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Duchère : les deux visages de la barre Chapas, victime des difficultés de la Sacvl

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Le magazine municipal Lyon Citoyen de novembre présente une image flatteuse de la barre Chapas, en cours de rénovation. Pourtant, depuis 18 mois, les habitants de la résidence attendent le redémarrage du chantier. Empêtrée dans ses emprunts toxiques, la Sacvl souhaite faire des économies sur le projet avant de relancer les travaux. La partie non rénovée "se dégrade très vite", selon un habitant.

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Présentée comme "un acteur essentiel de la rénovation urbaine et l'activité économique", la Sacvl a droit à son panégyrique dans Lyon Citoyen. On ne reprochera pas au magazine municipal de vanter l'action municipale - en l'occurrence d'une société d'économie mixte. Mais tout de même, pas un mot n'est écrit sur les emprunts toxiques ni même sur les efforts entrepris pour redresser sa (mauvaise) santé financière.

L'illustration de l'article donnant à voir la barre Chapas que possède la Sacvl, à la Duchère, est à l'avenant : flatteuse (voir ci-contre). "L'article oublie juste de montrer l'autre face de cet immeuble, réhabilité qu'à moitié, le chantier étant arrêté depuis environ un an et demi", s'étonne Marc Augoyard (centristes et démocrates) dans un récent communiqué.

"Un grand et beau vaisseau"

L'opération dont il est question est un chantier gigantesque de rénovation d'un immeuble de 320 logements. C'est l'une de ses forteresses de 17 niveaux qui trône sur la colline de la Duchère, visible depuis la Saône. Elle a été érigée en 1965. Mais plutôt que de la raser, comme ses consoeurs du Plateau, elle doit être retravaillée "pour en faire un grand et beau vaisseau", comme l'explique Sophie Denissof, associée au cabinet Roland Castro, en charge des opérations. "Je ne pense pas que l'avenir des villes ne passera que par des petits plots. Il faut aussi restaurer les grandes échelles, ce n'est pas forcément inhumain. Tout le monde adore New-York", observe l'architecte.

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Un lifting à 30 millions d'euros

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Les travaux ont été engagés en 2008. Au programme, l'épaississement du bâtiment de 2,50 mètres (voir ci-contre). Une nouvelle façade a été dressée, dans la volonté de créer des loggias et d'élargir les séjours des appartements jugés trop étroits. Tout l'intérieur des logements a été réagencé. De l'extérieur, la silhouette du bâti devient plus singulière. Au sommet, sont aménagés des maisons sur les toits. Sur le côté de la résidence, un bâtiment neuf avec 48 logements a été érigé le long du boulevard Balmont, et un centre commercial s'est niché au rez-de-chaussée.

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Pour l'heure, seul un tiers de la résidence a été traité. Le contraste est saisissant entre l'ancien et le renouveau. "Les gens sont contents : ils habitaient des taudis, ils sont maintenant dans du neuf", résume un riverain. Même si des incivilités demeurent, l'accès sécurisé aux cages d'escalier, avec digicode et badge, limite les entrées inopportunes. Martine est arrivée il y a un mois (photo ci-contre). "Je suis heureuse d'être là. Quand je suis couchée, je relève la tête et j'ai vois tout Lyon illuminé. On ne peut pas fermer les volets avec une vue pareille", s'enthousiasme-t-elle.

La reprise des travaux en attente de la signature du maire

Malgré cette réussite, le projet est à l'arrêt depuis dix-huit mois. En cause, sa cherté : 30 millions pour l'ensemble de la barre Chapas. "C'est une opération qui coûte à peu près le prix du neuf. Simplement, si l'on avait démoli pour reconstruire, on n'aurait pas fait autant de logements", analyse Sophie Denissof. Le projet était porté avec force par l'ancien directeur général de la Sacvl, Gérard Klein, poussé depuis vers la sortie à cause des prêts toxiques. Et les ennuis financiers de la société d'économie mixte ont précipité l'arrêt des travaux. La Sacvl prétexte - sans vraiment convaincre - que "le phasage était prévu dès l'origine et qu'il n'est pas étonnant qu'un projet soit financièrement recalibré". Adjoint au Logement, Louis Lévêque n'a pas souhaité répondre à nos questions.

Sur la partie non rénovée, "ça se dégrade très vite"

Aujourd'hui, le bailleur demande à l'architecte un projet moins onéreux et moins ambitieux. "On nous a demandé de voir s'il était possible de conserver une cohérence, en maintenant les habitants à l'intérieur. Il faut faire des économies substantielles", explique Sophie Denissof. Les 2e et 3e tranches devaient coûter 18 millions d'euros. De nouvelles propositions ont été formulées par le cabinet d'architecte, d'un montant de 10 à 11 millions d'euros. Ces nouvelles esquisses ont atterri sur le bureau du maire, attendant sa validation. Il va prendre sa décision dans les semaines qui viennent.

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Les habitants restés dans la tranche ancienne s'impatientent. "Ca se dégrade très vite depuis un an. Ici, ça devient dégueulasse. Il y a toujours de la pisse dans les escaliers. Il faudrait au moins fermer les coursives pour éviter que les parties communes soient squattées tous les soirs", témoigne Jean-François. Lui veut partir. Pas sa femme dont la mère habite dans la partie rénovée. "On vend du rêve aux habitants. Puis on arrête le chantier à mi-chemin, faute de financements, faute d'anticipation, faute de vision", peste Mac Augoyard.

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