Epida : un poisson d'avril au goût douteux

Ce courrier à l'apparence officielle, stipulait, entre autres, que "les employés trop gros auront droit à 5 minutes de pause repas, ce qui est largement suffisant pour éviter de grossir". Cinq nouvelles dispositions plus ou moins grotesques que certains employés n'ont visiblement pas appréciées, même si à l'évidence, c'était pour rire . Ils ont donc fait parvenir l'avenant en question à la rédaction de Lyon Capitale (lire ci-dessous).

Pourquoi tant d'émotion pour une blague de potache ? Pour eux, elle s'apprécie tout autrement lorsqu'on découvre le climat social de l'entreprise. Le premier d'article de ce faux règlement intérieur, où "l'entreprise n'acceptera plus les certificats médicaux comme justificatif de maladie. Si le salarié a pu se rendre chez le médecin, c'est qu'il peut se rendre au travail", n'a pas dû être apprécié par l'un des employés, que la direction a tenté de licencier dernièrement pour... absence liée à un arrêt maladie ! L'inspection du travail a donné raison à l'employé mais ses collègues ne décolèrent pas et dénoncent le canular du 1er avril : "Faire une blague pareille alors qu'ils ont voulu virer une personne en dépression, c'est tordu" ou alors "c'est révélateur du management de notre direction". Une blague plus que maladroite donc, dans un contexte tendu - sur fond de litiges sociaux liés au 35h -qui a vu des salariés procéder à des actions aux prud'hommes ces dernières années.

Un ancien cadre démissionnaire, qui a eu gain de cause au tribunal, témoigne de "l'exécrable ambiance" et de l'incertitude des salariés. Car pour mieux comprendre l'émotion suscitée par cet avenant, il faut savoir qu'une épée de Damoclès pèse sur les employés de la société Epida qui est amenée à disparaître dans les toutes prochaines années.

En effet, créé et financé par l'Etat, afin de gérer le développement urbain des villes nouvelles comme l'Isle d'Abeau, cet opérateur public a été programmé pour transférer ses compétences aux profits des collectivités locales. Les 40 salariés d'Epida savent donc qu'ils vont bientôt perdre leur emploi, sans pour autant que le calendrier soit réellement défini. Une incertitude qui laisse à certains un goût amer.

Contactée par téléphone, la direction tombe des nues. Madame Boucly, directrice des ressources humaines et l'auteure du canular est très surprise et dénonce la réaction d"un "noyau dur de salariés" mal intentionnés.

"Nous ne visions pas l'employé malade dans cette blague. Par ailleurs le licenciement n'est pas lié à sa maladie mais aux conséquences de son absence par rapport aux objectifs". Puis ajoute : "Relisez bien le document, ce n'était vraiment qu'une plaisanterie de potache. Chaque année on en fait une, c'est une tradition". Puis ajoute, désolée : "Les gens n'ont plus d'humour, je regrette vraiment que certains l'aient mal pris..."
Blague douteuse ou petite bourde ? Ce 1er avril, après la première salve d'humour du matin, elle avait fait parvenir un mail collectif où elle informait que "chaque salarié avait un trop perçu allant de 750 à 2000 euros en 2004-2005" et devait rembourser la somme à l'entreprise. C'était, bien sûr, encore pour rire. Fallait-il vraiment en rajouter ?

AVENANT AU REGLEMENT INTERIEUR

Merci de prendre connaissance de ces nouvelles dispositions applicables dès le 15 avril 2008.

1. Jours de maladie
Nous n'accepterons plus les certificats médicaux comme justificatif de maladie. Si vous avez pu vous rendre chez le médecin, c'est que vous pouviez aussi venir au travail.

2. Pause repas
Les employés trop maigres auront droit à 15 minutes, car ils ont besoin de manger plus pour grossir. Les employés de stature normale auront droit à 10 minutes pour faire un repas équilibré et rester en forme. Les employés trop gros auront droit à 5 minutes ce qui est largement suffisant pour éviter de grossir.

3. Pause cigarette
Chaque salarié devra dorénavant pointer pour chaque pause cigarette. Cette pause sera décomptée du temps de travail.

4. Toilettes
Nous avons noté que trop de temps était perdu aux toilettes. Les nouvelles dispositions prévoient donc un maximum de 3 minutes aux toilettes. Après ces 3 minutes, une alarme sonnera, le papier hygiénique disparaîtra, la porte s'ouvrira et une photo sera prise. Au second retard aux toilettes, la photos sera exposée publiquement.

5. Tenue vestimentaire
Il est préférable de s'habiller en fonction du salaire que l'on reçoit. Si vous arrivez avec des chaussures PRADA à 350 euros ou des sacs VUITTON à 600 euros, nous en conclurons que vous n'avez auncun problème économique, donc que vous n'avez pas besoin d'augmentation. Si vous vous habillez trop pauvrement, nous en conclurons que vous devez apprendre à mieux gérer vos finances, donc nous ne pourrons pas vous donner d'augmentation.
Si vous vous habillez normalement, normalement cela veut dire que tout va bien et que vous n'avez pas besoin d'augmentation.

La responsable du personnel

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