La salle du conseil de la métropole © Lyon Capitale

Des maires menacent de quitter la Métropole de Lyon

Mécontents des financements alloués à leurs communes dans la programmation d’investissements de la métropole de Lyon, des maires, principalement LR, qui se sentent méprisés menacent de faire sécession si les écologistes ne rouvrent pas des discussions. Décryptage.

Depuis lundi, ils ne décolèrent pas. Une quinzaine de maires de l’agglomération tenaient ce jeudi matin une conférence de presse pour rappeler leur indignation face aux projets locaux retenus par la métropole de Lyon dans leurs communes pour la PPI, le document qui recense les projets d’investissement que la métropole va porter jusqu’en 2026. Ce document avait été adopté en janvier, mais devait être complété de précisions territoriales. Ce sont les derniers arbitrages de Bruno Bernard et de son exécutif qui ont provoqué l’ire de la très grande majorité des maires de l’agglomération. “29 communes et deux mairies d’arrondissements soutiennent notre démarche”, souligne en préambule Philippe Cochet, maire de Caluire-et-Cuire, président du groupe LR qui a pris le leadership de cette fronde.

Round de négociations

À la lecture des projets retenus par la Métropole de Lyon pour leurs communes, les maires en viennent à regretter l’ancienne règle tacite qui a prévalu depuis la création de la Courly : un tiers de la PPI était fléché sur des projets métropolitains, un deuxième pour Lyon et Villeurbanne et le dernier tiers pour financer des projets communaux. “Avant, les projets étaient retenus après une discussion et une négociation avec Gérard Collomb et un interlocuteur de son cabinet. Il y avait un dialogue continu. Là, nous avons des informations qui monte puis qui redescendent”, déplore Alexandre Vincendet, maire LR de Rillieux-la-Pape.

“Mépris”

En 2021 et pour la première PPI de l’histoire de la Métropole qui a désormais le statut à part entière de collectivité locale, ces règles tacites ont volé en éclats. Les maires ont fait remonter par courrier les projets qu’ils souhaitaient voir soutenus et la réponse est aussi arrivée par missive. Les maires mécontents rapportent tous le même type de réponse. “Dans ma commune de 11 000 habitants, rien de ce que nous avions demandé n’a été retenu. La métropole va financer des coups partis ou des projets comme la ligne centre est ou le REV alors que nous y sommes opposés”, rapporte Jean-Jacques Selles, maire de Chassieu. “Le président de la métropole décline sa politique générale et nous la présente comme des réalisations locales. Nous voyons apparaître des projets qui ne sont pas ceux que l’on porte. On nie le niveau communal. Sur Tassin-la-Demi-Lune, j’avais deux projets de pistes cyclables. Ils ont tous deux été rejetés. C’est totalement incompréhensible”, peste Pascal Charmot, maire LR de Tassin-la-Demi-Lune.


“La Métropole de Lyon n’est plus la COURLY. Elle n’est plus une chambre obscure où chaque maire vient négocier des projets pour son territoire. Il y a eu un changement de méthode”,

Vinciane Brunel-Vieira, coprésidente du groupe EELV


L’exaspération grimpe chez les maires. “On ressent un mépris de l’exécutif envers les maires et les habitants des communes. Nous ne sommes pas des irresponsables. Les projets que nous avons présentés, nous les avons travaillés avec nos services. Nous ne les avons pas griffonnés sur un coin de table. Nous n’avons pas pu en discuter avec la métropole et aucun de nos projets n’a été retenu. Un simple courrier nous a signifié qu’ils avaient été balayés d’un revers de la main. Dans ma commune, ils vont financer la station d’épuration et la M6 M7”, fulmine Jérôme Moroge, maire LR de Pierre-Bénite.

Conflits de légitimité

Bruno Bernard et les écologistes se justifient en expliquant qu’ils déroulent le programme sur lequel sa majorité a été élue et réalisent les projets qu’il s’était engagé à faire. “La Métropole de Lyon n’est plus la COURLY. Elle n’est plus une chambre obscure où chaque maire vient négocier des projets pour son territoire. Il y a eu un changement de méthode. La PPI n’est plus l’addition des projets des maires. Elle décline une politique métropolitaine dans les territoires en prenant en compte les besoins, ce qui amène aussi à un rééquilibrage des financements au profit de communes longtemps désavantagées”, répondait, dans un communiqué, Vinciane Brunel-Vieira, coprésidente du groupe EELV, en début de semaine.


"On se pose tous la question de sortir”, glisse Véronique Sarselli


À cette légitimité, les maires opposent la leur, aussi issue du suffrage universel direct. Constitutionnellement, chacun est dans son bon droit, mais aucune commission d’arbitrage n’existe pour ce type de conflits entre collectivités. Face à cette situation inédite, les maires d’opposition brandissent une menace plus voilée : faire sécession. “On se pose tous la question de sortir”, glisse Véronique Sarselli, maire LR de Sainte-Foy-lès-Lyon. Philippe Cochet, président du groupe LR au conseil métropolitain, montre aussi les muscles : “au bout du raisonnement, quand on n’est pas content, on demande à quitter un tel fonctionnement. Certes, ils ont gagné et sont légitimes, mais cela n’empêche pas le dialogue et le respect des territoires. Aujourd’hui, nous alertons, mais s’ils persistent il y aura des étapes supplémentaires. Nous demandons la réouverture de discussions. Nous ne pouvons pas nous contenter de ce courrier sibyllin”.

“Clientélisme”

La Métropole n’a pas donné suite à la première alerte de début de semaine des maires d’opposition. Lors de la présentation de la ligne T10, Jean-Charles Kohlhaas, vice-président en charge des transports, s’est permis ce petit tacle à leur égard : “Un certain nombre de maires de la Métropole se sentent méprisés. C’est vrai que certains ont dû voir un petit changement entre le clientélisme dont ils profitaient avant parce qu’ils étaient sur des petites communes. Mais quand je pense à une ville comme Saint-Fons qui était la dernière ville de la première couronne à ne pas avoir de ligne forte de transport collectif, je me demande laquelle était la plus méprisée dans le passé”. Cette passe d’armes par presse interposée devrait se poursuivre rue du Lac lors de la prochaine assemblée plénière.

Lire aussi : Métropole de Lyon : vives critiques de l'opposition sur la PPI, les écologistes répliquent

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