Tribunal d'Instance de Lyon
Eliot LUCAS

Lyon : un ancien prêtre condamné pour pédophilie en toute discrétion

L'homme de 81 ans a été condamné au mois de février à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Lyon pour des agressions sexuelles commises sur huit jeunes filles de 1989 à 2000.

L'affaire n'a pas eu le retentissement du cas Preynat, mais elle comporte des points communs. En plein scandale sur les accusations de non dénonciation des actes pédophiles du père Preynat visant le cardinal Barbarin, un autre prélat lyonnais a été reconnu coupable d'agressions sexuelles sur mineur.

Les faits se sont produits entre 1989 et l'an 2000 et ont touché huit jeunes filles. D'autres plaintes n'ont pu aboutir, les délais de prescriptions étant dépassés. A 81 ans, le père Guy Gérentet de Saluneaux a été condamné, le 12 février dernier, à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Lyon, indique l'AFP ce vendredi.

Le prélat avait reconnu son "attirance sexuelle pour les enfants" lors de sa garde à vue avant d'évoquer des "erreurs de pédagogie" pendant le procès.

Écarté par l'Église

L'homme a longtemps exercé sur la paroisse de la Trinité, dans le 8e arrondissement, où il jouissait d'une forte autorité morale et assurait des cours de catéchisme. Il en est écarté en 2001 lorsqu'une jeune fille se plaint de faits de maltraitance. Le cardinal Billé interdit alors le prélat de tout ministère public au sein du diocèse. Une décision prolongée par le cardinal Barbarin à son arrivée. Le prêtre n'est donc plus au contact d'enfants, ce qui différencie cette affaire du cas Preynat.

La justice alertée tardivement

Entre 2003 et 2004, selon l'AFP, le cardinal Barbarin reçoit à plusieurs reprises une autre victime. De là il s'entretient avec le prêtre concerné qui reconnaît sa faute mais comme un "cas unique". La justice n'est cependant pas mise au courant. Il faudra attendre 2010, et un courrier d'un abbé du sud de la France, ayant recueilli les confidences d'un proche de la victime, adressé à la Brigade de protection des mineurs, pour qu'une enquête soit ouverte.

Point commun avec l'affaire Preynat, le cardinal pourrait être mis en cause pour ne pas avoir dénoncé un homme au passé pédophile avéré à la justice. Mais là-aussi cette mise en cause se heurterait probablement au délai de prescription de trois ans pour le délit de non-dénonciation. Le diocèse précise par voie de communiqué que "la justice a pu juger du niveau d’information et du suivi, par le cardinal Barbarin, de cette situation", ajoutant qu'à "l’issue de son audition, aucun manquement de sa part n’a été relevé".

"Un véritable pervers"

D'ailleurs, l'archevêque de Lyon a été entendu en juin 2010 comme témoin dans le cadre de l'enquête. Il dépeint alors un portrait très dur de Guy Gérentet de Saluneaux. Le cardinal décrit le prêtre comme un "véritable pervers" ou encore "un type tordu", selon le procès verbal d'audition consulté par l'AFP. Philippe Barbarin a par ailleurs déclaré s'être douté que le prêtre ait fait plusieurs victimes.

En septembre 2012 l'Église prononce une nouvelle sanction à l'encontre du "père Guy", qui est renvoyé de l'état clérical, et retrouve ainsi un statut de laïc.

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