que vives. “On ne peut pas aller en cours si notre avenir est incertain”, s’insurge Lena, élève de Terminale au lycée Ampère. En ligne de mire : Parcoursup et les réformes assorties, jugées trop sélectives – beaucoup de Terminales craignent d’être refoulés aux portes des universités. Lena et une poignée de camarades avaient organisé le matin même un blocus devant leur lycée, finalement écourté par une intervention policière préventive. “D’ici là, on a rejoint le lycée Saint-Exupéry où on a construit le cortège”, complète-t-elle. Là-bas, Gabrielle, Eliana et leurs camarades ont eu un petit peu plus de chance. “Notre blocus a eu lieu mais notre lycée n’a pas été très coopératif. Certains de nos cadenas ont été sectionnés“ expliquent-elles.

Contre “une sélection généralisée”

Autant le cortège n’est que de petites pousses, la présence policière, elle, est conséquente. “Il n’y a pas eu de débordement, tout s’est bien passé, rassure Lena. On ne veut pas avoir cette réputation de casseurs.” Devant le Rectorat, les syndicats lycéens et étudiants, déjà sur place, les attendent. Ludivine Rosset, secrétaire académique du SNES et professeure d’histoire-géographie, ne peut s’empêcher d’être anxieuse. “Moi et mes collègues sommes inquiets pour l’avenir de nos élèves” confie-t-elle. Cette réforme, quoi qu’en dise la communication du ministère, impose une sélection généralisée aux portes des universités. Il faut que le gouvernement investisse pour la réussite des élèves, pas pour un tri.”

“C’est une première étape avant les grèves du 6 février”

Manifestation étudiante Lyon Parcoursup

@Arthur Brenac
Manifestation étudiante à Lyon le 6 février

Le 6 février, une date à marquer au fer rouge. “Les plus gros mouvements de grève se feront ce jour-là, explique Ludivine Rosset. Parallèlement, quelques écriteaux sont accrochés aux grilles du Rectorat - une banderole feutrée de rouge et de noir : “Universités en danger”, ou encore un vulgaire carton qui lit de lettres violettes : “Oui à l’éthique, non à la politique”. Les chants, eux, ont le vent en poupe. Porté par des camarades, un duo s’enflamme au mégaphone : “3 ans en arrière, c’est de la politique. Si on chante, c’est qu’on est encore debout.” Du bon vivant à la rage, la peur se fait aussi sentir auprès des lycéens. “C’est l’élite qui va être sélectionnée pour les universités, se méfie Lena. Le savoir est la base de tout, il doit être ouvert à tous.

“Les universités s’époumonent”

Gabrielle et Eliana, elles, pointent du doigt le boom démographique auquel l’Education nationale s’est mal adaptée. “Les universités s’époumonent face au manque de place alors que nous sommes de plus en plus nombreux, dénonce Gabrielle. Sa collègue pondère : “il faut augmenter le budget de l’Education nationale et des études supérieures.” Des impératifs requis par les manifestants, le temps semble être le plus demandé. Elèves comme professeurs estiment que la réforme est trop “brute”. “Les lycéens doivent valider leurs vœux le 13 mars dernier délai, dénonce Ludivine Rosset, c’est de la folie !” Une professeure de philosophie complète : “on ne demande pas d’argent, on demande seulement du temps.

BTS et étudiants aussi de sortie

Parmi les Terminales et Premières, des plus anciens se font remarquer. Armée d’un haut-parleur, Angela, étudiante en Sciences Po à Lyon 2, s’insurge autant, et ce, sur les mêmes sujets. “On est venu soutenir les lycéens et lycéennes” affirme-t-elle. À quelques mètres, une classe entière de première année de BTS est aussi de sortie. “On est là pour une cause un peu plus personnelle, avoue Garis. Notre BTS va être délocalisé du lycée Blaise Pascal à Vénissieux. On vient se greffer à la cause Parcoursup car on pense qu’il y a un réel problème au niveau de l’éducation.” Leur cause sera plaidée plus tard lors d’une rencontre entre la rectrice et les représentants des syndicats étudiants. “Le dialogue s’est passé, confirme la SNES. Ils invoquent comme seul argument le tirage au sort. Ce n’était pas vraiment concluant.”

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