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Des maisons de retraite à l'abandon ?

Une situation ubuesque alors que les listes d'attente s'allongent.

"J'ai une toute petite retraite, mon petit logement est modeste mais j'en ai fait un petit bijou, bien arrangé. Ce qui me fait mal au coeur, c'est que dans mon immeuble pour personnes âgées, près de la moitié des appartements sont inoccupés. Au fur et à mesure que les habitants partent pour le grand voyage, ils ne sont pas remplacés. Je trouve cela lamentable alors qu'il y a une crise du logement. On a aussi une pièce commune où on pouvait recevoir des invités ou se retrouver. Les mémés faisaient des gâteaux qu'elles amenaient, on se racontait des blagues, c'était convivial. Depuis 4 ou 5 ans, ce salon est fermé. Imaginez : en 2003, pour le plan canicule, ils ont installé la climatisation et bien, c'est toujours inaccessible", raconte un résident de Germain, un immeuble social pour retraités. De peur d'être expulsé, il n'a pas souhaité donner son identité.

Situation complètement ubuesque sur les 23 foyers pour personnes âgées et les 4 immeubles sociaux pour retraités gérés par la ville de Lyon : un tiers des logements sont aujourd'hui vacants. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de demandes, les listes d'attente s'allongent mais les commissions d'admission sont gelées. Seuls les cas d'urgence sont examinés et uniquement pour un logement temporaire.

Créées sous Pradel, dans les années 60, les maisons de retraite de la ville de Lyon sont vieillissantes. Certaines résidences trop vétustes mériteraient des travaux très importants. Sur les 23 foyers logements, 18 établissements ont été récemment épinglés par la commission départementale de sécurité incendie pour non conformité avec les évolutions des normes réglementaires. A cela s'ajoutent des problèmes d'entretien courant. Dans plusieurs résidences, les vitres et rideaux des parties communes n'ont pas été nettoyés depuis deux ans. Sans compter les problèmes récurrents d'ascenseurs en panne. A la résidence Danton, 9 personnes se sont retrouvées bloquées ces derniers mois. A la résidence Boileau, il a fallu attendre plus de trois mois pour que l'élévateur soit enfin réparé.

Des perspectives floues

A La ville de Lyon, on reconnaît que la situation n'est pas franchement reluisante. "C'est vrai qu'on pourrait être plus performant sur l'entretien courant. Concernant les places vacantes, nous sommes les premiers à le regretter. Elles s'expliquent par une relative vétusté des bâtiments mais nous sommes surtout confrontés à un débat qui n'est pas tranché au niveau ministériel sur l'applicabilité de nouvelles normes de sécurité sur les foyers de retraités. En attendant, nous avons lancé un audit patrimonial pour évaluer les opérations de rénovation. Nous sommes aussi dans une phase de discussion avec les pompiers pour travailler sur des mesures de renforcement de sécurité", explique Jean-François Bénévise, directeur général adjoint des Services.

Certes, la ville de Lyon n'est pas la seule ville en France à être confrontée à un imbroglio réglementaire sur les nouvelles normes de sécurité incendie (*). Mais cela n'explique pas tout. En 2006, seule une trentaine de rénovations ont été réalisées et une centaine sont programmées cette année sur un parc de plus de 1500 logements. La ville a aussi tardé à programmer un audit patrimonial sur l'état des bâtiments dont les conclusions ne seront connues qu'en juin 2007. Du coup, difficile aujourd'hui de savoir combien de temps encore un tiers des logements pour retraités de la ville resteront inoccupés. L'enjeu est pourtant majeur devant l'allongement des listes d'attente.

* La réglementation de 2001 de sécurité incendie sur les foyers pour personnes âgées impose notamment de ne plus loger de personnes audelà du 6ème étage. En théorie, elle n'est pas rétroactive pour les bâtiments anciens mais les maires craignent des poursuites judiciaires. Un assouplissement des mesures réglementaires est attendu.

Repères - Les établissements gérés par la Ville de Lyon :
- 23 foyers pour personnes âgées non dépendantes, comprenant 1336 logements .
- 4 immeubles pour personnes âgées (IPA - logement social) comprenant 171 logements.
- 4 établissements pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) comprenant 256 lits.

Gestion : la plupart de ces établissements sont la propriété de la SA HLM Pour l'Action Sociale (SAHLMAS) mais sont gérés par la ville de Lyon.

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