David Kimelfeld lors de l’expérimentation de piétonnisation qu’il a lancée à Lyon

Kimelfeld : "aucun compte à rendre à Paris le soir du 1er tour"

Interview - Candidat dissident à l’élection métropolitaine de Lyon, David Kimelfeld se retrouve parfois ramené à sa relation avec La République En Marche. Interrogé par Lyon Capitale, il détaille sa position avec le parti d'Emmanuel Macron et où il se situe par rapport à LREM avant le premier tour des élections.  

Lyon Capitale : Allez-vous quitter La République En Marche avant le premier tour ?

David Kimelfeld : Cela serait vécu comme une forme d’opportunisme. Je pense que ça serait malvenu, mal vécu d’ailleurs par tout le monde, que ce soit par les marcheurs ou par ceux qui poussent en disant "il faut en sortir". Ce n’est pas adapté de le faire aujourd’hui. Soit il fallait le faire plus tôt, soit il faut le faire après. Ma priorité, dans les jours qui viennent, ce sont les élections métropolitaines.

Vous avez pourtant soutenu Emmanuel Macron avant les présidentielles...

… J’assume tout à fait le fait d’avoir soutenu Macron assez tôt. Mes raisons étaient assez simples, je pensais qu’il proposait une nouvelle forme de gouvernance pour le pays, qu’on pouvait avec lui sortir des divisions partisanes. À ce moment-là, le discours de Macron sur les entreprises me paraissait intéressant, notamment sur le fait qu’on puisse avoir des valeurs sociales très fortes au sein de l’économie. Et puis, il y avait aussi l’idée de partir des besoins et des préoccupations des gens. C’est pour tout cela que j’y suis allé à la base. Finalement, je suis devenu président de la métropole au moment où Macron devient président de la République. Je pense que je n’aurai pas eu la même réaction si je n’étais pas devenu président de la métropole. Durant trois ans, je me suis éloigné au fil de l’eau.

À quel moment arrive la rupture ?

D’abord sur la forme. On a vu de manière progressive apparaître une gouvernance avec une forme d’arrogance qui ne correspond pas du tout à ma façon d’envisager les choses. Ça m’a surpris, ça m’a choqué. Je ne fonctionne pas comme cela, je préfère la gouvernance en associant les gens. J’ai vu un grand écart entre "la grande marche" promise au début et la forme définitive de la chose. Une fois le pouvoir établi, il y a eu des passages en force.

L’autre chose qui m’a marqué ce sont toutes les crises qui se succèdent. Il y a eu la relation aux collectivités, avec le mépris des corps intermédiaires comme les maires. Ensuite, il y a eu les gilets jaunes, peut-être consécutifs à cela. S’ils avaient mieux écouté les territoires, ils auraient vu les choses venir, il n’y aurait peut-être pas eu les mêmes effets. J’ai vu la crise des hôpitaux, et maintenant les débats sur les retraites, avec toujours ce sentiment de passage en force. Le 49-3 en est une expression. Je rappelle que dans les débats, le 49-3 est souvent utilisé pour remettre sa majorité dans le bon sens, pas pour contrer l’opposition et les demandes de débat à l’Assemblée nationale.

Je pense aussi au moment où j’ai demandé l’investiture pour la campagne à En Marche. Avec du recul, notre projet était trop social pour eux, comme les engagements environnementaux que nous avons pris. Plus ça avance, plus j’ai du mal à me retrouver dans En Marche. Le social et l’environnement ne sont pas des valeurs prégnantes dans le parti. En septembre, ils ont fait un séminaire gouvernemental, Édouard Philippe avait annoncé que la priorité était l’environnement, puis rien ne s’est passé, on n’a rien vu.

Comment vous placez-vous aujourd’hui ?

Je suis un homme libre, indépendant, nous avons un rassemblement avec des gens qui vont du centre à la gauche. Tout le monde est uni autour d’un projet pour la métropole de Lyon. Les députés "En marche" et les marcheurs qui nous soutiennent aujourd’hui, ils soutiennent cette idée aussi, celle du rassemblement autour du projet que nous portons. Je n’aurai aucun compte à rendre à un état-major parisien le soir du premier tour. Je ne dépends pas de ce qu’un parti déciderait depuis Paris. Seul le projet pour notre territoire compte.

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