Le tribunal administratif de Lyon a rejeté mercredi une requête du lycée musulman Al-Kindi, qui lui demandait de suspendre la décision de l'Etat de résilier son contrat à la rentrée prochaine.
"La requête de l’association Al Kindi est rejetée", selon la décision du tribunal qui avait été saisi en urgence par cet établissement situé à Décines-Charpieu, dans la banlieue de Lyon. Les juges "ont estimé que les manquements reprochés à l’établissement étaient suffisamment établis" indique le tribunal dans un communiqué.
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"Les critiques portées par les inspecteurs de l’éducation nationale, et reprises par la préfète, tenant à la non-conformité au programme de l’enseignement en terminale de la spécialité +histoire, géographie, géopolitique, science politique+" sont fondées", ajoute-t-il.
Concernant le non-respect des valeurs de la République, les juges "ont tenu compte de la présence au centre de documentation et d’information du lycée d’un fonds de sept ouvrages sur l’islam, ainsi que d’autres ouvrages défendant une vision traditionnaliste".
Une subvention de 1,6 million par an
S'appuyant sur une série de "manquements et dysfonctionnements" relevés lors d'inspections, la préfète d'Auvergne-Rhône-Alpes Fabienne Buccio avait annoncé le 10 janvier mettre fin aux contrats noués entre l'Etat et le groupe scolaire Al-Kindi.
Parmi ses griefs : la présence de ces sept ouvrages qualifiés de "séparatistes", un règlement intérieur différent pour les filles et les garçons, des propos problématiques tenus par un professeur sur sa chaîne Youtube ou encore une "opacité" administrative et financière.
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L'établissement, ouvert en 2007 et qui scolarise 620 élèves du CP à la Terminale, avait rapidement saisi la justice administrative pour conserver son contrat, synonyme de subventions estimées à 1,6 million par an.
Dernier lycée musulman sous contrat en France
Lors de l'audience lundi, l'avocat d'Al-Kindi, Sefen Guez Guez, avait accusé l'Etat d'avoir "cherché" des arguments pour justifier la résiliation du contrat dans un souci "d'affichage", quitte à porter des "accusations diffamantes" et "insupportables". Il lui a aussi reproché de ne pas avoir tenu compte des "mesures correctrices" prises par l'établissement (retrait des livres problématiques, rupture du contrat de l'enseignant contesté, modification du règlement intérieur...).
La représentante de l'administration, Pascale Léglise, a elle accusé l'école d'être "noyautée par les Frères musulmans" et d'inculquer à ses élèves "une vision fondamentaliste et séparatiste" de la société.
Dans un communiqué de presse publié quelques minutes après la décision du tribunal, Laurent Wauquiez, conseiller spécial de la Région Auvergne-Rhône-Alpes s'est félicité du verdict du tribunal administratif. "On a remporté le bras de fer qui nous opposait aux responsables de ce lycée. On est très clairement sur un établissement dont j’ai dénoncé la dérive islamiste proche des Frères musulmans" a estimé l'ancien président de Région. Cette dernière a confirmé dans le même temps "la suppression de tous les financements au lycée Al-Kindi".
À l'exception d'une classe de seconde dans une école à Marseille, Al-Kindi est le dernier lycée musulman sous contrat depuis la résiliation de l'agrément du lycée Averroès de Lille, longtemps présenté comme le fleuron de l'enseignement musulman en France.
"une vision fondamentaliste et séparatiste" de la société. Idem pour le communautarisme ethnoculturel. En 2026, Al-Kindi pourrait embaucher Doucet ou Piolle comme intervenants laïques !
Avoir dans sa bibliothèque un manque de diversité sur la représentation de l'Islam parmi les "livres" d'un rayon serait effectivement un problème pouvant justifier la fermeture de la bibliothèque ou de l'école. Ce n'est pas ce qui est ici reproché. La diversité des "livres" sur differentes visions de l'islam permet de croiser les sources et se forger un esprit critique.
En revanche, un règlement intérieur différent pour les filles et les garçons me parait difficile à défendre. La même chose pour une "opacité" administrative et financière.
Si ça se trouve ce sont des parents qui ont voulu faire un don à la bibliothèque avec une arrière pensée traditionnaliste. Pas facile de refuser.
"Pas facile de refuser" La préfecture a refusé et le tribunal aussi !