Après deux années d’accalmie grâce aux aides de l’État, les défaillances d’entreprises bondissent et notamment ces dernières semaines. Thierry Gardon, président du tribunal de commerce de Lyon, s’inquiète de la crise économique à venir, alors même que les conséquences du Covid n’ont pas encore été traitées.
Lyon Capitale : Le cabinet Altares estime que le nombre de faillites d’entreprises devrait bondir de 68 % en 2022. Constatez-vous un tel phénomène localement ?
Thierry Gardon : Jusqu’à ces dernières semaines, nous étions sur une croissance significative autour de 35 % sur un an. Elle est en phase avec ce que l’on observe nationalement. Mais sur les dernières semaines, nous constatons une accélération comme le montrent des études. Sur les procédures à l’amiable, qui sont plus confidentielles et évitent aux entreprises d’être marquées du sceau de l’insolvabilité, nous sommes à plus de 120 % d’augmentation. Mais il faut se souvenir qu’en 2021, nous étions à un niveau anormalement bas. Les entreprises bénéficiaient encore des aides Covid de l’État. Certaines contractaient encore des PGE (prêts garantis par l’État) dont les premières échéances ne sont arrivées qu’en avril 2022. L’Urssaf n’avait pas encore relancé ses procédures d’apurement. Jusqu’en 2019, nous étions sur un rythme de 55 000 défaillances par an. Pendant la période Covid, nous sommes tombés en dessous de 30 000 car l’économie était maintenue artificiellement.