Florent Salvit et Aurélien Ruel, du futur microlycée Belmont, sont les invités de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
76 000. C’est le nombre de décrocheurs scolaires en France, c'est-à-dire des jeunes quittant prématurément le système scolaire sans diplôme ni qualification en 2023. Un Stade de France. Soit un taux d’abandon scolaire à 7,6 % en 2023 (via-compétences.fr).
A l'échelle Auvergne-Rhône-Alpes, entre novembre 2022 et juillet 2023, plus de 12 300 situations de décrochage ont été recensées dans les trois académies de la région, dont 10 000 concernent des jeunes de moins de 18 ans soumis à l’obligation de formation (via-compétences.fr).
"Ce sont des élèves qui se mettent énormément de pression, le corps lâche, le mental aussi."
Aurélien Ruerl, coordinateur du micorlycée Belmont
Partant de ce constat, le Lycée Belmont Centre Saint-Marc, établissement privé sous contrat d'association avec l'état, 400 élèves, annonce la mise en place, en septembre 2025, d'un microlycée dédié aux jeunes en situation de décrochage scolaire.
"C’est une quinzaine d’élèves en décrochage scolaire, ou en phase de décrochage scolaire. Ce sont des parcours de vie parfois chaotiques. Il peut y avoir un peu de tout : des décrochages liés au harcèlement, à des problèmes de santé, bien sûr, mais aussi au burn-out scolaire, explique Aurélien Ruel, coordinateur du microycée Belmont. On n’en parle pas beaucoup, ce sont des élèves qui se mettent énormément de pression, le corps lâche, le mental aussi. La spécificité du microlycée, c’est que c’est une orientation vraiment choisie, clairement pas subie. L’élève doit être volontaire pour y accéder et obtenir son bac."
Le dispositif s’adresse à des jeunes de 16 à 25 ans, déscolarisés depuis plusieurs
mois voire années. En septembre, une classe de 1 , préparant à un bac général et au bac STMG (sciences et technologies du management et de la gestion), sera proposée. L’année suivante, le microlycée s’étendra logiquement à la terminale. Les effectifs seront de 15 élèves maximum par niveau.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Aurélien Ruel et Florent Salvit
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous recevons aujourd'hui deux invités : Aurélien Ruel, à ma gauche et Florence Salvit, à ma droite.
Bonjour Monsieur.
Bonjour Aurélien Ruel, vous êtes coordinateur du futur microlycée Belmont et Florent Salvit, vous êtes enseignants dans ce lycée. Le lycée Belmont Centre Saint Marc est un établissement privé de 400 élèves environ, situé rue Pasteur dans le 7e arrondissement. Il ouvrira à la rentrée de septembre un microlycée destiné à des étudiants en décrochage scolaire. J'imagine Aurélien Ruel que le décrochage scolaire est une réalité, cela correspond donc à un besoin forcément.
Aurélien Ruel : Ça correspond clairement à un besoin. Il y a environ 80 000 élèves qui décrochent chaque année, soit l'équivalent d'un Stade de France. C’est pour cela que notre chef d’établissement Stéphane Martin-Pons a voulu mettre en place cette proposition de microlycée. Nous le voyons dans notre quotidien, de plus en plus d'élèves ont besoin d'un emploi du temps adapté, par exemple, c’est vrai dans notre lycée, et je pense que c’est le cas dans de nombreux autres lycées. Ces petites structures, rattachées à un lycée, sont peu nombreuses. Il en existe en région parisienne depuis un certain temps, mais dans la région lyonnaise, à part le lycée Saint-Marc qui dispose déjà d’un microlycée depuis une dizaine d’années, nous serons le deuxième micro lycée.
C'est destiné à combien d'élèves ?
C’est une quinzaine d’élèves en décrochage scolaire, ou en phase de décrochage scolaire. Ce sont des parcours de vie parfois chaotiques. Il peut y avoir un peu de tout : des décrochages liés au harcèlement, à des problèmes de santé, bien sûr, mais aussi au burn-out scolaire. On n’en parle pas beaucoup, ce sont des élèves qui se mettent énormément de pression, le corps lâche, le mental aussi. La spécificité du microlycée, c’est que c’est une orientation vraiment choisie, clairement pas subie. L’élève doit être volontaire pour y accéder et obtenir son bac.
Il y a une démarche de la part de l'élève...
