Hôtel de police © Tim Douet
© Tim Douet

Jeune femme fauchée à Lyon : l'avocate du suspect critique “la vindicte populaire”

L'avocate du principal suspect dans l'affaire de la jeune femme de 23 ans qui a été tuée par un conducteur à Lyon et traînée sur près de 800 mètres a regretté la récupération de ce drame “par l’extrême droite” et déclaré, en reprenant les mots d'Éric Dupont-Morreti le ministre de la Justice, que “la justice ne se rend pas dans la rue, ni sur les réseaux sociaux, ni dans les médias.”

“Il est regrettable que, moins de 48 heures après les faits, cette affaire ait fait l’objet d’une récupération par l’extrême droite sur les réseaux sociaux, dans le but d’alimenter un climat de haine”, a déclaré dans un communiqué consulté par l'AFP, Me Céline Cooper, l'avocate du principal suspect dans l'affaire de la jeune lyonnaise tuée et traînée par le conducteur d'une voiture dans la nuit de samedi à dimanche.

L'avocate a aussi pointé du doigt le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin : “Il est tout aussi regrettable qu'il se soit laissé lui-même influencer par ces contre-vérités hier (mardi) dans l’hémicycle (de l’Assemblée nationale), en qualifiant les faits de “meurtre”, en méconnaissance des éléments au dossier et au mépris total de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice”. Me Cooper a par ailleurs précisé que son client n'était pas poursuivi pour homicide. “Nous espérons tous que les personnes qui sont responsables de ce meurtre soient évidemment rapidement sanctionnées et châtiées”, avait lancé le ministre de l’Intérieur dans l'Assemblée nationale. 

Une nuit tragique

Pour rappel, dans la nuit de samedi à dimanche, vers 03 heures 40, les services de police ont été avisés - via le 17 - d’une rixe en cours se déroulant Parc des Hauteurs (Lyon 5e) et faisant suite à un différend entre des automobilistes et un groupe de jeunes, ces derniers reprochant aux automobilistes d’avoir percuté un chien".Quelques minutes plus tard, un nouvel appel signale aux policiers qu'un “automobiliste conduisant une Golf aurait sciemment renversé une jeune fille et l’aurait traînée sur plusieurs mètres”. Rapidement sur place, les secours constatent le décès de la jeune femme, son corps a été retrouvé à plus de 800 mètres du lieu déclaré de l'accident. Finalement vers 5 heures, trois personnes se disant impliquées dans l'accident se sont présentées à l'Hôtel de police Marius Berliet et ont été placées en garde à vue.

Lors de leur audition, les individus ont expliqué s'être rendus avec trois véhicules distincts  : une Twingo, une Golf et une Mercedes, sur les hauteurs de Fourvière, pour discuter. À proximité, une fête avait lieu, regroupant une quarantaine de personnes. Lorsque le groupe de trois repart, l'un de ses membres qui conduisait la Twingo aurait “involontairement percuté un chien”, selon leurs mots et auraient été ensuite pris à partie par les personnes présentes. Le conducteur de la Golf “a admis avoir percuté la victime, mais prétendait ne pas s’être rendu compte qu’elle était restée accrochée à son véhicule”, explique le parquet.

Deux mises en examen

Finalement, deux personnes ont été mises en examen. Un homme de 21 ans identifié comme étant le conducteur du véhicule impliqué - du chef de violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort  (le véhicule étant assimilé à une arme par destination) et délit de fuite et un autre âge de 19 ans et passager du véhicule - du chef de non-assistance à personne en danger. Les deux individus ne présentent aucun antécédent judiciaire. Le premier a été placé en détention provisoire, son passager sous contrôle judiciaire. Les dépistages de l’alcoolémie des deux mis en examen sont négatifs, des analyses toxicologiques sont en cours. 

“Contrairement à ce qu’on peut lire, les personnes mises en examen dans ce dossier n’ont pas écrasé de chien, ni fait du rodéo sur les lieux du drame, mais ont été violemment prises à partie par une foule de personnes présente sur les lieux (…) La suite étant le résultat d’un enchaînement d’événements tragiques sur lesquels il appartient au juge d’instruction et aux avocats de faire la lumière en toute sérénité, souligne l’avocate, déplorant que les noms des personnes mises en examen aient été réclamés et dévoilés sur les réseaux sociaux plutôt que de répondre à la vindicte populaire, le ministre de l’Intérieur se devait d’assurer son rôle de garant de la paix sociale […] Comme l’a rappelé le garde des Sceaux : « La justice ne se rend pas dans la rue, ni sur les réseaux sociaux, ni dans les médias”, a conclu Me Cooper dans son communiqué. 

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