braquage
©MAXPPP Lyon 7e, 28 août 2020. Braquage d’un fourgon Loomis rue Semard (image d’illustration)

Lyon : dix ans après, le retour des braquages

La répétition, depuis quelques mois, d’attaques lourdement armées de fourgons interroge sur une possible nouvelle vague, après celle scélérate de 2010.

"Lyon est l’une des rares villes où il y a autant d’ateliers d’or et de métaux précieux. On pouvait donc légitimement s’attendre à ce que ça pète de nouveau." Si les récents braquages commis à Lyon et dans sa première couronne ont rappelé la population au bon souvenir de 2010 et de sa spectaculaire série d’attaques à main armée de bijouteries lyonnaises, ce fin connaisseur du grand banditisme ne semble pas avoir été plus surpris que ça.

Le dernier braquage de fourgon a eu lieu lors de la livraison chez un grossiste en bijouterie. Il remonte au 26 mars, le jour même où on apprenait le décès du cinéaste lyonnais Bertrand Tavernier – dont les quatre malfaiteurs n’ont probablement pas entendu parler, plus biberonnés à Heat de Michael Mann qu’à L.627 ou Dans la brume électrique. Ce vendredi, aux alentours de 9 h, un fourgon blanc banalisé s’arrête sur une place réservée "transport de fond" (sic) à l’angle de la rue Thomassin et de la rue de la République. Deux convoyeurs sortent du véhicule et déchargent plusieurs colis. Avant même d’entrer par la porte blindée menant en étage chez Cookson-CLAL, revendiqué fournisseur n° 1 des bijoutiers en France, quatre braqueurs armés de kalachnikovs surgissent d’une Clio RS noire et mettent en joue les deux convoyeurs. Quelques minutes plus tard, la voiture repart en trombe, chargée d’un butin estimé à 275 000 euros, selon le parquet de Lyon. Rapidement pris en chasse, les malfaiteurs entament une course poursuite avec la police qui perdra leur trace à Villeurbanne. Le véhicule des braqueurs sera retrouvé, incendié, en bordure du périphérique, à Bron.

@Lyon Capitale

Enquêtes en cours

Deux mois plus tôt, à Limonest, vers 7 h, un commando de cinq individus encagoulés et lourdement armés pénétrait au domicile du directeur de la Saamp, leader français de l’affinage des métaux précieux. Le fils et sa petite amie étaient retenus en otages, jusqu’à ce que le directeur remette, sur un parking du Mas du Taureau, à Vaulx-en-Velin, les 50 kilos d’or des coffres-forts. Plus de peur que de mal – d’autant que le butin sera retrouvé.

Qui sont ces braqueurs ? Le 15 mars, les enquêteurs de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Lyon, épaulés par les hommes du GIGN, la force d’intervention de la gendarmerie, procédaient à une cascade d’interpellations dans le cadre de ce dernier braquage. Neuf personnes, âgées de 24 à 44 ans, et défavorablement connues des services de police, selon l’expression consacrée, étaient interpelées dans plusieurs cités lyonnaises. D’après Le Parisien, leur chef, un certain Mehdi, trentenaire originaire de Vaulx-en-Velin, changeait de logement Airbnb toutes les nuits.


"C’est la signature de braqueurs de haut niveau, et à haute capacité technologique".


Balises GPS, brouilleurs d’ondes, fusils d’assaut, gilets pare-balles... un arsenal digne d’un commando militaire était retrouvé sur place. Qui n’est pas sans rappeler celui des commandos armés qui étaient à l’œuvre en 2010 lorsque les bijouteries “sautaient” les unes après les autres. Une quinzaine au total. Avec toujours le même mode opératoire : violence et organisation paramilitaire.

Ces derniers éclairs annoncent-ils un coup de tonnerre ? Est-ce l’attente avant l’orage ? La police judiciaire est sur les dents et guette patiemment le moindre signe.

Anciens de 2010 ou nouvelle génération ?

"Va-t-on retrouver des protagonistes et des récidivistes de la grande vague de 2010 ? Ou a-t-on affaire à une nouvelle génération ? Je demande à voir", s’interroge un habitué des enquêtes en cours. D’autant qu’une partie des braqueurs de 2010 est sortie (et va sortir) de prison.

En 2017, au lendemain du braquage d’un fourgon blindé à la Tour-de-Salvagny, Michel Neyret, ex-patron star de l’antigang lyonnais, expliquait à Lyon Capitale : "Je pense que c’est une équipe qui a une bonne source dans la société. Elle prend deux armes et va braquer un pauvre con qui est dans une voiture banalisée. Mais selon moi, ça n’a rien à voir avec la période de 2010 où nous avions des équipes qui fracassaient toutes les bijouteries. Là, c’est de l’ordre de l’épiphénomène, même si c’est le deuxième braquage en quatre mois."

Une source évoluant dans l’environnement de la voyoucratie estime, quant à elle, que "c’est la signature de braqueurs de haut niveau, et à haute capacité technologique".

Début septembre, au lendemain du casse spectaculaire d’un fourgon blindé en plein Lyon, dans le 7e arrondissement, le commissaire Yann Sourisseau, patron de l’Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) indiquait qu’ "à Lyon et en Rhône-Alpes s’est développée historiquement une culture du vol à main armée qui est persistante. Il y a peu d’endroits sur le territoire national où cette culture est aussi présente".

Combien d’équipes sont aujourd’hui capables de "monter sur un plavon" à Lyon ? Si, dans les années 2000, on comptait une cinquantaine d’individus en France, essentiellement entre Paris, Lyon et Marseille, susceptibles de braquer des fourgons en mode paramilitaire, la police judiciaire s’interroge aujourd’hui sur leur nombre. Une chose est sûre : le grand banditisme à Lyon n’a jamais été aussi actif.

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