Marisa Verera dans la salle de vie de son logement. C'est la où elle dort et mange avec son compagnon et ses enfants. (photo : Julien Barletta)
Marisa Verera dans la salle de vie de son logement. C’est la où elle dort et mange avec son compagnon et ses enfants. (photo : Julien Barletta)

Logements insalubres à Vaulx-en-Velin : "C'est invivable, on est abandonnés"

L'opposition à la mairie de Vaulx-en-Velin a alerté sur la situation de plusieurs familles dans le quartier de la Balme. Punaises de lit, moisissures, humidité... Rencontre avec Marisa, une locataire.

Le quartier de la Balme se trouve tout proche de la Soie. Un petit quartier, calme en apparence. Sur place, le décor est déjà planté. Autour de l'avenue Garibaldi, se dressent une poignée d'immeubles entièrement blancs, les murs délabrés et tagués. Les détritus jonchent le sol. C'est Alliade Habitat qui gère ces immeubles. Ils ont été rénovés pour la dernière fois il y a un peu plus de huit ans, entre 2011 et 2014. "Ça a été fait à la vas-vite", dénonce Carlos Peirera, conseillé d'opposition à la mairie de Vaulx-en-Velin. Un constat partagé par le bailleur.

Au troisième étage de l'un des bâtiments vit Marisa Varero, une femme au foyer d'origine portugaise. Elle partage son appartement avec son compagnon et cinq enfants, pour certains, en bas âge. Pour ce logement social de trois chambres, une cuisine, une salle à vivre et deux salles d'eau, les locataires paient 700€ par mois. Depuis août 2022, la famille se bat avec son bailleur pour débloquer la situation. "Je suis fatiguée, je paie tous mes loyers et je ne suis pas entendue", regrette Marisa.

L'insalubrité de l'immeuble entier

En bas de l'immeuble, des habitants du quartier nous interpellent : "vous voyez ça ? Les murs tombent en lambeau, les fenêtres sont cassées. L'autre jour, un morceau de verre a failli me tomber dessus. Des enfants jouent ici, c'est très dangereux", s'indigne l'un d'entre eux.

L'un des immeubles insalubres du quartier (photo : Julien Barletta)

En entrant dans l'immeuble et en gravissant les étages, l'insalubrité est flagrante. "La porte du hall d'entrée ne ferme plus", détaille Marisa. On observe déjà la moisissure logée dans les parties communes, les détritus et les tags. Deux appartements chanceux ont talqué leur porte d'entrée pour empêcher les nuisibles d'entrer. D'autres habitations sont condamnées "les locataires sont partis et aux vues de l'état des logements, ils ont étés condamnés. Des squatteurs tentent régulièrement de pénétrer dans ces derniers", informe le conseiller municipal.

Deux appartements chanceux ont talqué leur porte d'entrée pour empêcher les nuisibles d'entrer (Photo : Julien Barletta)

Punaises de lit, moisissures, humidité... "Je veux partir d'ici"

Dans l'appartement de la famille de Marisa l'étendue des dégâts prend tout son sens. Les murs sont décrépis par l'humidité, les moisissures s'installent. Sur l'ensemble des pièces, seules trois n'ont pas été condamnées par les occupants. "À sept, nous dormons à même le sol dans la salle à vivre et l'une des chambres, nous mangeons par terre", confie Marisa en ajoutant, "on vit comme des clochards."

La moisissure a colonisé le plafond de la salle de bain (photo : Julien Barletta)

Les pièces condamnées par la famille sont infestées de punaises de lit. "Un soir mon fils me réveille en pleurant et se plaignant de s'être fait piqué", explique la locataire. Le plafond de la salle de bain est couvert de moisissures comme à plusieurs autres endroits du logement. "Nous avons jeté énormément de choses dans l'appartement : le canapé, les lits, des habits, des draps, etc..." détaille Marisa. Deux matelas reposent dans la pièce à vivre. Ces derniers sont couverts de moisissure. "J’appelle SOS Médecin environ tous les quinze jours pour mes enfants."

Les matelas sur lesquelles dorment les locataires (photo : Julien Barletta)

Une lutte s'engage avec le bailleur

Selon les différentes familles, le problème est double. D'abord, la vétusté du bâtiment qui laisse entrer l'humidité. Couplé à ça, ils accusent l'un de leur voisin pour les problèmes de nuisibles. "Il n'ouvre jamais, ne parle a personne, il a des problèmes psychologiques. C'est de chez lui que ça vient tout ça", dénonce la locataire.

"La mairie donne plus de 25M d'€ pour la cité Tase, mais rien pour la Balme", s'indigne Carlos Pereira, conseillé d'opposition.

Toutes ces problématiques ont été remontées à maintes reprises à Alliade Habitat. Le gardien de l'immeuble employé par le bailleur, présent lorsque Lyon Capitale a visité les lieux, s'étonne "je n'étais pas au courant de tout ça, je fais remonter les problèmes." Quant à lui, Carlos Pereira, conseiller de l'opposition indique "nous avons fait remonter cela à la mairie, ils donnent plus de 25M d'€ pour la cité Tase, mais rien pour la Balme." Dans ce contexte, Marisa, la locataire, redoute de subir les mêmes conséquences que les sinistrés du 12 chemin des Barques en décembre dernier.

"Les demandes qui nous sont adressées par les locataires sont prises en compte", assure Alliade Habitat.

Contacté par Lyon Capitale, le service communication déclare d'Alliade Habitat déclare : "Les demandes qui nous sont adressées par les locataires sont prises en compte [...] pour ce type d'interventions, il y a des protocoles à respecter pendant environ un mois, par exemple, débarrasser l'appartement des encombrants. Ce dernier n'est pas respecté par les locataires en question." Concernant les infiltrations d'eau, Alliade répond "cela ne nous concerne pas uniquement, il y a des discussions avec la Métropole et la Ville. Tout cela prend du temps et de l'argent."

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