LE BOOM DES RESEAUX FEMININS

Conseil, soutien mais aussi nouveaux combats, ne seraient-ils pas une nouvelle expression du féminisme ?

Les femmes chefs d'entreprise sont de plus en plus nombreuses à rejoindre des réseaux exclusivement féminins.

Action'elles, Femmes 3000, FCEM, Business Woman...A Lyon, on en dénombre pas moins de cinq. Sandrine Porcher, présidente de Femmes 3000 Rhône-Alpes a remarqué un véritable boom dans ses adhésions: "c'est un phénomène qui s'est beaucoup intensifié depuis les 6 derniers mois". Son réseau féminin international Ladies Worldwide Network, a fédéré en un mois et demi d'existence plus de 400 adhésions. Pourquoi un tel engouement ? Marie-Pierre Pansard de la délégation régionale aux droits de la femme et à l'égalité l'explique : "Ces réseaux permettent aux femmes de se soutenir et de profiter de l'expérience de leurs consoeurs. Lorsqu'elles ont des questions ou des problèmes à régler, c'est important qu'elles puissent compter sur des personnes de confiance ayant expérimenté les mêmes difficultés." Fatima Fares, adhérente à Femmes 3000 confirme : "Quand on veut créer une entreprise, on peut facilement se faire freiner par la loi ou des problèmes administratifs. Avec les autres membres, on échange sur nos soucis : ça permet de nous rassurer et de trouver du soutien."

Apprendre les codes
Gaétane Hazeran, présidente d'Action'elle, estime que cette démarche est désormais "essentielle". "C'est une évidence, une femme doit se tourner vers un réseau féminin pour se faire sa place. La finalité d'un réseau, c'est d'apprendre les codes qui régissent ce monde de l'entreprenariat pour se faufiler dans la circulation dominé par des schémas masculins." Bien que les femmes soient plus diplômées que les hommes, la réussite ne leur est pas assurée dans l'entreprenariat : 47% des entreprises pilotées par des femmes perdurent après trois ans d'existence, contre 52% pour celles gérées par des hommes. Les prêts leurs sont moins facilement accordés lors de leur création d'entreprise. S'ajoutent à ces difficultés, la "triple vie" qu'elles doivent mener de front : femme, entrepreneur et bien souvent mère de famille. Sans parler de l'impression commune chez toutes de devoir "faire leurs preuves" plus longtemps qu'un homme. Ces réseaux permettent de faire de la mise en relation professionnelle mais aussi de l'accompagnement dans la création d'entreprise. Pour Sandrine Porcher, il y a surtout une volonté de rendre les femmes entrepreneurs plus visibles: "Les femmes sont contraintes de créer leur propre espace qu'on n'a pas voulu leur donner."

Pas contre les hommes
Défense des intérêts des femmes, augmentation de leur participation dans la vie publique, travail sur l'égalité des chances, encouragement à la prise de risque... sont les objectifs qui les différencient des réseaux mixtes. Si certains ne se cachent pas de faire du lobbying, toutes les adhérentes se défendent d'une démarche féministe. Fatima Fares explique: "On n'est pas des féministes car on n'est pas dans le combat : on ne se construit pas contre les hommes. Au contraire, on veut avancer avec eux." Même son de cloche auprès de Gaétane Hazeran : "Nous sommes une association féminine mais pas revendicatrice !" D'ailleurs, ces réseaux organisent régulièrement des évènements où les entrepreneurs sont conviés et la majorité des membres adhèrent à un réseau mixte. Pourtant, ces entrepreneures n'ont-elles pas créé une nouvelle forme de féminisme ? Alors que les grandes sœurs de mai 68 brûlaient leurs soutifs et se battaient pour libérer la femme de son carcan, ces précur "sœurs" ont déplacé le champ de bataille sur le terrain entreprenarial. De par leurs actions et leur volonté à créer de nouveaux rapports sociaux, elles ont développé leur propre outil grâce à ces réseaux pour la progression des femmes dans leur contexte social et dans la perception qu'elles ont d'elles mêmes. Gaétane Hazeran le confie : "Les femmes sont leurs propres ennemies ! Elles sont souvent trop frileuses pour se lancer. Les mentalités sont lentes à changer mais surtout celles des femmes !" Si ça ce n'est pas du féminisme entreprenarial...

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