Florent Salvit : Oui, nous commençons les entretiens dès ce mercredi. Les élèves devront rédiger une lettre de motivation. Comme l’a dit mon collègue, il faut qu’ils soient motivés. Cela doit venir d’eux-mêmes, c’est une démarche véritablement volontaire.
Après, il y a cette démarche volontaire, mais j’imagine qu’il y a aussi un choix qui se fera par la direction, car s’il n’y a que 15 ou 20 places, c’est forcément contraint.
Florent Salvit : Oui, nous commencerons les entretiens ce mercredi. Le processus de sélection sera précis afin de choisir les élèves que nous recruterons. L’objectif est vraiment d’attirer le maximum d’élèves pour qu’ils postulent. Ils peuvent se rendre sur le site du lycée Belmont pour postuler. Nous étudierons les dossiers avec l’ensemble des collègues dans une dynamique collective.
Au final, vous parliez Aurélien Ruel d’un emploi du temps adapté, cela signifie que ce microlycée est du sur-mesure ?
Aurélien Ruel : Oui, c’est du sur-mesure. On va vraiment faire du cas par cas. L’emploi du temps est allégé, c’est pour cela que ce n’est pas une structure de soutien scolaire. Ce sont des élèves qui ont tout de même un niveau correct. Nous ouvrirons l’année prochaine une classe de première générale et une classe de première STMG. STMG est un bac technologique inédit dans le bassin lyonnais, qui fait de plus en plus de demande. Il faut que ces élèves aient un niveau correct et qu’ils soient très volontaires, car ils auront moins de cours. L’après-midi, nous nous appuierons sur la force de notre lycée, historiquement, pour travailler sur la confiance en soi, à travers la culture et le sport.
Florent Salvit : Nous voulons vraiment que ces élèves retrouvent le plaisir d’apprendre, le plaisir de venir à l’école. Pour les décrocheurs, c’est très compliqué de passer la porte d’un établissement, c’est ce que nous voulons changer. Nous voulons qu’ils retrouvent ce plaisir d’apprendre.
Donc cela passe aussi par la confiance en soi ?
Florent Salvit : Exactement, par la confiance en soi et une meilleure estime de soi, ce qui est très important. Cela peut se traduire par des séjours sportifs que nous mettrons en place, ainsi que des activités culturelles et artistiques. Nous avons la chance au lycée Belmont d’avoir une option théâtre de qualité, ainsi qu’une option cinéma audiovisuel. Si possible, elles seront intégrées dans ce micro lycée, afin que ces élèves aient accès à ces ateliers.
Est-ce que j’ai bien compris ce que je voulais vous demander ? C’est-à-dire, ce micro lycée est destiné à des élèves de quelles classes au final ?
Aurélien Ruel : Ce sont des élèves entre 16 et 25 ans en général. C’est ça la particularité du micro lycée. On s’affranchit de toutes les contraintes, conscientes ou inconscientes, que l’on peut avoir dans un lycée classique. Il y a une totale liberté, c’est un vrai lycée.
Et cela signifie que ce sont des élèves qui viennent de l’extérieur ?
Aurélien Ruel : Oui, ce sont des élèves qui viennent de l’extérieur. Cela peut aller jusqu’à 25 ans. Pour l’instant, nous n’avons pas encore de jeunes de 25 ans, mais cela peut aller jusqu’à cet âge. C’est aussi pour cela que c’est du sur-mesure, car certains de ces élèves peuvent travailler en parallèle. Il peut s’agir de jeunes adultes, et donc le rapport avec les enseignants sera totalement différent, un rapport entre adultes et jeunes adultes.
Ce que je veux dire, c’est que si ce micro lycée, dès le départ, fonctionne très bien et qu’il y a une forte demande, peut-on imaginer son développement ?
Florent Salvit : Cela va sûrement se développer. Dès l’année prochaine, il y aura la classe de terminale. De plus, nous sommes en complémentarité avec le lycée Saint-Marc, qui a aussi un micro lycée de qualité. Nous travaillerons avec eux pour que l’élève, en fonction de ses besoins, puisse choisir d’aller dans l’un ou l’autre lycée ou microlycée.
Donc, dès l’année prochaine, ce sera le dernier mot, car l’émission touche à sa fin, dès l’année prochaine, il y aura l’ouverture d’une classe de première.
Aurélien Ruel : Une quinzaine d’élèves, en première générale et STMG.